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Les Maliens se contenteront de rêver, pendant encore longtemps, de pétrole, et pour cause : la promesse du patron de la société Australienne Baraka Mali Ventures (BMV) d’exhiber le premier baril avant 2008, a été une dette sans lendemain. Pire, la seconde promesse faite aux Maliens de faire jaillir le pétrole, au plus tard, en 2009 ou en 2010 est sans lendemain. Mais la société exploitante, pour encore gagner la confiance de l’État malien vient de miser jusque sur l’année 2012 pour pouvoir extraire l’or noir du Mali. Des promesses à la pelle qui, du stade de rêve, tournent au cauchemar pour le Malien.

Il y a des ans, Max Vietri, le patron de BMV, est autorisé par l’État malien à exploiter les bassins pétrolifères découverts du Nord. Mais le hic, selon les spécialistes en la matière, c’est que les instances chargées du dossier savaient que la société n’avait pas les qualités requises pour ladite prospection. Et ce serait en connaissance de cause que les dites instances ont omis de scruter à la loupe les capacités réelles de Baraka Mali Ventures.

Mais aussi, la crédibilité du Boss qui ne serait, après tout, qu’un courtier engagé auprès d’autres sociétés. Et pour boucler la boucle, au lieu d’un bassin comme convenu, cette société s’est adjugée la prospection des cinq bassins sans avoir fourni la preuve de ses possibilités techniques et financières. Au nez et à la barbe des prospections nationales.

Des nationaux qui, aux dires des spécialistes, sont tout aussi connaisseurs en la matière. Et qui ont dûment fourni les dossiers afférents à la prospection. Est-ce à dire que ce n’est pas seulement pour ses beaux yeux que Baraka Mali Ventures a raflé le « jackpot » de cette prospection ?

Toujours est- il que son adjudication est aujourd’hui source de soupçons dans le milieu des prospecteurs miniers.
Du coup, les instances adjudicatrices du marché sont pointées du doigt. Les textes dans ce secteur sont, le plus souvent, méconnus même de ceux qui y évoluent. Un flou dont profitent, allègrement, ceux qui sont versés dans la matière. Dès lors, en dépit de la foi des autorités en cette prospection pétrolière, la joie des Maliens quant à elle, s’effondre de jour en jour.

Retournement de veste

Avec Baraka Mali Ventures, l’exploitation du pétrole au Mali est-elle dans de bonnes mains ? Autrement dit, les Autorités maliennes peuvent-elles faire confiance en ce groupe australien ?
Ces questions méritent d’être posées.

Surtout, après les griefs formulés à l’encontre de cette société par le gouvernement nigérien dans le cadre de l’exploitation du pétrole sur le sol des Haoussas.

A l’origine de ce grief, une escroquerie sur le contenu du contrat. Après s’être arrogé le contrat d’exploitation de l’or noir au Niger et dans des conditions similaires à celles du Mali –le groupe Baraka aurait, selon des sources proches des autorités nigériennes, mis en œuvre un plan qui vise à doper ses services.

Avec la complicité de certains responsables du groupe, connus dans le milieu des affaires pourries.

Ce plan, selon nos sources, aurait permis à Baraka de prélever 2% de commission sur les clauses de son contrat au Niger, au lieu de 0,80% autorisé par les Autorités Nigériennes.

La différence, c’est-à-dire 1,20%, aurait été reversée aux Chefs rebelles nigériens et à leur bande d’assassins, sous formes de pot-de-vin pour déstabiliser le régime de Tandja, alors président de la République.
Estimé à des dizaines de millions de dollars, cette manne financière servait à alimenter la caisse noire de la rébellion.

Mais aussi à l’achat d’armes. Cette découverte, faite par une équipe d’enquêteurs commis par le régime de Tandja à provoqué la colère des autorités nigériennes.

La suite est connue : le règne de Tandja est bouleversé. Et le contrat de Baraka, indique nos sources, est suspendu. Histoire de voir clair
A l’époque, le choix de ce groupe Australien, a posé un problème.

A l’issue de l’appel d’offres lancé par le gouvernement du Mali pour l’exploitation des bassins de Taoudenit et de Télemsi, Baraka était non seulement le moins disant, mais il ne remplissait pas les conditions de découverte et d’exploitation de l’or noir, exigées dans le cahier de charges.

Mais, curieusement, le groupe Australien s’est vu adjugé l’exploitation du pétrole au Mali.

De source haut perchée, des instructions auraient été parachutées, afin que Baraka soit déclaré bénéficiaire du contrat d’exploitation du pétrole dans le Nord du Mali. Avec la complicité, selon nos sources, d’un bonze du régime. Ce dernier aurait palpé gros pour être intervenu en faveur de Baraka au plus haut sommet de l’État.

Combien la société Baraka prélèverait-t-elle, en terme de commission, pour le contrat d’exploitation du pétrole au Mali ? Quelle est la nature du contrat ? Autant de questions auxquelles nous donnerons des réponses, dans nos prochaines éditions.

Jean pierre James

Le Quotidien de Bamako du 31 Mars 2010.