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En référence aux résultats d’une enquête publiée par l’Unicef Mali, le Projet de lutte contre le trafic des enfants en Afrique de l’Ouest (PACTE), appelé alors Projet de lutte contre le trafic des enfants ou (PLTE), avait pour objectif d’accueillir et d’organiser le rapatriement d’un millier d’enfants victimes de trafic venus de la Côte d’Ivoire. Pour ce faire, un centre d’accueil dénommé Horon So a été ouvert à Sikasso par Aide à l’enfance Canada, qui s’est chargée d’exécuter le projet.

Compte tenu de l’insuffisance du nombre d’enfants rapatriés (environ 50), le projet a été réorienté vers une approche basée sur la migration, considérée comme une des causes principales du phénomène de trafic et d’exploitation des enfants dans la région ouest-africaine.

Initialement mis en œuvre par Aide à l’enfance Canada, de 2004 jusqu’en mars 2007 (fin du projet), le projet a connu un changement de stratégie. Cela a conduit Aide à l’enfance Canada à développer une collaboration avec des ONG et associations locales, devenant ainsi des agences d’exécution suivant la stratégie de « Faire-Faire ».

Ainsi, sur la base d’un appel d’offre assorti de critères pertinents d’éligibilité, les associations AJA-Mali, AID-Mali et Guamina ont été retenues au niveau du Mali, l’Association d’appui aux initiatives communautaires (Adic) à Kankan (Guinée-Conakry), et les associations Salaki, Munyu et TIE au Burkina Faso. Outre l’approche droit qu’il développe traditionnellement, le projet privilégie désormais une approche communautaire avec la participation de toutes les composantes socio-économiques dans les zones où il intervient.

Ces différentes approches stratégiques développées considèrent la migration comme le facteur déterminant du trafic d’enfant. C’est la raison pour laquelle, le sujet de migration ou « mobilité » dans d’autres cieux a fait l’objet de beaucoup de débats ces derniers temps.

Ceci étant, le projet a pris l’option d’intervenir sur l’ensemble des vulnérabilités des enfants dans son processus de déplacement quelles que soient les conditions, par la mise en place d’un dispositif complet de prévention ou de mesures spéciales de protection.

Plusieurs interventions peuvent être menées : écoute, références vers des ressources du milieu, soutien psychologique et ce dans le milieu où se trouve l’enfant si les conditions le permettent.

Dans cette stratégie d’intervention, le projet a développé une approche originale complémentaire à celles développées par les autres intervenants déjà actifs sur le terrain de la protection des enfants. Des activités de renforcement des capacités des acteurs ont été menées. Cela a permis de consolider les mécanismes de protection des enfants vulnérables/victimes de trafic dans les zones d’intervention du projet.

Au cours du processus de développement de cette stratégie, un filet de protection de l’enfant dans son processus de migration a été posé, en mettant l’accent sur l’instrumentation de toute la méthodologie à travers le développement d’un coffre à outils qui contient toute la stratégie développée par le projet au profit des acteurs et partenaires.

Pour les quatre années passées (2004-2008) représentant la première phase d’exécution, le projet a concentré ses efforts sur les zones frontalières entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée. Ce sont des zones à haut risque en trafic des enfants en tant que lieux d’origine ou de destination.

Cette première phase a été suivie d’une autre au cours de laquelle des résultats tangibles ont été obtenus. L’Agence canadienne pour le développement international (Acdi), principal bailleur du projet a donné ainsi son approbation pour la prolongation du projet pendant dix-huit mois (d’avril 2008 à septembre 2009), dans le but de renforcer ces résultats qui, pour elle, sont fragiles, et de s’orienter dans une perspective de régionalisation du projet.

Durant les quatre années donc, l’intervention du projet s’est focalisée sur l’axe de migration de l’enfant avant son départ, pendant la migration et l’arrivée à destination avec des activités conséquemment identifiées et en cours d’exécution.

Pour assurer la consolidation de tous ces acquis, le projet, dans sa phase d’extension, a jugé utile de réviser les outils en y intégrant les recommandations des acteurs et partenaires. Parmi ces recommandations, on note l’élaboration des modules de formation en rapport avec la stratégie d’intervention.

En perspective, le Pacte veut : « étendre et consolider progressivement de façon durable, à tout l’espace de l’Afrique de l’Ouest, renforcer le filet de sécurité par les organisations de la société civile et les services publics en faveur des enfants exploités et vulnérables en situation de migration ».

A. Kalambry

24 Février 2009