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Dans le Mali profond de nombreux tradipraticiens mettent au point, à l’aide de techniques traditionnelles, de nouvelles recettes originales de par leur composition et leur méthode de préparation.

Pour assurer une protection juridique efficace de ces inventions, il est nécessaire d’informer et de former les tradipraticiens et les herboristes aux avantages des droits de propriété industrielle.

Le Centre malien de promotion de la propriété industrielle (Cemapi) a, par conséquent, organisé le week-end dernier à Bandiagara un séminaire regroupant une trentaine de tradipraticiens venus de nombreux villages du cercle.

Le thème générique de cette rencontre était : « Les droits de propriété industrielle et la valorisation de la pharmacopée traditionnelle« .

Les travaux présidés par Mahamoudou Touré, le préfet adjoint de la localité, se sont déroulés dans la salle de réunion du siège de l’Association des tradipraticiens de Bandiagara.

Dans son discours d’ouverture, Mahamoudou Touré a loué les potentialités de sa localité en matière de médecine traditionnelle avant de remercier le Cemapi d’avoir choisi Bandiagara, vieille cité érigée en cercle depuis 1903, après Bafoulabé pour abriter cette rencontre.

Idrissa Ly, le directeur du Cemapi, a souligné combien les ressources génétiques et les savoirs traditionnels comptaient pour l’avenir même de l’humanité.  » C’est pourquoi sous la houlette des ministres des Industries et de la Santé, les pays membres de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle ont décidé un accord commun dénommé, l’initiative de Libreville, uneInitiative pour la protection et la valorisation de médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle » a-t-il expliqué.

Les organisateurs estiment que les guérisseurs traditionnels qui détiennent des ressources génétiques riches méritent aussi de bénéficier des retombées de l’exploitation de leurs inventions.
L’Organisation mondiale de la santé estime que près de 80% de la population rurale vivant dans les pays en développement ont recours, en première intention, à la médecine traditionnelle et aux remèdes issus de la pharmacopée traditionnelle.

C’est fort de cette conviction que les chefs d’États et de gouvernement de l’Oua, réunis en sommet à Lusaka en 2001, ont adopté une déclaration instituant la période 2001-2010, décennie de la médecine traditionnelle en Afrique.

A Bandiagara, les praticiens ont été formés aux différentes démarches du dépôt des demandes de titres de propriété industrielle. Ils ont également appris comment défendre leur invention avant de bénéficier de conseils sur le règlement des litiges.

Le directeur de la Cemapi a expliqué le choix de Bandiagara par le souci de délocaliser les activités de sa structure et de se « rapprocher des usagers de droits de propriété intellectuelle« .

Il faut dire qu’en matière de médecine traditionnelle, Bandiagara dispose d’un centre régional de médecine traditionnelle qui produit des dizaines de types de médicaments directement vendus sur le marché local et national (voir article ci-contre). La localité abrite aussi un projet de restauration d’espèces médicales en voie de disparition sur le plateau dogon.

A l’issue des travaux, le séminaire a notamment recommandé la formation des associations de tradipraticiens et la multiplication des échanges entre eux et la mission culturelle de Bandiagara.

Les panélistes ont aussi conseillé de développer un partenariat avec les structures scolaires et de renforcer la liaison entre les associations de tradipraticiens et le service de la conservation de la nature.

A. M. CISSÉ- L’Essor

04 octobre 2007.