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Le décret portant nomination à titre exceptionnel de fonctionnaires en qualité de commissaires de police crée une grande fissure dans ce corps où des sergents ont été promus commissaires sans compter l’incidence financière pour le budget national. C’est l’émoi dans la police nationale où des frustrations se font jour.

Par décret n°516/P-RM du 21 septembre 2012, le président de la République Dioncounda Traoré a nommé à titre exceptionnel au corps de commissaires de police une vingtaine de policiers de différents grades allant de sergents à inspecteurs. D’autres décrets concernent des commissaires principaux, des inspecteurs, des majors et adjudants, soit au total une centaine de fonctionnaires de la police nationale.

Ces nominations ne sont pas sans conséquences pour les finances publiques exsangues. Elles constituent de véritables charges du point de vue incidences salariales puisque les nouveaux gradés bénéficieront des avantages liés à leurs nouvelles fonctions.

Ce décret, d’aucuns n’hésitent pas à le qualifier de « décret de l’aveu » tant dans sa forme que dans son fond. Les promotions faites dans le corps de commissaires suffisent pour se rendre à l’évidence. Des sergents, au nombre de trois personnes, ont été nommés commissaires de police.

Qui sont ces sergents et sergents-chefs pour quitter le grade le plus bas de la police pour se retrouver par un tour de passe-passe à un niveau aussi élevé que celui de commissaire ? Même pour qu’un adjudant-chef soit élevé au grade de commissaire, il doit passer des concours après avoir fait plus de six ans dans la police.

Un doigt accusateur est pointé sur le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le général Tiéfing Konaté.

Le seul avantage pour ce décret est que la Cour pénale internationale (CPI) a de la matière pour enquêter sur des exactions commises pendant les événements d’avril 2012 connus sous le nom de contre coup d’Etat. Le hic pour le pays est que les soldats qui ont participé avec leurs supérieurs hiérarchiques au coup d’Etat de mars 2012 sont devenus des laissés pour compte. Les policiers indignés face à la banalisation de leur corps, n’ont pas digéré les nominations à la pelle. Ce qui est à l’origine des affrontements d’hier mercredi au GMS entre des syndicats de police. Les autorités ont choisi le mauvais moment pour embraser le climat social dans le pays.

La rédaction

Les Echos du 27 septembre 2012