« Cette décision est illégale et sans objet » selon son porte-parole
Réuni en séance ordinaire le samedi 27 septembre, au siège du parti à N’Golonina, sous la présidence du premier vice – président, Me Abdoul Wahab Berthé, le Bureau Exécutif National de l’URD, a décidé de suspendre son deuxième vice – président, Oumar Ibrahim Touré, par ailleurs ministre de la Santé, n°III du gouvernement, pour une durée de six mois. Mais, le porte- parole de ce dernier, Mamadou Fofana ,qui n’est autre que son chef de cabinet, estime que « cette mesure est illégale et sans objet » parce qu’elle jure selon lui, avec l’article 16 du règlement intérieur du parti.
Depuis la tenue de son deuxième congrès ordinaire, les 26 et 27 avril 2008, l’URD est dans la tourmente. Cette situation a atteint son paroxysme, le week-end dernier, avec la suspension de Oumar Ibrahim Touré pour six mois. A l’origine de cette décision se trouve nous a-t-on dit, une plainte de la section URD de Ségou qui a accusé le deuxième vice – président du parti de « travail fractionnel « . Avant de suggérer au Bureau Exécutif National (BEN) de le sanctionner.
Il faut relever que quatre membres de la direction du parti, sont également de la capitale des Balanzans. Ce sont :Madani Traoré, ancien DAF de Soumaïla Cissé, Séga Boré, Secrétaire général de la section et député de l’Assemblée nationale, Amady Fadel Dramé, membre de la même section et ancien député ainsi que Ahmed Sékou Touré, président très contesté du Mouvement des jeunes URD. Voilà ceux qui ont poussé l’instance dirigeante du parti, sous l’impulsion de Soumaïla Cissé, récemment en séjour à Bamako, à suspendre Oumar Ibrahim Touré, en violation des textes du parti.
Selon des sources proches concordantes, le BEN, saisi de cette plainte, a chargé le premier vice – président, Me Abdoul Wahab Berthé d’écouter les différentes parties et de lui rendre compte. C’est ainsi qu’il les a convoquées en réunion, le vendredi 26 septembre, pour débattre de la question. Les plaignants ont réaffirmé devant Oumar Ibrahim Touré qu’il a rencontré une quinzaine de responsables des sous-sections à l’insu de la section de Ségou et qu’il les a interrogés sur leurs besoins pour les communales prochaines.
Ce qu’ils considèrent comme un « travail fractionnel« . Ces accusations ont été rejetées en bloc par le ministre Touré qui, en partance pour Niono afin d’y présenter ses condoléances dans la famille Sangho, a passé la nuit dans la cité des Balanzans. Et comme à l’accoutumée, il a échangé avec des responsables locaux de l’URD à leur demande.
Ce qui est loin d’être pou lui un « travail fractionnel ». Le lendemain, samedi 27 septembre, Me Berthé a donc rendu compte au BEN. Avant de s’interroger en ces termes : « doit – on sanctionner le deuxième vice – président comme le réclame la section de Ségou ?« . Sans débat, les uns et les autres ont demandé de procéder au vote à travers un bulletin secret. Sur les 67 membres du BEN, 32 étaient présents. Sur ce nombre, 20 se sont prononcés pour une sanction, 6 contre, 4 abstentions et 2 non votants.
Ensuite, ils ont procédé à un second vote pour déterminer la nature de la sanction. Là, il y a eu 31 votants : 15 voix pour la suspension, 9 pour l’avertissement, 6 pour l’abstention, 1 pour l’exclusion et 1 autre pour le blâme. Cela n’a pas suffi, il y a eu un troisième vote pour dégager une majorité absolue entre la suspension et l’avertissement. La première sanction l’a emporté par 17 voix contre 12. Le règlement intérieur ne prévoyant pas la durée d’une suspension, le BEN a donc été amené à voter une quatrième fois.
C’est ainsi que plusieurs propositions allant de 15 jours de suspension à un an ont été faites. Une majorité de 13 votants a demandé six mois de suspension contre 6 qui demandaient 3 mois. Ce nombre n’étant pas la majorité simple des membres présents, un dernier vote a eu lieu et a donné les résultats suivants : 20 voix favorables pour une suspension de 6 mois et 10 voix pour une suspension de 3 mois et 1 abstention.
Voilà comment, le BEN, sous la présidence de Me Abdoul Wahab Berthé, a infligé une suspension de 6 mois à Oumar Ibrahim Touré, deuxième vice – président de l’URD. Seulement voilà : il semble que cette décision ait été concoctée depuis Ouagadougou et mise en exécution à Bozola, à la faveur du récent séjour que Soumaïla cissé vient d’effectuer dans la capitale malienne, dans le cadre des réunions statutaires de l’UEMOA que Bamako vient d’abriyer.
En tout cas, la suspension de Oumar Ibrahim Touré est déjà fortement contestée dans les structures de l’URD, à la base. Son porte-parole, Mamadou Fofana, soutient haut et fort, que « cette mesure est illégale et sans objet« . Pour lui, les textes du parti, notamment l’article 16 du règlement intérieur a été foulé aux pieds car » la suspension est prononcée par le bureau de la section sur proposition du bureau de la sous – section « . En clair, pour Fofana, le BEN n’a pas pouvoir de sanctionner.
«Seul l’exclusion qui intervient après la suspension est prononcée par le BEN. C’est dire que la direction du parti s’est octroyé des prérogatives qui ne sont pas les siennes. Oumar Ibrahim Touré est de Goundam. Ni sa sous – section ,ni sa section ,qui ont pouvoir de sanction sur lui au terme du règlement intérieur n’ont émis un tel souhait. Je comprends alors que quand on veut tuer son chien, on l’accuse de rage» a déclaré le porte-parole de Oumar Ibrahim Touré, Mamadou Fofana.
Ce qui est sûr, c’est qu’une nouvelle crise à l’issue incertaine frappe l’URD. Qui sera le gagnant ? Soumaïla Cissé ? Younoussi Touré ? Oumar Touré ? Me Adoul Wahab Berthé ? Il n’y aura aucun perdant en dehors du peuple URD et, bien sûr, du candidat naturel, Soumaïla Cissé qui se voit déjà perché sur la colline de Koulouba.
A suivre
Chahana TAKIOU
29 Septembre 2008