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Accusé de tous les maux d’Israël après les affrontements sanglants entre les policiers et les jeunes de Sogoniko, le maire de la Commune VI du district de Bamako, Souleymane Dagnon, nous a rendu visite le jeudi dernier à notre rédaction.

Objectif : donner sa version des faits sur la situation qui prévaut présentement dans sa Commune. Le Récit d’un témoignage accablant.

Selon le Maire Souyleymane Dagnon, c’est à 7 heures du matin que le chef du quartier de Sogoniko, Lancéni Sangaré, l’a appelé pour lui dire que les jeunes manifestants ont pris d’assaut sa cour.

Ces derniers, expliqua le chef de quartier, son en train de protester contre des arrestations le matin de bonne heure de Bakary Coulibaly dit Bako, le chef de file des jeunes avec six autres jeunes.

Et avant que je ne sorte de chez moi, j’ai reçu un autre coup de fil me disant que le chef de quartier de Sogoniko a été pris en otage et amené dans la cour de la mairie pour faire libérer les jeunes.

Le Maire de la Commune VI nous révéla que c’est le commissaire adjoint du 7 ème arrondissement, Ibrahima Diakité, de passage qui est parvenu à tirer le chef de quartier des griffes de ces jeunes en l’exfiltrant dans la cour du commissariat par un petit mur.

C’est de là que les jets de cailloux ont commencé avec l’arrivée du renfort des éléments de la police qui les ont délogés avec des grenades et des tirs de sommation.

Au cours des échauffourées, des pneus ont été brûlés, des cailloux lancés blessant beaucoup de policiers et surtout une balle réelle tirée contre le véhicule des policiers a éteint une jeune fille de 16 ans au mollet.

Parlant de ce tir à balle réelle qui a blessé un manifestant, Souleymane Dagnon nous confia que le commissaire adjoint du 7 ème arrondissement lui a avoué que « cette balle ne vient pas de la police mais du côté des assaillants ». Selon lui, l’hôpital a confirmé cette thèse en disant que la balle qui a été extraite est de fabrication artisanale.

Les raisons du litige foncier

Selon le Maire de la Commune VI,« tout a commencé en février dernier quand les jeunes ont manifesté pour l’obtention de leur terrain de football à Sogoniko. Onze jeunes avaient, en son temps, été arrêtés et placés sous mandat de dépôt à la maison centrale d’arrêt de Bamako. »

Faut-il rappeler que c’est le Maire Dagnon en personne qui est intervenu auprès du procureur de la République près le tribunal de première instance de la commune VI pour leur libération.

C’est à la suite de ça, au jugement, que les jeunes ont bénéficié d’une libération provisoire sur la demande des avocats de la défense. Les jeunes avaient d’ailleurs reconnu à l’audience qu’ils ont tort et qu’ils ne vont plus s’illustrer par des actes de vandalisme. C’était là une des conditions de la liberté provisoire accordée aux onze jeunes.

Parlant de ce litige foncier à Sogoniko commercial, le Maire Dagnon dira que ce terrain est un espace dans le lotissement de Sogoniko laissé pour terrain de sport.

« A notre grande surprise, quand j’ai affecté le terrain à la jeunesse de Sogoniko, je me suis rendu compte qu’il y avait un titre là dessus depuis 1983. J’ignorais qu’il y avait déjà un titre», fera savoir avec amertume le Maire de la Commune VI.

Lorsque le titre est apparu, dira-t-il, j’ai contacté le propriétaire du terrain, Mamadou Draméra pour lui demander ce qu’il peut faire au profit des jeunes. Ce dernier s’est engagé à clôturer une partie de sa propriété et à l’offrir aux jeunes, à leur donner du matériel sportif et de l’argent.

Mais les jeunes ont refusé en disant le tout ou rien. « Je pense que la manière dont les jeunes se manifestent, ressemble fort à un problème de personne. Ce sont des hommes politiques qui sont derrière ces jeunes là. Des conseillers et certains anciens conseillers les instrumentalisent », nous révéla Souleymane Dagnon.

Et d’ajouter que le mercredi dernier, les jeunes ont été arrêtés parce que certains d’entre eux avaient été libérés sous caution. Il était dit qu’ils ne devaient plus manifester jusqu’à leur jugement. Or fera remarquer le Maire de la Commune VI, ces jeunes qui étaient en liberté sous conditions ont cassé le mur, enlevé les portes et tous les matériaux de construction sur le chantier du site appartenant à Mamadou Dramera.

C’est la gendarmerie, après une enquête minutieuse sur le terrain, qui s’en est rendu compte. « Je n’ai jamais porté plainte contre qui que ce soit », dira le Maire Souleymane Dagnon.

Pour le cas des 16 personnes arrêtées le mercredi dernier, Souleymane Dagnon fera savoir que « s’il y avait lieu encore de plaider pour ces jeunes, je vais le faire parce que ce sont nos enfants, nos frères ». Ces actes là, dira-t-il, ne font pas avancer notre commune, notre quartier. C’est vraiment dommage.

« Moi, je ne donne pas de titre. Ces titres ont été créés par l’Etat. Nous nous ne sommes pas au courant », fera savoir Souleymane Dagnon.

Il tiendra à faire savoir qu’une intervention du ministre de l’administration territoriale ou des domaines de l’État peut mettre fin à cette situation. Il est aussi convaincu qu’on se sert du chef de quartier pour exercer des pressions sur lui.

Birama Fall

Le Républicain du 06 Avril 2010.

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Tension sociale en commune VI : Dagnon dénonce un pseudo-complot de son 1er adjoint

Soumis à de fortes pressions dans son quartier (Sogoniko) à propos d’un terrain de sport, le maire de la Commune VI, Souleymane Dagnon, croit bien faire en déplaçant le débat. Pour laisser passer l’orage, il dénonce un complot de son 1er adjoint, Baba Sanou. Même les moins avertis pensent que le maire a simplement décidé de faire tempête dans un verre d’eau.

Tout est parti d’une réunion secrète de conseillers Adéma, tenue au siège du PASJ en Commune VI le jeudi 1er avril 2010 suite aux agitations des jeunes la veille.

Les conclusions tirées de cette rencontre d’urgence provoquée par le maire Souleymane Dagnon ne manqueront certainement pas de raviver la tension, car, selon nos sources, au lieu de propositions de sortie de crise, la rencontre s’est soldée sur une note d’accusations gratuites, de suppositions et surtout par l’adoption d’un plan de défense et de contre-attaque médiatique à l’encontre des supposés détracteurs.

Quant à ces derniers, ils se disent surpris d’être cités dans ce litige foncier. « Je crois que ce litige est un faux problème. J’ai été personnellement traité de tous les noms d’oiseaux pour ma position tranchée en faveur d’une telle manifestation. Je suis surpris que le maire Dagnon puisse faire des suppositions à mon encontre, je l’ai toujours considéré comme un frère… », s’est indigné Baba Sanou (RPM), 1er adjoint en Commune VI.

Me Demba Traoré a exprimé le même étonnement face aux accusations à son encontre. Joint par nos soins, l’ex-député élu en Commune VI dit avoir appris depuis Kayes que sa circonscription brûle.

Rentré d’urgence à Bamako le lendemain, il a été convoqué à une session extraordinaire au Projet jeunes de Sogoniko qui a finalement été reportée pour le lendemain (Ndlr : vendredi 2 avril) à la demande du maire. Pour lui, cette rencontre a été la toute première fois où il a discuté de la question avec quelqu’un. Cependant, il a estimé qu’aucune manifestation n’est à banaliser.

Quant à Abdoulaye Koné, cadre de l’Adéma, il a dit ne rien comprendre. « Tout ce que je peux dire, c’est qu’il est très facile d’accuser. Mais ce que dépasse l’entendement, c’est que Dagnon se trouve opposé à ses propres jeunes ».

Le maire victime de sa propre turpitude

Selon les observateurs qui suivent de près l’évolution de ce dossier le maire Dagnon a été pris à son propre piège. Pis, il aurait usé de ses pouvoirs pour poser des actes qui dépassent sa compétence.

Comme pour exprimer son attachement à la cause des jeunes, le maire Dagnon s’est dit fier d’avoir délivré une lettre d’attribution pour le terrain de sport des jeunes.

Il s’avère que l’authenticité de ce document pose problème, car, selon les règles, un maire ne peut pas donner un équipement collectif. Cela est du ressort de la compétence du gouverneur qui est saisi par l’autorité traditionnelle de la localité. Dans ce présent cas, Dagnon aurait outrepassé cette barrière pour attribuer la parcelle aux jeunes sans en aviser ni le gouvernorat ni son conseil communal.

Ce qui est aujourd’hui considéré comme son erreur aurait pu être évitée si le maire Dagnon avait pris le soin de chercher la situation documentaire de la parcelle querellée. Comment comprendre qu’un maire puisse attribuer une parcelle qui fait l’objet d’un titre foncier ? Délit d’initié ou gourmandise foncière ?

La commission ad hoc mise en place pour aplanir la crise dans la Commune nous édifiera. Cette commission présidée par l’honorable Kalifa Doumbia doit se pencher sur les documents relatifs sur la parcelle. Dagnon va-t-il exhiber sa lettre d’attribution ?

Cette lettre d’attribution dont l’authenticité reste à vérifier, ne va-t-elle pas susciter d’autres remous. Selon nos sources, des jeunes de Missabougou s’apprêtent à réclamer l’espace réservé à la construction de leur foyer qui a été vendu, semble-t-il dans les mêmes conditions douteuses à un opérateur économique du nom d’Oumar Djigué.

Ce n’est pas le seul pêché du maire de la Commune VI. Souleymane Dagnon aura certainement sur sa table la demande de réclamation d’habitants de ZRMY qui ont assisté médusés à la vente aux plus offrants de tous leurs équipements collectifs.

Ce qui est troublant c’est que le maire parvient seul à conclure ses transactions sans faire même recours au gouvernorat du District de Bamako. A voir les choses de près, l’on peut soupçonner une combine entre le maître de céans, Ibrahima Féfé Koné, et Souleymane Dagnon qu’il surnomme « l’Imperturbable ».

Les deux hommes font l’objet de folles rumeurs de corruption dans l’opération de lotissement de la zone de recasement de Missabougou à Yirimadio (ZRMY). On évalue à une vingtaine le nombre d’hectares déduits de l’espace réservés aux recasements.

Pour ce qui est du bras de fer entre les jeunes et le maire, la commission ad hoc ne veut écarter aucune piste pour le retour de la quiétude dans la Commune. En attendant, le maire risque de susciter des querelles byzantines entre lui et ses conseillers.

MD

L’Indicateur du Renouveau du 06 Avril 2010.

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Affaire «Baco – Club» Souleymane Dagnon à Sogoniko

La police ouvre le feu sur la population

La gestion du foncier à Bamako devient de plus en plus compliquée. En effet, depuis le 17 février 2010, les jeunes de Sogoniko sont opposés à un riche homme d’affaires de la place. Cette situation, qui refait surface chaque année, depuis cinq ans, est restée sans solution et cela avec la complicité des différentes équipes communales qui se sont succédé à la tête de la mairie de la Commune VI. Souleymane Dagnon, qui occupe actuellement le fauteuil de maire, vient de mettre de l’huile sur le feu.

Le film des évènements

Les jeunes de Sogoniko, avec à sa tête Bakary Coulibaly dit Bako (Baco-club) occupent un terrain de football que le chef du quartier de l’époque les a attribués. Il a servi de lieu de distraction pour les jeunes jusqu’en 2004 quand une dame s’est présentée à eux avec un titre foncier en arguant que ledit terrain est sa propriété. Ce fut le début du litige. Le titre foncier a provoqué l’ire des jeunes qui se sont opposés. Mais, il se trouve que la zone litigieuse avait été morcelée par les maires Baba Sanou, Broulaye et Fougougna Sacko.

Sous la pression des jeunes, la dame cède et vend ladite parcelle à un certain Amadou Djigué qui souhaite construire une usine.
Depuis cinq ans, les jeunes du Baco-club exhibent une décision de la mairie qui leur ferait propriétaire de ladite parcelle. Il faut reconnaître que cette une situation a été créée et entretenue par Souleymane Dagnon et son équipe.

Une rencontre s’est tenue en juin 2007 chez le chef du quartier de Sogoniko entre les jeunes de Baco-club et l’actuel maire, Souleymane Dagon. Au cours de cette rencontre, le maire s’est montré dubitatif et ne s’est jamais prononcé clairement sur cette affaire, ce que d’aucuns ont qualifié à l’époque l’attitude du maire de complaisance. Après avoir reçu un document signé des mains Dagnon, on peut affirmer haut et fort que Souleymane Dagnon a donné ce terrain à la jeunesse du quartier pour des fins campagnes électoralistes.

Jusqu’en février dernier, l’affaire était toujours pendante et des jeunes du Baco-Club avaient été arrêtés parce qu’ils se sont opposés aux forces de l’ordre quant à l’occupation de leur terrain.

Ainsi, la journée du 17 février 2010, un imposant dispositif sécuritaire de la gendarmerie nationale était sur le terrain, empêchant du coup les jeunes de jouer au football. Ils sont venus pour sécuriser les lieux pour enfin permettre à M. Djigué de construire son usine. On compte des blessés aussi bien dans le rang des gendarmes que dans celui des jeunes de Sogoniko. Beaucoup de partisans de Bako avaient été arrêtés, avant être jugés et libérés deux semaines après par le Tribunal de la Commune VI.

Souleymane Dagnon remue la plaie

Pour se moquer de ses détracteurs, la maire Dagnon n’a pas hésité à livrer une interview à l’une des radios de la place. Chose que les jeunes n’ont pas pu digérer. Alors à leur tour, ces derniers sont intervenus sur les antennes d’une autre radio. C’était le lundi 29 mars dernier. Ils se sont donnés rendez-vous le 8 avril prochain pour une marche pacifique.

Mercredi 31 mars 2010 à Sogoniko

Une fois de plus, l’affaire est revenue, mais cette fois-ci elle a appris des proportions inquiétantes. Le mercredi 31 mars 2010, il y eut des affrontements entre les jeunes et la police.

Raison : Bakary Coulibaly Bako a encore été arrêté aux environs de 6 heures du matin à son domicile par des éléments de la gendarmerie. A son arrestation, ils auraient torturé sa femme enceinte puis saccagée la maison. D’où la colère des partisans de Bako. Les jeunes mécontents ont affronté les policiers qui n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur les manifestants, blessant grièvement certaines personnes jusque dans leur domicile.

Des blessés

Lassine Sangaré, le chef de quartier (le complice de Dagnon), contraint par les jeunes d’aller libérer Bako par les soins du maire, les agents du 7ème Arrondissement qui voulaient repousser les manifestants ont battu en retraite sous une pluie de cailloux qui s’abattaient sur eux.
Avec l’arrivée des renforts, c’était devenu sauve qui peut. Les manifestants, dispersés, ont trouvé refuge dans des familles proches du carrefour de Magnabougou.

Et, c’est dans ce désordre que les policiers ont ouvert le feu. Les balles ont atteint plus d’une dizaine de personnes.
Mais, le hic est que deux filles ont été atteintes dans leur chambre dans la famille de feu Germain Samaké. La plus touchée, Faty Doumbia, est la servante de Mme Samaké. La jambe de Djénéba Doumbia a été fracturée.

Et la fille qui l’accompagnait a été légèrement touchée. Quel remord, quand on sait que les portes de la famille Samaké était fermées.
Une autre aide-ménagère revenant du marché de Sogoniko a été touchée, ainsi qu’un garçon d’environ 10 ans, répondant au nom de Diakalia Diallo. Ajouter à cela, les multiples arrestations opérées dans les rangs des manifestants. Beaucoup de domiciles ont encore été violés et des portes défoncées pour déloger des innocents.

Il faut alors craindre que cette affaire prenne d’autres proportions. Car certains jeunes ont laissé entendre qu’ils préfèrent mourir que de laisser tomber cette affaire. La marche pacifique prévue pour le 08 avril prochain va-t-elle se transformer en marche de protestation ?
Il est temps que les autorités en charge de la sécurité revoient le code de conduite des forces de l’ordre déployées pour des missions de maintien de l’ordre et leur mode d’intervention dans de telles situations.

On ne peut pas continuellement violer les libertés individuelles pour des motifs de maintien de l’ordre pour des fins ignobles. Ce n’est pas pour des impératifs de maintien de l’ordre qu’on va tirer sur des populations ou passer à tabac des paisibles citoyens pour une cause qui ne vaut pas la peine.

Il est temps de préserver les libertés individuelles. Qui ne sait pas aujourd’hui les implications de la spéculation foncière à Bamako ? Ce n’est pas à Bamako que les forces de sécurité doivent nous faire montrer une telle démonstration de force. Alors que les bandits continuent à les braver dans cette même ville.

Y.C

L’Inter de Bamako du 06 Avril 2010.