Dans son allocution d’ouverture, le président de l’Assemblée nationale a abordé nombre de sujets de la vie nationale.Les députés se sont retrouvés lundi pour la deuxième session ordinaire de l’année parlementaire 2009-2010 communément appelée « session des lois » ou encore « session d’avril ». Une session qui, au terme de la Constitution, est ouverte le premier lundi du mois d’avril. D’où la cérémonie d’ouverture en ce lundi de Pâques. L’ouverture solennelle a été marquée par la présence du Premier ministre, de nombreuses de personnalités et d’une délégation de députés de la CEDEAO présents à Bamako (voir l’article de L. Diarra).
Dans son allocution d’ouverture, le président de l’Assemblée nationale a abordé divers aspects de la vie nationale. Dioncounda Traoré s’est d’abord félicité de la réélection de notre compatriote, Oundé Touléma à la tête du Comité interparlementaire de l’UEMOA. Une marque de confiance en l’endroit du Mali et du parlement malien, dira-t-il. La session s’ouvre, a indiqué le président de l’Assemblée nationale, avec 33 projets de loi sur sa table dont 13 qui étaient en instance, et parmi lesquels le projet de loi portant Code des personnes et de la famille renvoyé en seconde lecture.
Dioncounda Traoré a eu une pensée émue pour les victimes de bousculade autour de la mosquée Djingareyber à Tombouctou lors de la célébration du Maouloud 2010. Un événement qui a fait des nombreux morts et qui, de son point de vue, a donné l’occasion de mesurer la dimension de la solidarité nationale et le courage des populations.
Parlant de l’intersession et des efforts entrepris pour la restitution, Dioncounda Traoré a salué la volonté d’expliquer aux populations les lois votées pendant la session précédente et les activités importantes menées par l’Assemblée nationale. « Vous avez notamment rendu compte des missions effectuées par plusieurs de nos commissions permanentes dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale, de même que notre participation à toutes les réunions statutaires d’institution parlementaires internationales », a-t-il noté.
Le président de l’AN a remercié le Premier ministre et les autres membres du gouvernement pour leur esprit de bonne collaboration à l’occasion des missions des élus à l’intérieur et à l’extérieur. Dioncounda Traoré salué l’exécutif pour tout ce qu’il a fait notamment dans le domaine du désenclavement intérieur et extérieur et en matière d’aménagements hydro-agricoles. Il a évoqué la pose de la première pierre du barrage de Taoussa le 6 février dernier.
Le président de l’Assemblée nationale est longuement revenu sur la situation de l’école. Il s’agit là, a-t-il estimé, d’une question qui constitue aujourd’hui un véritable défi à notre peuple, aux parents, au gouvernement, aux enseignants, aux élèves. Et cela malgré toutes les rencontres sur le sujet. « Le temps où le produit de l’école malienne était recherché est révolu, a constaté le président de l’AN. Aujourd’hui même dans la sous-région, les bacheliers maliens sont soumis à des tests de niveau. Malgré l’organisation du forum national sur l’éducation, le constat est loin d’être rassurant ».
Au nom du bureau de l’Assemblée nationale et de l’ensemble des députés, il a lancé à tous les protagonistes, à tous les partenaires de l’école un appel « pressant et angoissé pour un sursaut patriotique ».
L’école malienne, a-t-il poursuivi, doit retrouver son lustre d’antan ! « Les sacrifices à consentir peuvent paraître énormes, mais ils ne sont pas au-dessus des capacités de notre peuple et de toutes façons, ils sont nécessaires si nous voulons que le Mali existe demain », a plaidé le président de l’Assemblée nationale avant d’appeler au dialogue. « Partenaires de l’école, dialoguez, dialoguez encore, dialoguez toujours pour sortir notre école de cet état », a-t-il lancé.
L’autre préoccupation majeure abordée par Dioncounda Traoré est l’insécurité dans les villes et dans la zone sahélo-saharienne. La délinquance et le grand banditisme, de son point de vue, prennent de plus en plus la forme d’une criminalité professionnelle.
Une insécurité qui se double des tragédies quotidiennes de la circulation routière. Pour lui les activités criminelles de Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) doivent amener les Etats de la région concernée à se concerter régulièrement, à mettre en synergie tous leurs moyens et à renforcer leur coopération. Dioncounda Traoré a repris l’idée d’organiser une conférence régionale sur la question. Une idée portée par le président Amadou Toumani Touré depuis des années.
La sécurité alimentaire, les conséquences de la privatisation de certaines unités comme Huicoma et la situation dans la sous-région et le reste du monde ont été également abordés par le chef du parlement qui a lancé un appel pour une paix des braves au Proche Orient entre la Palestine et Israël.
Allaye Lam
L’Essor du 07 Avril 2010.
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Ouverture de la session parlementaire : Dioncounda Traoré s’insurge contre le système scolaire et l’insécurité
«Notre école continue à se dégrader, à se désagréger et à s’enfoncer chaque jour un peu plus dans l’abîme.» C’est le jugement qu’a porté le président de l’Assemblée nationale sur la situation scolaire et il a indiqué par ailleurs que l’insécurité grandissante dans le pays prive la population de sommeil.
L’Assemblée nationale a ouvert sa session ordinaire, le 5 avril dernier, sous la présidence de Dioncounda Traoré et en présence du chef du gouvernement Modibo Sidibé, des membres du corps diplomatique et de nombreuses personnalités politiques du pays.
Trente trois projets et propositions de loi dont treize renvoyés par la précédente session et la loi sur le code des personnes et de la famille ont figuré dans l’agenda de cette session. Le président de l’Assemblée nationale a assuré que l’institution mènera sa mission législative dans le seul intérêt du peuple malien.
Pour lui, la représentation nationale a aussi le devoir de porter, à tout moment, un jugement éclairé et objectif sur la situation du pays et la gestion du pays. Il a, à cet effet, salué les réalisations des infrastructures de désenclavement, les aménagements hydro agricoles dont la pose de la première pierre du barrage de Taoussa.
Pour ses constats sombres de la situation sociale du pays, Dioncounda Traoré s’est insurgé contre la situation de l’école malienne qui, selon lui, demeure une préoccupation majeure de la population et constitue aujourd’hui un véritable défi pour les différents acteurs de l’école.
A son avis, notre école continue à se dégrader et à s’enfoncer davantage dans l’abîme. «Il est loin ce temps où le produit de l’école malienne était recherché et respecté. Une époque où il suffisait à nos bacheliers de décliner leur nationalité malienne pour que les portes étrangères s’ouvrent ! Aujourd’hui même dans la sous région, les bacheliers maliens sont soumis à des tests de niveau», a regretté le président de l’Assemblée.
L’institution parlementaire, a déclaré Dioncounda Traoré, avait souligné la nécessité de traduire en plans d’actions opérationnels les différentes recommandations du forum sur l’éducation, et ce, dans le cadre d’un moratoire de deux ans minimum.
«Mais le constat est loin d’être rassurant pour l’avenir», a-t-il conclu.
Au-delà de l’école, l’insécurité grandissante du pays a attiré l’attention du président de l’Assemblée nationale.
Pour lui, l’insécurité urbaine a atteint un seuil alarmant, le citoyen se sent désemparé, incapable parfois de mener ses activités ordinaires et, pire, la cote d’alerte de l’insécurité routière semble dépassée. «La délinquance et le grand banditisme prennent de plus en plus la forme d’une criminalité professionnelle, avec des vols qualifiés, des braquages sur les grands axes routiers et autres actes de viols et d’assassinats», a recensé le président de l’Assemblée.
Avec insistance, il a exhorté le gouvernement à utiliser efficacement les moyens pour informer, pour éduquer et, le cas échéant, pour sévir contre ces modes d’incivisme.
Seydou Coulibaly
Le Républicain du 07 Avril 2010.