La tendance qui se dégage avec cette approche démographique repose sur les facteurs qui permettent un renversement, voire un bouleverssement des rapports au détriment du facteur démographique, à travers la mise en oeuvre des pratiques d’espacement des naissances.
Il faut également considérer que certains partenaires au développement des pays pauvres comme le Mali pour être favorables à l’espacement des naissances sont pris en partie par certaines composantes de la société civile.
Toute la question est de savoir si cette approche démographique dans le cadre de la lutte contre la pauvreté correspond véritablement aux réalités et spécificités des pays en développement. La question a tout son sens et mérite qu’on s’y penche.
LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
La pauvreté serait-elle l’apanage des pays du sud dits pays en développement ? Rien n’est moins sûr quand on sait que les difficultés économiques et sociales ne sont pas inhérentes à nos seuls pays. D’ailleurs, dans les pays développés, industrialisés, on constate une grande disparité entre les riches et les pauvres.
A ce niveau le combat continuel est la réduction de ces disparités et la sécurité sociale représente le thème central autour duquel se développent les débats en période de campagne électorale, notamment en France.
En parlant du cas spécifique des pays en développement dont le Mali, il est difficile de soutenir que la disparité entre croissance démographique et ressources disponibles est à l’origine de l’extrême pauvreté des populations.
Cela n’enlève rien au fait que les ménages sont confrontés en grand nombre à des difficultés, en raison du nombre élevé des membres de la famille. Cela pose plutôt, la problématique de l’emploi des jeunes, dont certains, quoique détenteurs de diplômes, ont du mal à avoir un emploi décent et ce pendant plusieurs années.
Une conséquence de ce fait est qu’ils représentent donc des charges pour la famille. En effet, dans nombre de familles, ce sont les chefs de familles qui sont les seuls à supporter toutes les charges, ce qui réduit considérablement le revenu familial.
UN FAIBLE NIVEAU DE CREATION D’EMPLOI
A ce niveau, au lieu d’indexer le nombre élevé de membres de la famille, il faut plutôt déplorer le faible niveau de création d’emplois dans nos pays, malgré les efforts déployés par les autorités successives dans la recherche de solutions à ce problème crucial.
Ce n’est donc pas un hasard si le 23è Sommet des chefs d’Etat d’Afrique et de France a choisi pour thème “la Jeunesse sa vitalité, sa créativité, ses aspirations”. Le thème vient à point nommé quand on sait que la jeunesse doit être le fer de lance du développement économique, l’espoir de toute une nation. La solution de la pauvreté passe inéluctablement par la création d’emploi.
La tendance actuelle est d’aller au-delà de la création d’emplois au niveau de l’administration publique ou du secteur privé formel, en donnant une place de choix à la promotion de l’emploi rural qui a une grande capacité d’absorption du chômage d’une part et d’augmentation de la production nationale d’autre part. Toutes choses qui sont indispensables pour un pays en développement qui veut véritablement connaître un décollage économique.
Ainsi, il ressort que nous avons plutôt besoin en tant que pays en développement, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, de créer le maximum d’emplois, d’augmenter et de diversifier la production, conformément aux directives qiu mènent à la bonne gouvernance démocratique. Il importe de préciser que cela bat en brèche l’idée selon laquelle les facteurs démographiques ont une incidence négative.
Au sein de l’opinion publique nationale, il existe l’idée selon laquelle les politiques de limitation ou d’espacement des naissances représentent un frein au développement de nos pays, à la lutte contre la pauvreté qui passe forcément par l’augmentation de la production des biens matériels. Les politiques de développement mises en oeuvre doivent prendre en compte ces particularités surtout à un moment où on ne cesse de parler du danger de l’insécurité alimentaire au Mali et dans d’autres pays voisins.
Moussa SOW
CONCEPTS DE SECURITE ALIMENTAIRE
Le Mali, un pays mal nourri
Famine, crise alimentaire, difficulté alimentaire, insécurité alimentaire etc. Voilà autant de concepts et terminologies utilisés par les hommes de médias lors de la campagne agricole 2004-2005 au Mali caracterisée par un déficit céréalier dû à l’arrêt précoce des pluies et à une invasion des criquets pèlerins. Plusieurs articles de presse sont parus pour décrire cette situation particulière.
La portée excessive de certaines expressions a contribué à entretenir une certaine tension dans le pays qui a montré que les concepts de sécurité alimentaire ne sont pas compris de la même manière par tous les acteurs. Partant de cela, le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA), avec l’appui du PROMISAM, a initié le 30 novembre dernier une journée de mise à niveau des hommes de média sur l’utilisation des termes et concepts et le dispositif du système de sécurité alimentaire au Mali.
La cérémonie d’ouverture de cet atelier était présidée par Mme Lansry Nana Haïdara, commissaire à la sécurité alimentaire et par le Directeur de l’US-AID-Mali Alexander Newton. Le Directeur de l’US-AID a réitéré l’engagement des Américains aux côtés des Maliens pour la construction de la sécurité alimentaire structurelle. Selon M. Newton, l’US-AID Mali a trois priorités : La croissance économique bien partagée au niveau local; la démocratie et la bonne gouvernance; l’information et la communication pour le développement.
Le projet de Mobilisation des Initiatives en matière de sécurité alimentaire au Mali (PROMISAM) appuie les collectivités décentralisées à développer leurs plans locaux de sécurité alimentaire de façon participative.
Dans la recherche de solutions aux difficultés alimentaires de la campagne 2004-2005, le gouvernement du Mali à travers le C.S.A a pris une série de mesures qui sont : les distributions gratuites de céréales, la création de banques de céréales, les ventes de céréales à prix modérés, les opérations d’importations de céréales hors TVA, les distributions de semences aux producteurs, la vente à prix réduit de l’aliment bétail, etc.
SITUATION ALIMENTAIRE AU MALI
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la Banque mondiale définissent la sécurité alimentaire comme étant la capacité pour toute personne de posséder à tout moment ou d’accéder à une alimentation saine et suffisante pour mener une vie active et pleine de santé.
Partant de cette définition, nous pouvons dire que la sécurité alimentaire repose sur quatre piliers fondamentaux : la disponibilité des aliments, l’accessibilité, l’utilisation et la stabilité dans l’approvisionnement.
Chacun de ces quatre piliers est condition de quelque chose; c’est ainsi que la disponibilité est soutenue par une production nationale, la facilité des échanges commerciaux et les aides. L’accès physique à l’alimentation est condition de l’efficacité du système de distribution et de transport.
L’utilisation dépend des pratiques et habitudes alimentaires, des modes de consommation, des connaissances nutritionnelles et de la santé de l’individu. Quant à la stabilité ou durabilité, elle est fonction de la dimension temporelle de l’insécurité chronique, transitoire ou cyclique. La sécurité alimentaire va donc au-delà de la production céréalière, l’autosuffisance alimentaire l’aide alimentaire et les actions d’urgence.
LE PARADOXE MALIEN
Selon la FAO, 32% de la population malienne était sous alimentée de 1996 à 1998. Le secteur agricole a progressé de 3,9% au cours des 13 dernières années; les disponibilités ont diminué de 20k cal par personne et par jour; la diversification dans l’alimentation a également diminué.
Les statistiques démontrent une malnutrition chronique et aigue dans la plupart des régions du pays y compris les zones excédentaires. Ces chiffres montrent que le Mali est loin de gagner la bataille contre la faim malgré une forte croissance des productions alimentaires.
En somme, le Mali est un pays mal nourri. L’emploi est le déterminant de la pauvreté en milieu urbain. La priorité est de s’attaquer au chômage.
Daba Balla KEITA
05 décembre 2005.