L’application de la charge à l’essieu pose toujours problème dans le secteur des transporteurs routiers. Ces derniers, en rang dispersé, déterrent la hache de guerre en déclenchant une grève.
Un communiqué de l’Autorité routière et de la direction nationale des transports terrestres, maritimes et fluviaux, qui fixe la reprise du péage pour les camions routiers au 26 avril 2010, a réveillé les vieux démons dans le secteur. Les syndicats de transporteurs, très divisés sur la grève, ont déterré la hache de guerre.
Le préavis de grève, initialement prévu le lundi 3 mai à zéro heure, a été boycotté par la branche dissidente qui n’en voit pas l’opportunité. La dissidence est surtout composée du Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), du Conseil malien des chargeurs (CMC) et de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM).
Ces différentes entités professionnelles ont fait un communiqué de presse lu à la radio et à la télévision nationales, le lundi 3 mai. Le communiqué de presse signé de Jeamille Bittar invite leurs adhérents, à ne pas suivre la grève et met en garde les grévistes contre tout acte de vandalisme contre les non-grévistes et leurs biens.
L’aile dure ayant en son sein des groupements de transporteurs, a remis ça pour le mardi 4 mai à zéro heure, le temps d’aviser ses militants qui n’ont pas pu être mobilisés, le lundi dernier dans la journée.
Mais, tout porte à croire que le mouvement de grève sera étouffé dans l’œuf.
Le ministère de l’Équipement et des Transports a envoyé hier mardi, dans la journée, des missions de sensibilisation et d’information à l’intérieur du pays sur les dispositions prises pour satisfaire les doléances et le bien-fondé de l’application du pèse-essieu. Mieux, la réussite de la grève de mars dernier était due en grande partie à l’adhésion de grands importateurs et transporteurs qui en étaient les bailleurs. Ceux-ci viennent de désolidariser. Faisant le constat de leur échec prématuré, les grévistes n’ont pu encore dire à leurs militants le nombre de jours de cessation de travail à observer.
Au ministère de l’Équipement et des Transports, la reprise des hostilités par les transporteurs suscite des interrogations. Les trois revendications pour lesquelles les transporteurs sont allés en grève du 10 au 15 mars 2010 et qui portent sur la suspension de l’application de la charge à l’essieu, la suppression de la redevance d’usage routier sur l’essieu et la réduction des postes de contrôle et des contrôles routiers sont en voie d’être solutionnées.
Selon le conseiller technique en charge des transports, Saliou Guiro, pour ce qui est de la suspension de la charge à l’essieu, elle est effective jusqu’au 30 juin 2010 en application d’une instruction interministérielle. C’est après le 30 juin que la feuille de route communautaire, issue de la réunion de l’Uémoa du 19 mars 2010 à Ouagadougou, va entrer en compte.
Cette feuille de route réglemente le transport des marchandises dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) avec une charge de 11,5 tonnes à l’essieu, les poids supplémentaires devant être pénalisés. Ce sont 14 tonnes qui sont autorisées de façon transitoire, jusqu’au 30 juin 2010.
Un front du refus
Le délai du 30 juin 2010 est rejeté par les camionneurs qui proposent la date du 1er juillet 2010 prévue pour le démarrage du pesage aux ports. Les transporteurs ne sont pas d’accord pour payer les pénalités liées aux surcharges dont ils rejettent la responsabilité sur les chargeurs. Cette question avait été réglée à l’issue d’une concertation entre le CMTR, le CMC, la CCIM et le Groupement des commerçants maliens. Elle entrait dans le cadre de la gestion de la grève de cinq jours de mars 2010.
Un protocole d’accord ayant sanctionné la rencontre, il a été prévu de relever les tarifs des transports inter-Etats, ce qui devait résoudre une fois pour toutes l’équation du péage.
La solution préconisée par le ministère de l’Équipement et des Transports à propos de la doléance relative à la suppression de la redevance d’usage routier sur l’essieu est la prorogation de la carte de transport jusqu’au 31 mai.
Les transporteurs sont d’autant plus fâchés qu’ils doivent une ardoise de 30 millions de F CFA à l’Autorité routière. Cette créance, qui s’étend sur la période du 30 mars 2010 au 31 avril, est consécutive au protocole d’accord signé entre Bakoré Sylla, en sa qualité de président du Groupement des commerçants maliens (tendance Jeamille Bittar), pour la suspension du mot d’ordre de grève.
Bakoré Sylla avait mis la main à la poche, en payant 50 millions de F CFA à l’Autorité routière couvrant jusqu’au 30 mars 2010, les frais des péages au profit des transporteurs. Ces derniers ont continué à jouir de ce privilège au-delà du délai convenu.
A entendre le directeur de l’Autorité routière sur l’ORTM la semaine dernière, le respect de la feuille de route de l’Uémoa concernant le pesage est incontournable.
Selon lui, il ne sera pas question de supprimer la charge à l’essieu dans la mesure où il s’agit d’une mesure communautaire à laquelle les transporteurs de la sous-région devront se conformer. Pour lui, si les chauffeurs maliens font abstraction, ils ne pourront pas circuler dans les autres Etats de l’Union.
Abdrahamane Dicko
05 Mai 2010.