Partager

Pour permettre l’approvisionnement correct du pays en denrées de première nécessité, notamment le riz importé, le gouvernement du Mali a accordé des exonérations à certains commerçants de la place dont M. Bakorè Sylla, Président Directeur Général (PDG) du Grand Grenier du Bonheur (GGB). Le richissime homme d’affaires qui s’est spécialisé en commerce de céréales dispose d’un parc auto assez fourni contenant plusieurs dizaines de camions gros porteurs.

C’est pourquoi, il a facilement bénéficié de l’Etat malien d’un contrat d’importation portant sur 100 000 tonnes de riz. Mais à deux semaines du début du mois de Ramadan prévu pour le 1er septembre, à peine 10 000 tonnes seulement sont sur le territoire national.

BAKORE SYLLA porte palinte sur la Somatra

Dans l’incapacité d’honorer ses engagements vis-à-vis de l’Etat et des consommateurs maliens, Bakorè Sylla veut faire porter à la Société Malienne des Transports (SOMATRA) un chapeau qui ne lui appartient pas. Heureusement, que l’opinion n’est pas dupe. C’est pourquoi, il a porté plainte contre la SOMATRA le mardi 12 août 2008 pour escroquerie au Service d’Investigation Judiciaire du Camp I de la Gendarmerie Nationale.

La convocation est parvenue à la Direction Générale de la SOMATRA le vendredi 15 août et elle a aussitôt répondu à l’appel des gendarmes le même jour sur conseil de ses avocats parmi lesquels, il y a Me Harouna Tourhé “H” et Me Baber Gano. Mais qu’est-ce qui s’est passé entre le PDG de GGB et la Direction Générale de la SOMATRA au point que les deux parties en affaires se retrouvent aujourd’hui devant la justice ?

Au commencement: Les exonérations

Il n’est un secret pour personne que le Mali est un grand importateur de céréales sèches notamment le riz. Suite à des inondations et à des sécheresses dans certains pays d’Asie grands exportateurs de riz, il y a eu une baisse de production. Ce déficit céréalier s’est traduit par une crise alimentaire mondiale. Puisque le malheur ne vient jamais seul, la flambée des prix des hydrocarbures est venue noircir un tableau déjà sombre.

Pour permettre aux populations les plus vulnérables de supporter le poids de ces phénomènes, le gouvernement malien a renoncé à certaines taxes sur les importations de riz sur la période allant du 1er avril au 30 septembre 2008. Puisque le gouvernement a renoncé à ses taxes, en retour, les importateurs se sont engagés à livrer le riz aux commerçants détaillants qui, à leur tour, doivent céder le kg à 310 F CFA aux consommateurs.

L’offre du gouvernement était alléchante comme on le dit, le jeu en vaut la chandelle, Bakorè Sylla s’est engagé à faire transiter sur le Mali plus de 100 000 tonnes de riz dont 86 000 par le port d’Abidjan et 15 000 tonnes par le port de Dakar. Pour faire entrer ses marchandises du port d’Abidjan à Bamako, Bakorè Sylla a fait appel à la SOMATRA qui dispose dans son parc auto de plus d’une quarantaine de camions gros porteurs.

Les deux sociétés (GGB et SOMATRA) ont signé un contrat dans ce sens le 16 mai 2008. Par ce contrat, la SOMATRA s’est engagée à évacuer du port d’Abidjan à Bamako 2 000 tonnes de riz au prix de 37 500 F CFA la tonne soit au total 75 000 000 F CFA pour l’évacuation des 2 000 tonnes. Pour commencer à exécuter le marché, Bakorè Sylla a versé à la Direction de la SOMATRA une avance de plus de 52 millions.

Des déviations dans le contrat su 18 Mai 2008

Selon M. Oumar Diallo, attaché à la Directrice Générale Adjointe de la SOMATRA, le premier voyage pour aller chercher les marchandises de Bakorè à Abidjan a été très amer. Certaines clauses du contrat n’ont pas été respectées par Bakorè Sylla. Il a été décidé que les frais de chargement des camions sont à la charge du GGB qui s’est également engagé à ce que les véhicules ne restent pas longtemps immobilisés au port d’Abidjan (maximum 10 jours pour faire le trajet Bamako/Abidjan).

Il faut préciser que les frais de chargement d’un camion au port d’Abidjan s’élèvent à 137 500 F CFA. “Le 1er convoi de 10 camions a mis un mois pour faire le trajet. Nos camions ont fait plus de cinq jours au port sans être chargés. Au retour, au lieu que les camions soient déchargés à Bamako comme le stipule les clauses de notre contrat, Bakorè les a déviésr sur Ségou sur prétexte que c’est dans la capitale des Balanzans que se trouve son transitaire.

Le trajet fut plus long de 300 km, donc le temps d’acheminement aussi et le coût du transport, toutes choses qui n’étaient pas prévues dans le contrat du 16 mai 2008”, a déclaré l’Attaché Oumar Diallo.

Par la même occasion, M. Diallo nous révèle que l’un des points du contrat prévoit qu’en cas d’immobilisme des camions, Bakorè Sylla devait payer un frais supplémentaire de 25 000 F CFA/jour. Mais à la place des 25 000 F/jour d’immobilisme, Bakorè Sylla leur a fourni du carburant pour arranger cette situation.


Aucune date butoire

L’attaché de la Directrice Générale Adjointe de la SOMATRA, a été très formel: “Nulle part dans le contrat, on ne parle de délai ou de date butoire pour l’acheminement des marchandises”.

A la date d’aujourd’hui, sur les 86 000 tonnes de riz de Bakorè Sylla en souffrance au port d’Abidjan, la SOMATRA a pu acheminer le maximum de marchandises. Cela fait une semaire que les camions sont à la zone industrielle pour être déchargés.

En tout état de cause, à moins de quinze jours du début du mois de Ramadan, Bakoré Sylla porte à la connaissance de l’opinion qu’il ne peut plus honorer ses engagements. Dans la capitale malienne, les 60 magasins témoins initiés par le gouvernement en raison de 10 magasins par commune sont presque vides. Bamako n’est pas à l’abri d’une pénurie de riz, cela est dû à la non utilisation judicieuse de l’exonération que l’Etat lui a accordée. Voilà une des manières qui donnent raison au vérificateur général.

Le vérificateur général M. Sidi Sosso Diarra écrivait dans son rapport annuel 2007, troisième du genre que : “les actions entreprises en matière de sécurité alimentaire n’ont pas contribué à améliorer efficacement et durablement la disponibilité des denrées de première nécessité. Entre autres la gestion des exonérations ayant pour but de faciliter les approvisionnements n’a pas été conduite de manière efficiente et efficace”.

Bakoré Sylla ne doit-il pas rendre compte ?

Daba Balla KEITA

18 Aout 2008