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* Poursuite contre ATT : les réserves du Chérif

Lors de sa conférence de presse traditionnelle à la fin de la célébration du Maouloud, Ousmane Cherif Madany Haïdara, le 25 janvier 2014, a estimé que le dossier Kidal est clair comme l’eau de roche. Il a invité les autorités maliennes à négocier avec la France, au lieu de perdre le temps dans des négociations avec les groupes armés. En ce qui concerne les poursuites contre ATT, il a formulé des réserves.

« Aucune marche. Aucune action ne pourra amener les autorités maliennes à exercer pleinement leur souveraineté sur la région de Kidal, sans négociation avec la France qui a par le passé colonisé le Mali. Il faut négocier avec la France au lieu de perdre le temps dans des négociations avec les groupes armés qui en réalité ne représentent rien et sont adossés à des soutiens extérieurs… ». C’est en substance la conviction du leader religieux Ousmane Madany Cherif Haidara. Il l’a clairement exprimé lors de sa conférence de presse traditionnelle qu’il organise chaque année après la célébration du Maouloud. « Vous me demandez de marcher pour la libération de Kidal.

Si cette libération ne tenait qu’à une marche, je prends l’engagement devant vous que moi Haidara, malgré mon âge, je vais courir pour sauver mon pays. Mais, je ne crois pas que cela puisse grande chose dans le dossier Kidal qui est aujourd’hui clair comme l’eau de roche », c’est en quelque sorte en ces termes que le leader religieux a répondu à une question en ce qui concerne la mobilisation des musulmans maliens pour une grande marche en direction de Kidal. Convaincu qu’une marche ne peut pas faire avancer ce dossier, Ousmane Cherif Haidara a invité les autorités maliennes à négocier avec la France au lieu de perdre le temps dans des négociations avec les groupes armés. « Discutons avec ceux qui nous ont colonisé, car la vérité est que le groupuscule d’hommes armés à Kidal ne peut pas tenir tête à l’armée malienne.

Mais, si depuis l’indépendance, cette crise revient de façon récurrente, il faut admettre qu’ils bénéficient de soutiens extérieurs. Négociez avec la France et le Mali sera en paix », a déclaré Haïdara. En plus de Kidal, Ousmane Madany Cherif Haidara a touché à plusieurs autres sujets. En ce qui concerne les poursuites contre d’ATT devant les juridictions maliennes pour haute trahison, Haïdara pense que cet ancien chef d’Etat du Mali a fait ce qu’il pouvait faire. Se disant religieux et ignorant tout de la politique, du moment que le Mali a un nouveau Président, il faut qu’on aille rapidement à l’essentiel. Mais, il reste convaincu que si ATT devait être poursuivi, il ne tombera pas seul dans les mailles de justice. « ATT a eu des complices. Des gens l’ont soutenu dans tout ce qu’il a fait.

Le poursuivre reviendra à faire passer toutes ces personnes devant la justice et ce sera très compliqué pour la stabilité du pays », a-t-il indiqué. A propos de la paix et de la réconciliation au Mali, il a estimé que la justice est nécessaire. Mais, il pense qu’il ne faut savoir pardonner. « A vouloir faire la justice pour la justice, il faut craindre que le pays ne tombe dans une autre crise. Donc, il faut que les maliens individuellement et collectivement développement une grande capacité de pardon », a-t-il indiqué. En ce qui concerne la crise Centrafricaine, Haidara pense qu’elle n’est pas d’origine religieuse, mais politique. « Je ne crois pas que ce soit une guerre religieuse entre musulmans et chrétiens. C’est une crise entre des hommes politiques qui ont instrumentalisés les deux religions pour atteindre leur but », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, Haïdara n’a pas caché sa conviction qu’il y a eu plusieurs gouvernements au Mali qui n’aimaient pas les musulmans. Il est convaincu que ces différents gouvernements ont utilisé les musulmans pour des fins politiques. Il a souhaité que cela ne soit pas le cas avec IBK. En ce qui concerne la présidence du Haut conseil islamique, Haïdara a indiqué qu’il n’était pas candidat. Selon lui, il n’a jamais été candidat à aucun poste du Haut conseil islamique, mais qu’il a toujours été copté, souvent même en son absence du Mali pour occuper un poste dans le bureau. Pour conclure, le leader religieux a indiqué qu’ils vont soutenir et bénir tous ceux qui s’engagent pour la construction du Mali.

Assane Koné

Le Républicain du 27 Janvier 2014