En cette fin d’année 2006, les indices économiques du Mali sont au vert. Après avoir traversé une année difficile en 2004 à cause de certains facteurs exogènes : mauvaise pluviométrie, fluctuation des cours des principaux produits d’exportation sur les marchés internationaux (coton, or), la croissance économique affiche un taux de 5.5 pour cent pour l’année 2005. Des perspectives de croissance sont encore prévues à 5.5 et 5.4 pour cent respectivement pour 2006 et 2007.
Ces résultats encourageants ont été obtenus grâce à la mise en oeuvre d’une stratégie de diversification de l’économie malienne pour parvenir à une croissance durable et équitable qui a été élaborée en 2005 par nos autorités.
Cette stratégie concerne essentiellement l’agriculture, afin de réduire la dépendance envers le coton. Elle vise également le développement des activités minières, tandis que les réserves actuelles s’épuisent.
Toutes ces données sont confirmées par les experts économiques de l’IDEA (Institut International pour la Démocratie et l’Assistance Electorale) dans leur dernier rapport annuel sur les perspectives économiques en Afrique : “une saison agricole satisfaisante, une production aurifère en hausse, l’ouverture du marché domestique à l’espace régional grâce aux nouvelles infrastructures, sont les atouts dont dispose le Mali, pour favoriser la croissance“.
Cependant, tiennent-ils à souligner “l’approfondissement des réformes institutionnelles et structurelles reste toutefois indispensable à l’avenir pour consolider ces résultats“. De la position fiscale Après une baisse du taux d’investissement privé en 2004, liée à la diminution des activités agricoles et de la production aurifère, une reprise est attendue en 2005 et 2006.
De l’avis des experts de l’IDEA, la hausse des investissements serait alors visible aussi bien au niveau du secteur public avec le développement d’infrastructures sociales et de transports que du côté du secteur privé avec de nouvelles exploitations aurifères.
Une amélioration du solde extérieur est aussi prévisible pour 2006, reflétant une augmentation du volume des exportations d’or, qui compensera l’importation de capitaux pour financer les investissements dans ce secteur. Cette augmentation est confirmée pour 2005, ce qui devrait permettre une amélioration de la position fiscale en 2006 et 2007.
En matière de politique budgétaire en vigueur au sein de l’UEMOA (un espace communautaire qui regroupe 8 pays de la sous-région Ouest africaine), le Mali a respecté en 2004 quatre des cinq critères de premier rang et deux des quatre critères de second rang inscrits dans le pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité.
Mais en raison des difficultés budgétaires liées à un accroissement des dépenses plus rapide que celui des recettes, le respect de ces critères s’est détérioré en 2005. S’appuyant sur les résultats positifs escomptés, une amélioration des critères de convergence est attendue en 2006.
En particulier, le taux d’inflation devrait passer en dessous de 2 pour cent (le plafond fixé par l’UEMOA est de 3 pour cent). Pour contrer l’évolution de l’inflation, et influer sur le taux de pression fiscale qui est d’environ 15 pour cent (un des plus élevés de l’UEMOA), le gouvernement malien entend élargir l’assiette imposable notamment par l’élimination des exonérations ad’hoc et l’adoption de mesures pour faire entrer les opérateurs informels dans le secteur formel.
De même, la fiscalisation du secteur agricole est prévue comme mesure d’accompagnement de la nouvelle loi d’orientation agricole. Selon les estimations, les dépenses courantes et en capital sont en hausse.
Leur augmentation s’explique par un renforcement des dépenses des secteurs sociaux et une amélioration du taux d’exécution des programmes d’investissements publics, en conformité avec les objectifs du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP). Ces dépenses reflètent également la croissance des salaires dans le secteur public pour compenser la montée de l’inflation en 2005.
Position extérieure difficile
En 2006, une amélioration du solde global s’est dessinée grâce à la consolidation de la position fiscale et de dépenses en capital financées par l’aide, notamment pour les infrastructures. Pays enclavé, le Mali est sensible à la stabilité économique et politique des pays voisins.
C’est ainsi que lorsque la rébellion a éclaté en 2002 en Côte d’Ivoire, notre pays a été frappé de plein fouet par ses effets négatifs : baisse des exportations de bétail sur pied, entraves aux importations à partir du port d’Abidjan et chute des transferts des Maliens de Côte d’Ivoire.
Cette situation de guerre, loin d’affamer les Maliens, a favorisé la réorientation des échanges commerciaux du Mali au bénéfice d’autres pays Ouest-africains dotés d’infrastructures portuaires : le Sénégal et le Ghana suivis par la Mauritanie, la Guinée, le Bénin et Togo (pour les produits pétroliers).
Ce changement pourrait avoir des effets structurels importants sur l’économie malienne en favorisant la transformation locale des produits de certaines filières (bétail, fruits, légumes), en vue d’une exportation dans la sous-région.
Dans le secteur primaire et extractif, les importations continueront d’augmenter pendant la période 2006-2007 reflétant le besoin de financer les investissements dans les mines et infrastructures. La balance commerciale devrait aussi s’améliorer grâce à une augmentation des exportations aurifères d’environ 6 et 7 pour cent respectivement en 2006-2007.
Après avoir chuté en 2003, les investissements directs étrangers (IDE) sont aussi de nouveau en hausse (27.6 en 2004 et 36.4 milliards de F Cfa pour le premier trimestre 2005), même si leur niveau est encore inférieur aux besoins exprimés par l’économie malienne.
Des partenaires non traditionnels commencent à jouer un rôle important en tant que pourvoyeurs d’IDE, notamment la Chine et dans une moindre mesure l’Inde. Ces investissements sont pour la plupart orientés vers l’énergie, les télécommunications et le BTP.
Ils contribuent, autant que la situation ivoirienne, à la recomposition des directions des échanges de notre pays.
Birama Fall
08 novembre 2006.