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Suite à la sortie musclée de l’Union des Jeunes Musulmans du Mali (Ujmma) pour demander le renouvellement du Bureau Exécutif du Haut Conseil Islamique(HCI), le guide spirituel des Ançars, Chérif Ousmane Madani Haidara a tenu une conférence de presse, le vendredi 24 mai 2013 à son domicile. Il a demandé à l’Ujmma, vu l’état du pays, de patienter jusqu’à la fin de l’état l’urgence pour le renouvèlement du Bureau du HCI

Selon le 2e vice-président du HCI, le Cherif Ousmane Madani Haidara, l’Ujmma est dans son plein droit de demander le renouvellement des instances dirigeantes du Haut Conseil Islamique. « Les jeunes ont raison. Notre mandat a expiré depuis six mois. On leur demande juste de patienter un peu. On fera un congrès sous peu pour renouveler le bureau. On attend juste la levée de l’état d’urgence pour le faire. Le pays est en crise. Il ne faut pas qu’on donne l’impression d’être désunis», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que sa démission de ce bureau n’est pas nécessaire car le mandat du HCI a expiré depuis six mois. «Vu mes nombreuses occupations, je n’ai jamais cherché à adhérer au Haut Conseil Islamique. De tout le temps, on est venu me chercher pour être membre du bureau exécutif. On démissionne de ce qui existe, le HCI n’existe que de nom maintenant », a-t-il dit.

Et, pour ce qui est de la mise en place des comités politiques dans les mosquées, au nom du Haut Conseil Islamique, le guide religieux se veut formel. « Chaque fidèle est libre de voter pour qui il veut. J’ai tout le temps demandé aux leaders religieux de s’éloigner de la politique. Cela est impératif pour la cohésion sociale car quand ça tourne au vinaigre c’est vers nous qu’on se tourne. En ma connaissance, le but était de mobiliser les gens afin que le taux de participation aux élections soit élevé », a martelé le chérif Ousmane Madani Haidara. Selon lui, les leaders religieux doivent construire et non détruire. « Je ne fais pas de politique. Mais pour le bien du Mali, j’ai demandé à mes fidèles de se préparer pour voter pour un candidat qui peut relever notre pays. Peu importe que ce candidat soit musulman ou pas. L’essentiel est qu’il soit en mesure de construire un Mali meilleur. Donc ma consigne de vote ne se fera pas en fonction d’une appartenance religieuse. On a juste besoin d’un bâtisseur», a laissé entendre le guide religieux.

Rappelons que le président de l’Union des Jeunes Musulmans du Mali (Ujmma), Mohamed Maki Bah avait dénoncé, lors d’un point de presse le mercredi 22 mai 2013, « la mise en place des comités politiques, sous mandat du président du HCI, dans les mosquées en vue de soutenir un candidat aux élections présidentielles 2013 ». Il avait exigé le renouvellement des organes du Haut Conseil Islamique du Mali. Par ailleurs, les jeunes musulmans ont demandé à leurs ainés, plus précisément Chérif Ousmane Madani Haïdara, qui est membres du HCI, de se retirer afin de ne pas cautionner le bureau actuel qui ne fait pas l’unanimité des leaders musulmans du Mali.

Madiassa Kaba Diakité

Le Républicain du 27 Mai 2013

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Haut conseil islamique du Mali : les jeunes exigent le départ de Mahmoud Dicko

L’union nationale de la jeunesse musulmane du Mali (Ujma) ne reconnaît plus de légitimité à l’actuel bureau du haut conseil islamique du Mali dirigé par l’imam Mahmoud Dicko. La convocation d’un congrès et l’élection d’un nouveau directoire : ce sont là deux exigences de la jeunesse islamique. Pourquoi ?

La fièvre électorale s’empare, de jour en jour, du Mali, au moment où le pays s’apprête à vivre une période politique cruciale qui, si rien n’est fait, risque de nous conduire vers une crise poste électorale aux conséquences très graves. L’inquiétude vient déjà de certains milieux religieux (la communauté musulmane) qui émettent des signes alarmants. Pour l’instant, le plus grand vient du Haut conseil islamique, où la rupture semble consommée entre le Président, Mahmoud Dicko, et l’union nationale des jeunes musulmans du Mali (Ujma). Ces jeunes dénoncent, en effet, l’illégalité de l’actuel bureau du Hci, dont le mandat serait arrivé à terme depuis le mois de janvier 2013 et qui jusqu’ici n’a pu été renouvelé.

L’Ujma, dirigé par Mohamed Maki Ba, proche de Cheick Ousmane Madani Haidara, 1er vice président du conseil islamique, mène aujourd’hui la fronde contre Mahmoud Dicko dont il demande le départ de la tête du Haut conseil islamique. Le président de l’Ujma, en présence de certains de ses compagnons, notamment les prêcheurs Bandjougou Doumbia, Bayaya Haidara, Mamadou Konaté…a profité d’une conférence tenue, la semaine dernière, pour évoquer certaines «déviations » (voulues par l’imam Dicko) dans la marche de l’institution. A en croire ces jeunes, ces « déviations» ont pour finalité de donner des consignes de vote pour un candidat lors de l’élection présidentielle du mois de juillet. «Tel n’est pas la mission du haut conseil islamique », a affirmé Mohamed Maki Ba. Celui-ci estime qu’étant arrivé à la fin de son mandat, Mahmoud Dicko et le bureau qu’il dirige, n’ont plus aucune légitimité pour agir et engager la communauté musulmane du Mali. Selon lui, aux termes des textes du haut conseil, depuis le mois de janvier 2013, le bureau national et toutes les structures de bases ont perdu toute légitimité. «Les membres de tout organe du Haut conseil islamique dont le mandat sera arrivé à expiration, sont déchus de tous leurs droits», a précisé le conférencier.

Au cours de la rencontre, les leaders de la jeunesse islamique du Mali, ont également dénoncé et condamné certaines pratiques qui seraient l’oeuvre du Président du Haut conseil islamique. Celui-ci est, entre autres, accusé d’installer des comités politiques dans les différentes mosquées de la capitale et dans les régions. Le président de l’Ujma a mis en garde contre une manœuvre destinée à «transformer nos lieux de cultes en tribunes politiques pour faire le jeu de certains politiciens». Pour M Ba, il s’agit là d’une «démarche à la fois dangereuse et compromettante pour le processus électoral. Face à ces graves dérives d’un bureau, en fin de mandat, l’Ujma invite les autorités de la transition, «conformément à leur mission de préservation du tissu social, à s’impliquer en convoquant le congrès de renouvellement du bureau du haut conseil». A défaut, estiment les jeunes, un comité islamique provisoire, doit prendre en charge la direction du haut conseil en attendant de pouvoir élire un nouveau bureau.

Accusé à tort ou à raison de faire le jeu de certains hommes politiques, pour des motivations qui sont loin d’être celle de la communauté islamique du Mali, le Président du haut conseil islamique a vu sa côte de popularité sérieusement écornée auprès de ses coreligionnaires qui sont nombreux à lui prêter des ambitions politiques. Parmi ceux qui sont en rupture avec sa méthode, se trouve précisément la jeunesse qui ne semble plus lui faire confiance. Il est facile, dès lors, d’en déduire, que tout comme le bureau du haut conseil, l’Ujma n’entend pas traiter de cette question, avec le ministère des affaires religieuses et du culte, fruit de l’activisme de l’imam Dicko, qui a fait de la création d’un tel département l’une de ses aspirations lors de cette période de transition au Mali. La rupture est désormais là entre le haut conseil et la jeunesse.

Approché par nos soins, l’imam Mahmoud Dicko n’a pas souhaité s’exprimer sur cette fronde des jeunes et les accusations formulées contre lui par l’union nationale de la jeunesse musulmane du Mali.

Klezié

L’Aube du 27 Mai 2013