La succession du président Amadou Toumani Touré est engagée désormais dans les états majors de partis politiques, même dans d’autres milieux qu’on ne pourrait pas d’emblée caractériser d’apolitiques, mais qui ne sont pas, à vrai dire, les représentants de la classe politique. En tout cas, jusqu’à la preuve du contraire, des personnalités n’appartenant pas forcement à des partis politiques sont en train de se positionner pour la présidentielle de 2012.
Peut-on affirmer dans ce cas, que les suspicions et polémiques de tous genres sur l’éventuelle candidature d’ATT à l’élection présidentielle de 2012 sont désormais reléguées au passé?
ATT candidat en 2012 ?
Si certains pensaient que la réflexion sur la démocratie au Mali confiée à Daba Diawara par le président Amadou Toumani Touré allait aboutir à une proposition de relecture de l’article 30 de la constitution, tel ne fut pas le cas. A leur grande surprise, doit-on dire. Le paysage politique malien est, en effet un cadre véritable de suspicions et de tous les procès d’intention.
Nul ne peut contester cela. Mais, au-delà, pour beaucoup de gens, le pouvoir, en soi, est satanique et rares sont ceux qui peuvent s’en défaire sans heurts. Il semble que cela ne soit pas le cas pour l’actuel président de la République qui, au moins, pendant la période de la transition démocratique, a accepté d’organiser les élections comme convenu et de transmettre le pouvoir à des politiques.
Quoi qu’on dise, cela est la marque de confiance et de l’estime envers lui d’une frange importante du peuple. N’est-ce pas d’ailleurs pourquoi le peuple a porté le choix sur lui en 2002, puis renouvelé ce choix en 2007? Chaque chose en son temps, dit-on. Aussi, il y a une limite en toute chose. Ces phrases traduisent la sagesse qui n’est certes pas la chose la mieux partagée.
Des opérations de charme
Des mouvements, faits et gestes sur le terrain ressemblent ni plus ni moins qu’à des opérations de charme en cours ces derniers moments traduisant des velléités de certains acteurs politiques, parties politiques, voire de personnalités indépendantes des partis, de se positionner pour les compétitions électorales futures.
Ainsi, nous pouvons affirmer que la présidentielle de 2012 s’annonce plus rude, tant il y aura de candidats : les candidats des partis et les “candidats du peuple”, comme si les partis misaient sur autre chose que ce même peuple.
Il ne fait pas de doute que les données sur l’échiquier politique sont en perpétuel changement, notamment avec le rassemblement des forces politiques par l’Adéma et l’URD. On assiste, en effet, à la constitution de plusieurs groupes, au moins quatre grands qui seront des têtes de proue dans les élections générales de 2012 au compte de la classe politique. Ce qui n’empêchera pas certains présidents de partis de présenter comme d’habitude leur candidature.
C’est pour eux une question de principe et de formalité pour pouvoir crier sur tous les toits qu’ils ont régulièrement participé à toutes les élections, même si le résultat se révèle parfois médiocre. Le lot, il ne faut pas l’oublier, sera grossi par des candidatures indépendantes.
Problématiques de soutien aux candidats indépendants
D’ailleurs à ce sujet, des partis comme l’Adéma ont déjà averti qu’ils auront leur candidat à l’intérieur du parti. Ce qui signifie qu’il ne sera pas question pour eux, qui aspirent à la reconquête du pouvoir politique en 2012, de prêter main forte à quelque candidat que ce soit en dehors de l’Adéma.
Est-ce le cas pour les autres partis? Rien n’est moins sûr, quand on sait que certains d’entre eux n’ont pas de représentant qui aurait le charisme de présidentiables. En outre, ils pourraient compter surtout sur la popularité de certaines personnalités qui entendent se présenter à l’élection présidentielle comme par exemple Soumana Sacko, ancien Premier ministre.
Soumana Sacko et 2012
Tout porte à croire que celui là présentera sa candidature à l’élection du président de la République en 2012. On se rappelle, en effet, que celui qu’on appelle aussi Zou ou Zorro avait déjà fait mener des actions de salubrité à Ségou il y a quelques mois. Qu’est-ce que cela cache-t-il? Il n’avait pas eu auparavant une idée similaire.
En plus de cela, toutes ses arrivées sont annoncées à travers des journaux et cela n’est pas fortuit. Mais la question que l’on se pose, c’est de savoir sur quelle force Zou mise. Un autre indice est la mise en place par lui de clubs de soutien selon d’autres sources.
Ceux-ci seront-ils capables à eux seuls de conduire Soumana Sacko au succès de l’élection présidentielle à un moment où trois partis qui sont les plus représentatifs de l’échiquier politique national : l’Adéma, l’URD et le RPM convoitisent le même fauteuil du président de la République?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que sans un soutien consistant de la part de plusieurs partis politiques plus ou moins représentatifs de l’échiquier politique, Zou n’atteindra même pas le second tour de l’élection présidentielle. Ainsi, tout sera fonction de la stratégie électorale qu’il adoptera.
D’autres candidats possibles
Au-delà du cas de Soumana Sacko dont on parle depuis quelques mois, précisément avec la fin de son mandat international à l’ACBF, il est annoncé d’autres candidatures éventuelles. Mais, dans tous les cas c’est officieux. En effet, dans certains milieux, on fait cas de l’éventuelle candidature de Cheick Modibo Diarra.
D’autres continuent à croire que le Premier ministre Modibo Sidibé pourrait être également intéressé. Aussi, faut-il exclure que les représentants du Mouvement Citoyen décident de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2012?
C’est le temps qui nous en dira. C’est au fur et à mesure que nous nous rapprocherons de ces élections qu’il y aura davantage de lisibilité dans cette question de candidatures à l’élection présidentielle de 2012.
Moussa SOW
12 Novembre 2008