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En effet, on a frôlé un moment la guerre civile, notamment en 1997, où plusieurs partis politiques ont boycotté les élections en raison de leur mauvaise organisation. Le consensus politique né à partir de 2002 est différent de ce qu’on avait appelé, en son temps, la gestion concertée du pouvoir. Peut-être que c’est cela qui explique le fait que cette gestion concertée n’ait pas duré.

Quant au consensus en cours, il devra, lui aussi, s’effriter un jour ou l’autre. Ce sont les enjeux des prochaines élections générales de 2007 qui occasionneront la rupture à plusieurs niveaux. Cela est compréhensible quand on sait que la vocation première des partis politiques est la conquête du pouvoir.

A présent, ce qui importe le plus, ce sont le moment et la manière dont les uns et les autres vont se défaire des liens du consensus. Ce processus est incontournable et sa conséquence réside dans les différents repositionnements sur l’échiquier politique national. A ce sujet, on observe déjà quelques remue-ménage au sein de la classe politique.

LES DEBUTS DE REPOSITIONNEMENTS
Le paysage politique est marqué en ce moment par de nouvelles dissidences, le retour d’anciens dissidents, des fusions et tentatives de rapprochement. Nous sommes à un moment de réconciliation et certains acteurs et partis politiques le démontrent à travers les actes qu’ils sont en train de poser, les initiatives qui voient le jour. Cette voie va-t-elle être celle du salut de la classe politique, dont certaines composantes semblent être en train de s’organiser pour tenter de reprendre la situation en main ?

Pour le moment, on ne saurait donner une reponse précise à cette question. Mais, d’ores et déjà, les exemples de réorganisation ne manquent pas. En effet, on parle beaucoup, ces temps-ci, des tentatives par l’ADEMA de nouer des rapports de partenariat politique, dans la perspective, sans doute, des prochaines consultations électorales. Il s’agirait de rapprochement entre l’ADEMA-PASJ et certains de ses partenaires traditionnels de l’ARD, un regroupement politique que beaucoup d’observateurs de la scène politique avaient déjà donné comme mort.

En effet, à la veille des élections générales de 2002, pratiquement tous les partis sont allés en rangs dispersés, selon leurs calculs dans le contexte spécifique de l’entrée dans la danse d’un candidat indépendant avec lequel il fallait compter, compte tenu de sa popularité.

Par ailleurs, le chef de file de l’ARD qu’est l’ADEMA était préoccupé par ses problèmes internes, en l’occurrence la multiplication en son sein de candidatures à l’élection présidentielle. Toutes choses qui auront finalement raison de sa cohésion. Ainsi, les partis politiques membres de l’ARD sont restés longtemps sans savoir exactement quelle attitude adopter. Il faut préciser que dans ce processus seuls l’ACC et Espoir 2002 sont restés constants par rapport à leur option de projet commun de conquérir le pouvoir.

Or c’est ce regroupement politique que certains observateurs de la scène politique considéraient comme étant le plus fragile, vulnérable. Tel ne fut pas le cas, au grand dam de ceux-ci. Et, jusqu’à la preuve du contraire, malgré les difficultés de parcours des membres du regroupement et les différentes tentatives de sa déstabilisation, ce regroupement politique, tout comme l’ACC résiste, même si dans les perspectives des prochaines consultations électorales, rien n’a encore été décidé. Peut-être qu’il est même trop tôt pour envisager quelque chose dans ce sens.

Au-delà de ces situations, un événement récent a attiré l’attention au sein de la classe politique et de l’opinion publique nationale, il s’agit de la décision du RDP et du RND de fusionner. Ces retrouvailles n’étaient pas attendues, le phénomène étant rare sur l’échiquier politique national. On a plutôt l’habitude de les voir allier avec d’autres formations politiques généralement plus grandes, mieux implantées. Le cas de ces deux partis s’expliquerait peut-être par le départ programmé à la retraite politique du doyen Almamy Sylla, président du RDP.

Il semble par ailleurs que ces remue-ménage au sein de la classe politique sont un début de rassemblement des différentes forces politiques pour se positionner afin de tenter de tirer leur épingle du jeu politique. Si tel était le cas, on peut déjà comprendre que lesdits partis politiques sont en train de chercher de tous les côtés des partenaires capables de les aider à atteindre leurs objectifs politiques, notamment à l’occasion des élections de 2007.

Moussa SOW – 23 février 2005