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En 2002 lorsque les militants du parti pour la demande sociale (PDS) ont massivement voté pour le général Amadou Toumani Touré c’était dans le seul but de rendre plus de justice dans la gouvernance. Tare de notre société l’inégalité est si excessive que de 12 millions de maliens, elle fait 12 millions de défavorisés, de frustrés, de mécontents.

Pour avoir manqué à cette obligation de Kokajè l’Adema perdit les élections en 2002. pour avoir promis d’en venir à bout, ATT fut porté au pouvoir. La revendication d’égalité, de justice est devenue institutionnelle.

La création du bureau duvérificateur général cette structure présidée par Sidi Sosso Diarra rédigea d’excellents «rapports sans suite» dont le précédent quinquennat s’était fait une spécialité. En cinquante pages ces rapports ont épinglé des directions générales de services et des ministères dans différentes formes de l’inégalité devant l’argent mais aussi devant l’éducation, la culture, la santé, le logement, les marchés publics.

Pourtant l’inégalité est très perceptible dans la nature même de l’économie libérale. C’est elle qui distingue les vainqueurs des vaincus, qui sélectionne les meilleurs. Quelle que soit son amplitude, elle n’est pas contraire à la justice dès lors que les autres sont égales au départ, et que la compétition reste régulière.

Appliqué dans toute sa rigueur, ce système conduit l’Etat à permettre l’écrasement complet du pauvre par le riche. Cette pratique d’écraser les opérateurs économiques ne faisant pas partie du cercle restreint du président est mise en application par la direction générale des marchés publics (DGMP) crée en 1990. D’où ce titre de nos confrères de le «républicain» ambition de Modibo Sidibé pour les marchés publics : porter le gré à gré à 250 millions.

Dès lors on comprend aisément pourquoi la société de transformation de papiers au Mali (Tranfopam) a été éliminée au profit du groupe Tomota connu pour ses largesses. Or, il n’est un secret pour aucun malien que c’est le groupe Tomota qui détient le monopole du marché des fournitures scolaires. Un vrai déni économico – fiscal qui ne dit pas son nom dans un contexte que l’on veut libéral.

Depuis 2007, transfopam postule pour les marchés de fournitures cahiers scolaires. Elle a été écartée au profit du groupe Tomota pour des critères non prévus par les textes réglementaires en ce qui concerne l’attribution des marchés publics.

Ces critères appelés post qualification sont modifiables à souhait selon les années par les commissions d’attribution de marchés pour éliminer une société moins disant, ou favoriser une autre comme c’est le cas aujourd’hui alors que la rentrée des classes de 11è et 12è années des écoles secondaires n’a pas été effective. Raison ?


Manque de fournitures

Dans le code des marchés il est écrit:article46-2 titre 3 chapitre 1 les cahiers de charges doivent également rappeler que lorsque l’exécution du marché nécessite l’acquisiton de matériels ou matériaux à prix et qualité égaux ,préférence est donné aux produits fabriqués au Mali.

Transfopam n’importe pas ses cahiers. Si le gouvernement ne se ressaisit pas vigoureusement pour modifier radicalement le cap, s’il n’a pas le courage de rompre avec des opérateurs économiques de moralité douteuse, alors, le Mali dérivera vers un scénario du 26 Mars 1991, comme disait un ancien président Malien. « Lorsqu’on est broyé par les pesanteurs sociales la seule idée qui nous vienne c’est la violence« .

Safouné Koumba

15 Décembre 2008