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Au Mali, à la faveur du multipartisme intégral recommandé par la conférence nationale souveraine, il y a eu une floraison de partis politiques, conformément à la soif de liberté d’expression, de réunion et d’association d’une frange importante du peuple s’est engagée dans la voie de la création tous azimuts de partis politiques.

La plupart de ces partis n’ont pu maintenir leur cohésion dans le temps, à cause des divergences d’intérêts et de vue, puisqu’en général c’était dans la précipitation. Dès lors, la politique a pris l’allure d’un fonds de commerce.

Entre conviction et passion

C’était la période de grandes euphories au sein de la population générale qui laissaient peu de place à des diagnostics sans complaisance des convergences de vues et d’approches stratégiques entre différents partenaires quant à la création des partis, surtout à leur fonctionnement régulier.

Le souci majeur, à l’époque, c’était de se créer un cadre propice d’expression et de participation à la vie publique, sous tendu par des bénéfices qu’on pourrait tirer de la pratique politique, puisqu’il s’agit de conquérir le pouvoir politique et de l’exercer en se mettant dans une situation de privilégié par rapport à ses concurrents ou adversaires politiques.

D’où l’émergence de plusieurs partis politiques, certains ayant très peu de cadres et militants, en dehors des membres fondateurs. Ce fut une question d’ambition, de passion dans certains cas et de conviction dans d’autres. N’est-ce pas là qu’il faut rechercher les origines des scissions?


Une évolution en dents de scie

Ceci explique sans doute cela, puisqu’au file du temps, plusieurs partis politiques n’ont pu résister sur l’échiquier politique en raison de leur léthargie fondée sur: l’inexistence de ressources financières pour organiser des activités incontournables dans la vie d’un parti politique, manque de projet de société spécifique qui susciterait de l’engouement. Certains n’avaient pas une idéologie forte qui sous tendait leurs ambitions politiques.

Au-delà de ces cas, d’autres partis sont en train de végéter depuis leur création, au point qu’on se demande si certains d’entre eux ont même jamais participé à une quelconque élection. En tout cas ils n’ont aucun élu, ni communal ni député. Ils disent avec les autres que leur vocation est la conquête du pouvoir mais, la question que l’on se pose, c’est de savoir s’ils travaillent véritablement à cela.

A ceux-ci s’ajoutent les partis qui parviennent à se faire élire quelques conseillers communaux, voire un ou deux députés, mais ayant des difficultés à occuper véritablement le terrain pour cause d’insuffisance de moyens. Leurs animateurs ont un très faible participation aux débats politiques.

Aussi, même s’ils sont en train d’évoluer dans des regroupements politiques ou électoraux, ils y font pratiquement de la figuration. Ils ont de plus en plus de problèmes à survivre et n’ont aujourd’hui d’autre alternative que de se fondre dans d’autres partis plus grands, mieux implantés sur l’ensemble du territoire national pour ne pas disparaître. C’est sans doute cela la voie du salut pour eux.

On se rappelle que certain jouissaient de leur partenariat avec l’Adéma pendant ses deux mandats notamment dans le cadre de la CNDP, mais depuis la fin de ce règne, ils sont en perte de vitesse sur l’échiquier politique national. D’autres, au contraire, sont en train de voir leur situation légèrement s’améliorer sur la scène politique.

Les mêmes méthodes tombées en désuétude

Dans tous les cas, leurs animateurs sont persuadés qu’au-delà de leur participation aux débats politiques, ils ont peu de chance de s’élever sur la scène politique, la plupart d’entre eux étant à court d’imagination pour avancer. En effet, de l’ouverture démocratique à ce jour, les méthodes utilisées par les partis politiques sont presque toujours les mêmes.

Nous en avons eu la preuve au moment des élections générales de 2007 avec une opposition surexcitée qui a contribué à son propre échec par ses abus, ses excès verbaux contre leur adversaire politique que fut le président Amadou Toumani Touré. La suite on la connait.

C’est cela, en plus des fausses promesses électorales qui démobilisent les électeurs qui préfèrent plutôt monnayer leurs voix. Dans ce cas, estiment-ils, chacun trouve son compte. N’est-ce pas pourquoi une fois élus, beaucoup d’acteurs politiques estiment qu’ils doivent peu à leurs électeurs?

En tout cas, cela est une erreur, surtout quand on s’est engagé devant le grand public à tout mettre en œuvre pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations. Il y a lieu de revoir cette mentalité sinon au bout du compte, c’est le vote sanction des électeurs qui attend.

Les grands ensembles

Ainsi, à part ces partis, il y a les poids lourds: l’Adéma, l’URD et le RPM et les autres qui ont aussi leur mot à dire, en raison du fait qu’ils ont quelques députés et plusieurs conseillers communaux. Mais, il n’est un secret pour personne qu’aucun de ces partis, à lui seul, ne peut remporter les élections présidentielles en raison du nombre habituellement élevé de candidats à l’élection du président de la République.

Nous sommes à l’heure des regroupements de partis politiques non pas à des fins électorales, mais pour de bon. C’est le moment des fusions entre partis politiques et depuis la fin des élections générales de 2007, deux partis, les premiers sur l’échiquier politique national que sont l’Adéma et l’URD, sont en train d’absorber les autres plus faibles pour renforcer leurs capacités électorales d’ici les prochaines échéances électorales.

Va-t-on assister à la formation d’un grand ensemble sur la base de partis faiblement implantés sur l’échiquier politique national? En tout cas, l’US RDA, le PIDS, le BDIA envisagent de se retrouver pour continuer la lutte politique afin d’enregistrer des victoires éclatantes.

C’est un grand projet dont la réalisation sera une menace pour certains partis qui se considèrent aujourd’hui comme ayant leur mot à dire. Pourquoi ne pas tenter l’expérience qui, si elle réussissait, apporterait des modifications significatives dans la donne politique?

Des scissions de partis

L’US RDA: Entre l’ouverture démocratique et les premières élections démocratiques, ce grand parti a connu une scission qui a donné naissance au Bloc pour la Démocratie et l’Intégration Africaine (BDIA) sous la houlette de feu Tiéoulé Mamadou Konaté. Aussi, en raison de la bataille judiciaire qui ne finissait pas autour du sigle US RDA, certains on parlé, en son temps, de fétichisme du sigle, un autre groupe dirigé par Daba Diawara a lancé le PIDS.

Des cadres et militants du BDIA, compte tenu des divergences de vues, aient démissionné du BDIA dirigé par Souleymane Makamba Doumbia. Plus tard, ils signeront leur entrée à l’URD. Ces cas sont nombreux sur la scène politique, tant il y a des mouvements dans plusieurs sens.

De même, une frange de l’US RDA, dirigée par Me Moriba Traoré a mis sur les fonts batismaux le Rassemblement Malien pour le Changement (RMC-Mali Kanu). Il donnera plus tard naissance au PDCI-Farafina Dambé, un parti qui a fusionné avec l’Adéma. Au nombre des partis issus de l’US RDA, il y a l’Union des Maliens pour le Progrès (UMP) dont le président est le Professeur Amadou Touré.

Le CNID : il a donné naissance au PARENA présidé par Tiébilé Dramé en septembre 1995, des suites de divergences stratégiques. De l’autre côté, un autre parti a vu le jour- le parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Intégration (SADI) dirigé par Cheick Oumar Sissoko.


Le PARENA :
quant à lui, a donné naissance au BARA (Bloc des Alternatives pour le Renouveau Africain) du Pr. Yoro Diakité qui, à son tour, a donné naissance au BARICA dirigé par Mamadou Sinayoko dit Gaucher.


L’ADEMA-PASJ :
Malgré sa position encore dominante sur l’échiquier politique national, l’Adéma fait partie des partis qui ont subi le plus grand nombre de scissions. En effet, en 1994, des cadres de ce parti ont quitté sous la direction de feu le Professeur Mamadou Lamine Traoré pour créer le MIRIA (Mouvement pour l’Indépendance la Renaissance et l’Intégration Africaine).

Par la suite, à la veille des élections générales de 2002, déjà en 2000, ce parti a connu sa deuxième scission avec la naissance du RPM que dirige Ibrahim Boubacar Kéïta. Comme si cela ne suffisait pas, après les élections générales de 2002, l’URD a été mis sur les fonts baptismaux le 1er Juin 2003 avec comme président l’ancien Premier ministre Younoussi Touré.

Avec le lancement de l’ASMA de Soumeylou Boubèye Maïga, on ne peut parler encore de scission à l’Adéma, le 1er vice-président du parti étant retourné et occupant aujourd’hui le poste de 5ème vice-président.

LE RPM : Ce parti, de sa création en 2000 aux élections générales de 2002 a eu une ascension fulgurante au sein de l’échiquier politique national, au point de constituer une menace du point de vue force de mobilisation. A preuve, après les élections législatives de 2002, le RPM avait le plus grand nombre de députés à l’Assemblée Nationale.

Mais à son tour, le parti connaîtra des difficultés nées des querelles internes de positionnement de certains de ses cadres ui finiront à entamer sa cohésion. C’est ainsi qu’aujourd’hui trois partis politiques sont issus du RPM. Il s’agit : du Front pour le Développement du Mali (FDM) présidé par le Dr. Harouna Sissoko, du CODEM, de l’Union pour le Développement du Mali (UDM-JAMA DJIGI).

A cela s’ajoutent des démissions de cadres çà et là, mécontents de l’approche stratégique du parti qui ont rejoint les rangs d’autres partis. Consécutivement à cela, le parti qui est en perte de vitesse, a enregistré une baisse de performances électorales avec au total 11 députés aux élections législatives de 2007.

Le PDP : de Me Drissa Traoré, ancien Bâtonnier n’a pas été épargné par le spectre de la scission. Ainsi, du PDP sont nés le MC-CDR de Me Boubacar Karamoko Coulibaly, puis le PDR Dunkafa Ton présidé par Kalilou Samaké, la CDS de Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise et en enfin le PDA (Parti pour la
Démocratie et l’Autosuffisance) Balognini Jama de Me Drissa Traoré. Récemment le PDA a viré à l’Adéma.

LE PUDP : parti créé par feu Mamadou dit Maribatrou Diaby a aussi connu une scission avec le départ de certains jeunes mécontents qui ont créé le MADI qui était présidé par feu Moussa Sidibé.

LE RDP : dirigé par feu le doyen Almamy Sylla, la scission du parti a donné naissance au PMDR de Me Abdoul Wahab Berthé et au RND de Me Abdoulaye Garba Tapo. En plus, récemment des cadres et militants de ce parti ont rallié les rangs du PSP dirigé par Hamadoun Dicko.


L’UDD :
dirigé aujourd’hui par Me Hassan Barry, il a subi une scission avec le départ du Professeur Younouss Hamèye Dicko qui a créé le RDS.


LE RND : l
a scission de ce parti a donné naissance à la CND dirigée par Bandjougou Bidia Doucouré et Ousmane Oumarou Sidibé. Précisons que la CND s’est fondue par la suite dans l’URD, pendnat que le RND est à l’Adéma. Quant au MPR, il apparait come l’un des partis les plus stables de l’échiquier politique national.

L’absence de cohésion explique en partie le nombre jugé trop élevé des partis politiques au Mali. Toute chose qui explique que la classe politique malienne a encore beaucoup à faire pour se faire respecter davantage et surtout pouvoir éviter ce que certains acteurs politiques détestent depuis quelques années, à savoir la conquête du pouvoir par des candidats indépendants à toutes les élections.

Les partis seraient-ils relégués au second plan avec cette nouvelle donne depuis les élections générales de 2002? Rien n’est moins sûr, dans la mesure où tout se fait avec les partis et acteurs politiques qui s’engagent à y jouer leur partition moyennant des compensations, parce que sachant le plus souvent dès le départ qu’ils n’ont pas l’audience nécessaire pour remporter certaines élections.

Si ce débat avait fait rage un moment, force est de constater que ce n’est plus le cas aujourd’hui, à un moment où la majorité des acteurs politiques est dans la logique de positionnement du côté du pouvoir. Il faut une reconversion des mentalités et au plan politique cela doit commencer par les partis, les acteurs politiques eux mêmes.

Sont-ils prêts à se remettre en cause? Rien n’est moins sûr à ce niveau aujourd’hui. Ce qui signifie que le changement auquel certains prétendent aujourd’hui n’est pas pour demain.

Moussa SOW

04 novembre 2008