La classe politique semble avoir pris du recul par rapport à beaucoup de situations, notamment les problèmes relatifs à la crise au nord, ceux liés aux conditions de vie difficile, en particulier la vie chère, ceux ayant trait à la gestion des affaires publiques dont la corruption et la délinquance financière et enfin ceux de l’école. Cela non pas parce que les caciques des partis sont revenus à de meilleurs sentiments, mais sans doute parce qu’ils sont préoccupés par autre chose ou sont à bout de souffle.
Le Mouvement Citoyen n’est pas en reste des occupations actuelles du terrain. Mais à quelle fin? Se demande-t-on au sein de l’opinion publique nationale. C’est le temps qui nous en dira. Mais en attendant, quoi qu’on dise, il est indéniable que la plupart des partis politiques sont davantage préoccupés par les actions de positionnement pour renforcer leurs capacités en vue des prochaines élections- les communales qui se tiendront en 2009 et les élections générales de 2012.
La revue des troupes privilégiées
Une particularité est que plusieurs partis sont à la fois sur les deux fronts sur le terrain. En effet, d’une part ils ont des émissaires qu’ils envoient dans les structures de base des partis pour envisager une revue des troupes d’ici le moment ultime des élections. Mais la question que l’on se pose, c’est de savoir si les partis se sont impliqués à hauteur d’attente dans le processus de révision administrative des listes électorales.
Rien n’est moins sûr au regard de tout ce dont on a pu être témoin au début de ce processus. Ainsi, pendant que certaines communes avaient démarré le processus de révision administrative des listes électorales, les élus d’autres communes ne pouvaient rien dire aux populations quant au démarrage effectif de ce travail si important dans le processus électoral, puisque c’est par là que commencent les élections.
Les problèmes liés à la révision des listes électorales
Les problèmes enregistrés sont nombreux. Ils vont du retard accusé par plusieurs communes dans le démarrage, en passant par un manque cruel de matériels logistiques, notamment les cahiers de recensement, les listes d’émargement entre autres. Dans ces conditions, peut-on affirmer que les partis se montrent véritablement intéressés par les préparatifs des élections?
En tout cas pas maintenant, peut être que c’est à la veille des élections que les uns et les autres se montreront motivés. Si c’est le cas des acteurs politiques qui ont le devoir de mobiliser les électeurs, qu’en sera-t-il pour ceux qui doivent aller voter?
Il n’est un secret pour personne que certains acteurs politiques, au moment des élections, trouveront à redire quant à l’organisation des élections. Difficilement on les prendra au sérieux dans la mesure où le moment indiqué, ils n’ont rien dit, rien fait en terme d’interpellation ou de critique de cette situation, qui aurait dû les mobiliser.
L’ADEMA et L’URD sur le terrain
On est loin des campagnes électorales, cependant certains partis ont repris des contacts sur le terrain comme pour faire comprendre à l’opinion publique nationale qu’ils ne seront pas prêts à se laisser faire lors des élections qui pointent à l’horizon. C’est de bonne guerre, étant donné que la vocation de tout parti politique est la conquête du pouvoir qui passe forcement par la mobilisation des électeurs.
Certains partis comme l’URD et l’Adéma sont dans une dynamique de renforcement de leurs capacités à travers la réception massive de cadres, militants et élus d’autres partis. Dans certains cas, ce sont des partis entiers qui y adhèrent, élargissant du coup les bases électorales de ces deux poids lourds de l’échiquier politique national.
Pour ce faire, des délégations sillonnent déjà depuis plusieurs mois différentes circonscriptions électorales du pays pour enregistrer de nouveaux arrivants. Singulièrement pour le cas de l’URD, c’est surtout à l’issue de la suspension de son 2ème vice-président Oumar Ibrahima Touré que les sorties sur le terrain se sont multipliées à travers les missions de contacts à la base pour fournir aux militants des explications relatives à la décision de sanction de suspension contre le 2ème vice-président du parti, à l’issue de laquelle certains avaient tenté de semer la confusion dans l’esprit des cadres et militants du parti.
Des missions concluantes en somme pour le BEN du parti, surtout à un moment où selon certaines sources, il serait revenu à de meilleurs sentiments. Cela se confirme-t-il au BEN-URD? En tout cas, les autres membres du BEN-URD se montrent intransigeants face à la question pour les causes de la cohésion du parti au prix de laquelle il pourra atteindre ses objectifs.
La dernière adhésion en date à l’URD est celle du parti PARISA dont le président est M. Damien Dako. L’URD, depuis plusieurs mois, a le vent en poupe, au même titre que l’Adéma. Pendant que le 4ème congrès ordinaire de l’Adéma a suscité quelques réactions de mécontents et qu’à partir de cela certains croient une éventuelle déchirement de ce parti à nouveau, à l’URD tout semble être sur la voie de s’arranger.
Malgré cela, des observateurs avertis de la scène politique croient qu’il y aura beaucoup de remue-ménage çà et là au sein des partis qui comptent parmi les mieux implantés sur l’étendue du territoire national. Cela pose du coup la sempiternelle problématique de la pérennisation de la cohésion des partis.
La riposte du CNID et du Mouvement Citoyen
Le parti du Soleil Levant, depuis le retour de Me Mountaga Tall, multiplie à son tour les contacts sur le terrain. L’objectif de ces sorties est la riposte que les ténors du parti sont en train d’organiser afin de dissuader les cadres et militants qui seraient sur le départ. Le parti semble être en train d’être la cible de l’Adéma et de l’URD qui ne cessent de ratisser large sur l’échiquier politique national.
En effet depuis la veille des élections générales de 2007, le paysage politique malien est en pleine effervescence avec des démissions çà et là de cadres et militants des partis au profit d’autres. De même, les partis créés issus tous de l’Adéma sont en train de se nourrir des autres plus petits.
Il y a une logique de formation de grands ensembles plus viables en matière électorales. Ainsi, ceux qui ne sont pas dans ces cadres sont menacés, à moins qu’ils développent également des synergies pour trouver un cadre plus sécurisant d’évolution comme de fusions ou alors d’alliances d’ici les prochaines échéances électorales.
Le Mouvement Citoyen
C’est à ce prix qu’ils seront plus prompts à jouer pleinement leur rôle et auront davantage de chance de se faire le maximum d’élus à l’issue des élections communales et législatives. Quant à l’élection présidentielle, si elle est l’affaire de tous, peu de partis espèrent en sortir victorieux. Qu’en est-il du Mouvement Citoyen? Comment pourra-t-on interpréter ses sorties fréquentes qui datent de quelques mois déjà?
Le Mouvement Citoyen a emboîté le pas à l’Adéma et à l’URD sur le terrain. Sans être un parti, ses ténors sont versés depuis quelques mois déjà dans les efforts d’explication du Projet de Développement Economique et Social (PDES) du président Amadou Toumani Touré aux populations de plusieurs localités.
C’est pas là même que les responsables du Mouvement Citoyens entendent le redynamiser dans la perspective des prochaines échéances électorales. Toute chose qui explique que le Mouvement Citoyen n’entend pas mourir à la fin du mandat en cours du président Amadou Toumani Touré.
Alors, que vont faire ses ténors? Certains croient qu’il est possible qu’ils envisagent de transformer cette organisation de grande envergure en parti politique. Supputations? C’est le temps qui nous en dira. Mais en attendant, chaque entité semble être en train d’affûter ses armes pour les prochaines échéances électorales.
Moussa SOW
26 Novembre 2008