Les choses se corsent pour le double président de l’Adema et de l’Assemblée nationale. Il avait été sollicité en tant que président du parti pour désigner le candidat de l’Adéma à la présidence de l’AMM entre Boubacar Bah, maire de la commune V ; Adama Diarra, maire de Kourouma dans la Région de Sikasso et Kader Sidibé, le président sortant de l’AMM.
Le choix de Dioncounda Traoré se porta sur Boubacar Bah. Mais les deux autres candidats n’entendent pas se plier si facilement à la décision de leur chef de parti. « Dioncounda a oublié, nous a confié un adémiste bon teint, que l’AMM est une association laïque et apolitique », conformément à l’article 3 des statuts de l’association qui disposent plus loin (article 5): « l’Association des Municipalités du Mali a pour but de participer à la sauvegarde de la libre administration des collectivités » où l’on est libre de « se porter candidat à un poste ou être présenté par un pair ».
Les élus de l’Assemblée Régionale de Sikasso qui avaient soutenu la candidature de Adama Diarra n’entendent pas, selon nos informations, se soumettre à l’arbitrage du parti qui pour eux n’avait pas à intervenir dans ce domaine précis. Contacté, Adama Diarra se fait discret et ne veut pas faire de commentaires. Mais tout indique qu’il n’a pas encore jeté l’éponge.
Quant à Abdel Kader Sidibé, il conteste ouvertement la décision de Dioncounda Traoré. Son interview dans les Échos du 16 février dernier est très claire.
Le président en exercice de l’AMM s’insurge : « les partis politiques ne peuvent pas choisir un candidat parce qu’ils ne sont pas membres de l’association. Ce sont des adhérents de l’AMM qui choisissent les membres du Bureau ».
Prévue en mars, l’élection du président de l’AMM est donc un premier test, avant 2012 de la cohésion de l’Adéma et de l’autorité de son président Dioncounda Traoré qui, conscient de la sensibilité de l’affaire, aurait reçu les deux candidats de son parti qui n’ont pas eu ses faveurs et les a invités à « respecter le choix du parti ».
Visiblement, il n’a pas été entendu. Une alliance Adama Diarra-Kader Sidibé est prévisible et sera forte des appuis dont dispose chacun de ces deux hommes. Il n’est donc pas à écarter que l’Adema puisse perdre la présidence de l’AMM. Le président de l’AMM est élu pour cinq ans et il a sous son autorité un secrétariat permanent fonctionnant à partir, surtout, des cotisations des communes membres.
Boukary Daou
Le Républicain du 17 Février 2010.
