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Toutes les analyses faites dans la foulée tendaient vers la réécriture d’un nouveau système politique malien dans lequel ces formations politiques occuperaient peu de place. Une thèse qui se basait sur le faible taux de participation qui a caractérisé les élections d’alors.

Les plus fervents défenseurs de cette thèse interprétaient cela comme une désaffection des citoyens envers la chose politique. C’est cet échec des partis politiques dans la formation civique des Maliens qui avait poussé ces analystes à se tourner vers les candidatures indépendantes.

Ce sont les candidatures de Maliens censés être au dessus de la chose politique mais qui ont un sens élevé de patriotisme.

Cette analyse a abouti à la floraison d’une multitude de groupuscules d’indépendants voulant tous aller à l’assaut des autres postes électifs de la République mis en compétition (mairies, assemblée).

Face à cette situation insolite, les partis politiques pris de court ont préféré afficher un profil bas. C’est ainsi que fort de l’exemple donné par le Président Touré, des politiciens et non des moindres ont abandonné leur famille d’origine pour se présenter sur des listes indépendantes.

Le Mouvement Citoyen issu de ce phénomène aussi ne s’est guère gêné de concurrencer les formations politiques sur leur propre terrain.

Les situations conjoncturelles du moment ont contribué à implanter ce phénomène en instaurant une concurrence entre ces indépendants et les formations politiques traditionnelles dans la distribution des postes nominatifs.

Force est cependant de reconnaître, tout au long des autres scrutins (municipales et législatives), les indépendants n’ont su trouver leur place. Ils ont toujours été laminés par les formations politiques traditionnelles.

Ces dernières, après un passage à vide, ont véritablement pris leur revanche et reconquis leur place. Mieux, elles sont parvenues à faire comprendre aux Maliens que le seul cadre d’expression des citoyens et de conquête du pouvoir se trouve dans une structure politique légalement constituée.

L’accession du général ATT à la magistrature suprême ne saurait remettre en question ce principe démocratique.

Et aujourd’hui, c’est cette vérité démocratique qui a fini par rattraper les indépendants dont certains ont en réalité été élus sur des listes de formations politiques avant de retourner la veste après coup.

Que ce soit à l’Assemblée nationale du Mali ou dans nos 703 communes, aucun indépendant n’est parvenu à bousculer véritablement les formations politiques traditionnelles.

Même le Président de la République qui est arrivé au pouvoir sous cette bannière se rend compte de plus en plus à l’évidence : une démocratie digne de ce nom ne peut pas se construire sans les acteurs politiques.

Birama Fall

25 novembre 2005.