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Cinq mois après le 8 mars, journée mondiale de la femme, la journée panafricaine des femmes planchera, le 31 juillet 2007, sur un thème très pertinent : “le rôle et la place de la femme dans la lutte contre la pauvreté au Mali”. Un thème qui traduit la détermination des Maliennes à bouter la pauvreté hors du pays.

Pour la cause, d’autres objectifs seront abordés: sensibiliser les autorités maliennes sur l’application des engagements internationaux pris en faveur de la promotion et de la protection de la femme, exhorter les différents acteurs à une meilleure prise en compte du rôle et de la place de la femme dans la mise en oeuvre du cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté, encourager une participation accrue des femmes aux instances de prise de décision et faire connaître le savoir-faire des femmes, en matière de lutte contre la pauvreté.

Rappelons qu’à l’heure de la mondialisation, le développement économique constitue un défi majeur à relever pour toutes les nations du continent africain et du Tiers Monde. Depuis 1995, la plupart des économies de la région subissent l’amère expérience d’une dégradation quasi-collective. Aussi, une bonne frange de la population -et particulièrement les femmes -vit en dessous du seuil de pauvreté.

Depuis la conférence de Beijing, les gouvernements africains ont réaffirmé leur volonté et leur engagement à promouvoir le rôle économique des femmes, tout en initiant, au sein de la société, un changement fondamental de perception et de mentalité, qui intègre les besoins, préoccupations et intérêts stratégiques des femmes de toutes les catégories socioprofessionnelles.

Il faut reconnaître qu’en Afrique, l’un des problèmes majeurs de la féminisation de la pauvreté est du à la vulnérabilité des femmes, face au VIH/Sida. C’est fort de cette réalité que le Secrétariat général de l’Organisation Panafricaine des Femmes (OPF) a, cette année, mis l’accent sur le développement économique du continent. D’où le choix du thème “Paupérisation du continent, quel développement pour l’Afrique? Défis et en enjeux”.

Compte tenu de la pertinence de ce thème, qui prend en compte leurs préoccupations, les femmes maliennes ont opté pour leurs rôle et place dans le combat contre la pauvreté.

Rôle de la femme dans l’économie malienne

L’économie du Mali, qui, depuis 1960, est caractérisée par une augmentation prononcée des investissements publics, repose essentiellement sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat et le commerce. Le produit intérieur brut, par habitant, est inférieur à 300 dollars US. Le secteur primaire fournit plus de 44,6% du PIB, tandis que le secteur secondaire ne représente que 16,7%, et le tertiaire, 38,7%.

Durant les cinq dernières années, le taux de croissance économique, qui est de 3,3%, a dépassé celui de la croissance démographique qui est de 2,2%. Malgré ces résultats encourageants, la grande majorité des Maliens vit au dessus du seuil de pauvreté. La situation des femmes est encore plus préoccupante.

La grande majorité de la population vit en milieu rural et travaille dans le secteur primaire. Les femmes constituent une importante ressource humaine, en matière de développement. Elles constituent également plus de 51,2% de la population et représentent 60 à 80% de la main-d’oeuvre agricole. Elles dominent les activités des secteurs informels et des services et contribuent énormément au développement du pays.

En milieu rural, les femmes sont majoritairement agricultrices, plus particulièrement productrices de vivres. Elles jouent un rôle prépondérant dans le secteur rural et contribuent, pour 75% à 8%, dans l’agriculture. Elles sont présentes à toutes les étapes de la production alimentaire, aussi bien individuellement que dans le cadre des groupements. En milieu urbain, elles sont peu présentes dans le secteur moderne, et très actives dans le secteur informel.

Dans le secteur moderne de l’emploi, les femmes sont moins actives et moins occupées que les hommes. Dans le commerce plus structuré et formel, les femmes sont peu présentes ; les hommes sont “propriétaires ou gérants de commerce de gros et de détail, chefs de vente, conseillers, ingénieurs ou inspecteurs, commis vendeurs, employés de commerce, démonstrateurs”, etc.

Dans le secteur formel, la disparité entre hommes et femmes est plus évidente : les effectifs du secteur privé ne comportent que 9% de femmes, contre 91% d’hommes. Ceux du secteur public comprennent 23,6% de femmes, contre 79,4% d’hommes.

De plus, l’analphabétisme influe fortement sur l’état de santé de la femme. En effet, l’analyse des différents indicateurs de morbidité et de mortalité indique une corrélation négative avec le niveau d’instruction des mères, surtout en milieu rural.

D’une manière générale, la situation des femmes, en matière d’éducation et de formation, n’est pas satisfaisante. Le TBS total est de 67% en 2002-2003, dont 56,4% pour les filles, contre 77,9% pour les garçons, avec un écart de 21,5 points. En 2005-2006, le taux brut de scolarisation (TBS) au second cycle est de 52;1% pour les garçons, et 31,1% pour les filles. En 2006-2007, dans les facultés et instituts, les filles représentent en moyenne 24,43%.

Selon les études faites par les institutions des différents secteurs de développement économique et social, l’importance du rôle socioéconomique et culturel des femmes dans l’économie nationale a été unanimement reconnue. A travers des activités de production, de conservation et de transformation, de promotion, d’échanges et de consommation, elles contribuent fortement à accroître cette économie.

Pourtant, malgré leur rôle de productrices à part entière, leur travail n’est toujours pas comptabilisé, mais est rémunéré dans le cadre des prestations de service. Leur contribution au produit intérieur brut reste méconnue, et leur prise en compte, dans les politiques et programmes, est timide. Elles ne bénéficient ni de prestations sociales, ni d’aucune forme de protection sociale, et sont submergées par les travaux champêtres et ménagers qui leur laissent peu de temps pour le repos, les loisirs et les activités socioculturelles.

Cet état de fait a conduit le Gouvernement du Mali à élaborer et à mettre en oeuvre une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté : le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, première et deuxième génération.
Cependant, toutes ces actions engagées par le Gouvernement , depuis plusieurs années, ne semblent pas avoir eu les effets escomptés permettant de réduire la précarité des conditions de vie des populations en général, et des femmes en particulier, surtout dans les villes de l’intérieur et dans certaines zones rurales. Les limites des politiques semblent être liées à la faible utilisation des approches participatives dans les différents programmes.

Alors, dans ce contexte, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, en collaboration avec le Secrétariat régional de l’OPF, et la Commission nationale d’organisation de la journée, a jugé utile de soumettre encore à réflexion la problématique de la participation de la femme à la lutte contre la pauvreté, sous l’intitulé “Rôle et Place de la Femme dans la Lutte Contre la Pauvreté au Mali”, qui cadre parfaitement avec le thème africain intitulé “la paupérisation du continent, quel développement économique pour l’Afrique : Défis et enjeux”.

Signalons que les thèmes retenus, pour les 5 dernières années, étaient, en 2002 : “Femmes et Enjeux Electoraux” , en 2003 : “Lutter Contre la Sous Scolarisation des Filles et l’Analphabétisme des Femmes” , en 2004 : “Lutte contre la Mortalité Maternelle et Néonatale”, en 2005 : “Femmes, Enfants et Environnement : Quel Apport pour la Réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement?”, et en 2006 : “Paix, Sécurité et Stabilité Economique en Afrique”.

Mariétou KONATÉ

04 juillet 2007.