Partager

Interrogé sur la nouvelle tendance de certains partis politiques à aller vers la fusion, le Président du PDP, Mady Konaté, a répondu que c’était une bonne chose puisqu’on parle de pléthore des partis politiques.

Le député URD de Kati, Alou Bathily, a fait remarquer que ces fusions devaient tenir compte de la base en impliquant les comités, sous sections et sections des partis politiques. En fait, pour le député, les fusions ne doivent pas se limiter à des accords entre directions de partis, ce qui pourrait créer des frustrations de militants qui chercheraient, en conséquence, leur propre voie.

La question récurrente de savoir si les militants adhérent forcément à ces fusions est l’indicateur de la “mauvaise santé” de notre système politique où le simple militant est ignoré à plus d’un titre. Un parti politique comme le RND, créé en 1997 et qui se réclame d’une certaine base à Mopti, a forcément des militants qui clament leur appartenance au parti.

A ce niveau, ce n’est plus simplement une affaire de comités, sections et direction du parti. Des femmes et des hommes ont suivi les itinéraires de ce parti pour des raisons qui leur sont propres.

Donc, les fusions “au sommet”, restent encore des tares de notre démocratie puisqu’elles étouffent, pour certains, le sentiment d’appartenance à une formation politique. Au lendemain de la révolution du 26 mars, la majorité des citoyens avaient réclamé le multipartisme intégral, ce qui a engendré cette propension vers la pléthore.

Sur ce point, Modibo Sangaré de l’Union pour la renaissance nationale a fait savoir qu’on ne peut pas vouloir une chose et son contraire puisqu’on avait réclamé la pluralité des opinions.

Concernant le nombre des organes politiques, il a indiqué qu’en réalité sur 116 formations, seule une vingtaine anime régulièrement la scène politique. Donc, selon lui, on ne saurait parler de réelle pléthore. M. Sangaré a laissé entendre que rien n’empêchait les partis qui ont le même projet de société de fusionner.

En revanche, il a précisé que si c’était uniquement pour des ambitions personnelles, cela devient un encombrement du paysage politique et une voie sans avenir. Le président de l’UNPR qui soutient qu’il n’a pas le même projet de société que les autres partis ne peut donc, en conséquence, aller vers la fusion.

Pendant les années 90 déjà, 91 partis politiques ont été créés. Aujourd’hui, le Mali compte 116 partis politiques. En réalité, les récentes fusions n’ont pas réussi à éteindre cette soif de créer des partis. La dernière née, l’Union pour le développement du Mali (UDM) a vu le jour samedi dernier.

Le parti entend instaurer une véritable culture politique démocratique favorisant l’émergence d’un citoyen de type nouveau. Pourtant, son président Ibrahim Siby, était un cadre notoire du Rassemblement pour le Mali.

Ibrahim Siby avait claqué la porte du Rpm, à la veille de l’élection présidentielle et certaines sources parlaient de la main mise d’ATT sur les cadres du parti du Tisserand. Aujourd’hui, si certains cadres du RPM qui ont durement ressenti la stigmatisation d’être dans l’opposition, ont rejoint l’Adéma-Pasj, il n’en demeure pas moins que d’autres tentent de se frayer leur propre chemin.

Ces fusions ont-elles un avenir certain si des cadres continuent de quitter leurs formations politiques pour en fonder d’autres ? D’autant plus que les créations de partis sont plus courantes que les fusions.


Baba Dembélé

07 Mai 2008