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Les partenaires comme la FAO et de la Banque mondiale s’en préoccupent, ce qui vaut une alerte pour tout observateur averti.

Des populations au Mali sont en danger de mort massive, exposées à des produits toxiques aux conséquences incalculables : cancers, malformations congénitales, troubles neurologiques, maladies chroniques, stérilité.

Dans certaines zones contaminées au Mali, ces maux affectent hommes et animaux qui sont exposés à ces produits dangereux.

A Gao on dénombre 65.000 litres de pesticides dont 42.000 litres de dieldrine, un polluant organique persistant hautement dangereux.

En effet, c’est à Gao qu’on retrouve le plus grand stock de dieldrine en Afrique, nous dit Lassina Traoré, coordinateur au Mali du programme africain des stocks de pesticides obsolètes.

L’inventaire a révélé un écoulement de plus de 2000 litres de dieldrine infiltrés dans le sol.

La situation préoccupe le gouvernement malien et ses partenaires. En juin dernier, est arrivée de Washington, une mission de la Banque mondiale qui s’est rendue à Gao.

Celle de la FAO a suivi la semaine d’après. Toutes ces activités ont été marquées par des discussions et une concertation entre les partenaires impliqués dans le processus.

Selon Lassina Traoré, trois scénarios ont été dégagés de ses activités en vue de l’élimination du stock de Gao.

Le premier est un scénario complet qui propose de remballer l’ensemble des 65.000 litres de pesticides dans près de 540 fûts de 200 litres répondant aux normes de la FAO.

Les sols du magasin où la dieldrine est déversée seront carottés et emballés. La terre contaminée est estimée à 10 m3. Le tout sera transporté en Europe pour incinération. Le coût de cette opération est estimé à 350.000 dollars US.

Selon Lassina Traoré, le temps presse, il faut vite agir pour circonscrire le mal dans les trois mois à venir.

Le deuxième scénarios n’implique pas le transport des produits en Europe. Le tout sera gardé dans le magasin jusqu’au démarrage du programme africain relatif aux stocks de pesticide (Pasp). Le coût est de 200.000 dollars US.
Ce scénario est le plus problable, selon Lassina Traoré.

Dans le troisième scénario, seulement la dieldrine a retenu l’attention : l’emballer et la garder dans le magasin.

La mal des pesticides obsolètes n’existe pas qu’à Gao, il est presque partout où la lutte contre les criquets, les insectes ou les granivores a nécessité la constitution d’un stock.

Il a sévi dans les zones de Niogomera et Youwarou où on enregistre des victimes. S’il s’agit d’un stock à Niogomera, ce sont des emballages de pesticides, des bidons vides qui ont causé la mort des personnes à Youwarou. Deux morts dans une famille en décembre 2004.

De l’huile d’arachide gardée dans un bidon qui a précédemment servi d’emballage de pesticide a provoqué le drame.

Après avoir consommé du poisson grillé au dîner, ce fut l’émoi le matin : deux personnes étaient mortes et huit autres paralysées.

Après la campagne 2004-2005 qui a été marquée par une lutte acharnée contre les criquets pèlerins, on devait récupérer 15.000 emballages vides en conséquences, selon le coordinateur du Pasp au Mali Lassina Traoré.

A la date d’aujourd’hui 65%, soit 10.000 emballages ont été récupérés. Le reste est dans la nature et continue de faire des ravages.

Selon lui les populations ne veulent pas les rendre. Les gens gardent ces bidons vides et les utiliser ensuite pour garder de l’huile, de l’eau de boisson ou du pétrole.

Le séminaire de formation régional sur le programme africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes, a donné lieu à une excursion au village de Nanguila dans la sous préfecture de Ouelessebougou en zone de l’Office de Haute vallée du Niger (OHVN). Il s’agissait de visiter des stocks de pesticides obsolètes.

Nanguina dans la commune de Niagadina à 100 km de Bamako est une zone réputée pour la culture du coton. A cause du boycott des cotonculteurs en 1998-99, des pesticides sont restés inutilisés.

Ils sont venus s’ajouter au stocks anciens. Aujourd’hui le magasin contient certes pesticides obsolètes mais à Nanguila il n’y a pas de polluants organiques persistants.

On y dénombre 40 293 litres d’insecticides, 469 kg de fongicide et 1246 litres d’herbicides. Le magasin est situé à 3 km du fleuve Niger.

L’écoulement des pesticides est visibles à travers le magasin dont les murs laissent voir des fissures. Toutefois, selon l’infirmier du village, Adama Dembélé il n’a enregistré aucune maladie liée à l’existence des pesticides.

Mais, les maladies respiratoires se positionnent au deuxième rang des consultations, indique-t-il.

Boukary Daou

21 juillet 2005