En effet, la coopération ACP-UE est un projet politique ambitieux qui définit des relations Nord-Sud fondées sur la solidarité tant du point de vue commercial que de l’aide au développement. Ce projet politique doit répondre également aux options politiques et économiques des pays européens à savoir la préservation des marchés extérieurs privilégiés, la garantie de l’approvisionnement en matières premières et la gestion des intérêts géostratégiues européens. Cette forme de coopération est-elle bénéfique pour les pays de la CEDEAO Land ?
Les pays de l’UEMOA et de la CEDEAO (engagés dans plusieurs processus de libéralisation sont-ils capables à l’instar des autres regroupements des pays ACP de conduire avec la perspicacité nécessaire les négociations notamment celle concernant l’APE avec la CE ?
La négociation est un rapport de force. Face à l’UE, les capacités de l’UEMOA et de la CEDEAO même combinées sont jugées insuffisantes par toutes les parties. La disparité des économies des pays membres et la faiblesse du commerce intra régional sont des handicaps difficiles à surmonter.
Les atouts de l’UEMOA et de la CEDEAO
L’UEMOA est un exemple d’intégration régionale très poussée. Elle forme une union douanière et une union monétaire fortes et stables. Il existe une complémentarité entre l’UEMOA et les autres pays de la CEDEAO qui constitue un marché de plus de 200.000.000 habitants. Donc les pays de l’UEMOA, le Tarif Extérieur Commun (TEC) ne s’applique plus aux produits importés des autres pays de la CEDEAO encore moins à ceux importés de l’UE.
Dans la zone UEMOA, la libre circulation des personnes et des biens est une réalité, mais la question relative à la zone de libre échange connaît quelques difficultés d’application sur le terrain.
Les exportations en direction des pays de l’UE concernent surtout le café, le cacao, le bois, la pêche, les fruits. La faiblesse cependant du secteur industriel dans les pays de la CEDEAO se traduit par une dominance des produits agricoles primaires et les animaux vivants (bovins et ovins) dans les produits échangés à l’échelle communautaire.
L’accord de partenariat économique (APE) est un accord de libre échange couplé avec l’aide pour faciliter les ajustements nécessaires et leur mise en oeuvre en général. Pour le cas du Mali, une appréciation doit être portée sur les forces et les faiblesses d’une adhésion à un APE au sein des entités sous-régionales.
Mais face aux lourdeurs et tracasseries administratives des pays de la CEDEAO, des innovations sont apparues nécessaires comme il ressort de l’accord de Cotonou. Ces innovations sont entre autres le renforcement de la coopération politique, la promotion de l’approche participative, le combat contre la corruption, la consultation de la société civile sur les réformes et les politiques qui feront l’objet d’un soutien de la CE, la libération des échanges, le recentrage des politiques de développement sur les stratégies de réduction de la pauvreté, la création d’une facilité d’investissement pour soutenir le développement du secteur privé, la décentralisation des responsabilités vers les acteurs de terrain pour plus d’efficacité…
Donc les accords de partenariat économique sont censés accélérer l’insertion des économies sous-développées dans le circuit des échanges internationaux en même temps qu’ils favorisent les processus d’intégration régionale en cours.
Pour le Mali, des avantages peuvent être tirés de certains produits comme le coton et le bétail. Si le marché du sucre malien doit être protégé, la production locale du maïs doit subir des améliorations pour sa compétitivité à l’échelle sous-régionale.
Toutefois, nonobstant la facilité d’investissement accordée aux ACP, les produits tempérés sont exemptés de certaines restrictions appliquées au titre de la Politique Agricole Commune (PAC) de l’UE, qui protège les agriculteurs européens par l’importation des droits élevés à l’importation, des prélèvements, les contingents et l’octroi de subventions. Ces exemptions touchent un quart environ des exportations agricoles et prennent la forme d’exonération ou de réduction des droits ou prélèvements appliqués. Les exportateurs ACP restent désavantagés par rapport aux producteurs de l’UE elle-même.
Face à cette situation, le problème des pays de la CEDEAO est-il résolu ? L’Accord de Partenariat Economique (APE) peut-il être bénéfique si les produits comparativement avantagés pour l’UEMOA ou la CEDEAO sont inaccessibles aux marchés européens ?
I.S
11 Avril 2005