La suspension pour 6 mois du 2e vice-président de l’Union pour la République et la démocratie (URD) fait monter d’un cran la tension dans la famille politique de Soumaïla Cissé, virtuel candidat à la présidentielle de 2012 même si l’intéressé, sûr de n’avoir rien commis d’indélicat, demande aux militants de garder leur calme.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe : Oumar Touré, 2e vice-président de l’URD et non moins ministre de la Santé est suspendu pour six mois par son parti. Il est accusé de se livrer à un travail fractionnel au sein de l’URD. Cette décision a été prise le samedi en réunion ordinaire après, selon des sources crédibles, plusieurs séances de votes entre la trentaine de présents sur les 65 membres du bureau exécutif national. Selon nos informations, figuraient parmi les absents, outre le président du parti Younoussi Touré, presque tous les vice-présidents.
Selon des sources proches du parti, l’accusation de travail fractionnel repose sur une rencontre que le vice-président Oumar Touré a eu au mois d’août dernier avec des responsables du parti à Ségou à l’insu de la section. Cette section étant dirigée par Madani Traoré, un des fidèles parmi les fidèles de Soumaïla Cissé dont il a été Daf du temps où il était ministre, la conclusion a vite été tirée que le vice-président Oumar Touré cherche à déstabiliser le parti à Ségou, « au profit d’ATT » affirment certains.
Cette version est contestée par le proche entourage du ministre Oumar Touré. Ce dernier a effectivement rencontré des responsables de la section de Ségou à leur demande. « Oumar Touré rentrait de Goundam et devait passer la nuit à Ségou. Des militants du parti qui sont des responsables de la section avaient souhaité le rencontrer. En tant que vice-président, il les a écoutés et leurs doléances ont tourné autour des questions liées au département du ministre : disposer de sages-femmes, d’infirmiers, équiper les Cscom.
Un procès en sorcellerie ?
« Il n’y a qu’un seul responsable qui a des problèmes liés aux frais de location de son siège. Oumar Touré leur a demandé en retour de s’organiser dans la perspective des élections municipales de 2009 » , voilà l’explication fournie dans le proche entourage du suspendu de la semaine.
Il semble que cette explication a été fournie par Oumar Touré lui-même en réunion du Ben saisi par un procès-verbal de la section de Ségou. « Si un président de parti ne peut pas rencontrer ses militants sans être accusé de travail fractionnel, que peut-il faire » s’interroge-t-on gravement. Il semble que le suspendu ait accueilli la nouvelle avec sérénité et aurait appelé tous les militants que la nouvelle a ébranlés de garder leur sang-froid.
La décision de suspendre Oumar Touré est une escalade de plus dans la crise qui semble s’être durablement installée au sein de l’URD. Mais elle surprend dans la mesure où au mois d’août, le parti s’était livré à des séries de rencontres pour essayer de laver en famille le linge sale. Soumaïla Cissé, qui avait participé à ces rencontres, avait reconnu sa part de responsabilité dans la crise qui secoue son parti ; et les députés lui avaient donné instruction de faire la paix avec Oumar, au nom de l’unité du parti. Avec ce qui s’est passé le week-end, force est de reconnaître que les séances de thérapie de groupe n’ont pas porté fruit.
Pis, tout porte à croire que Soumaïla et ses fidèles ont décidé de régler quelques comptes quitte à courir le risque d’une crise ouverte. Ils se disent certainement que mieux vaut prendre les taureaux par les cornes dès à présent et trancher la question avant les joutes de 2012. Parce que ne nous y trompons pas : tout ce qui se joue au sein de l’URD tourne autour des élections de 2012 et de la candidature de Soumaïla Cissé.
Mais d’ici 2012, il y a les élections municipales de 2009. Et rien ne dit qu’avec la crise qui pointe à l’horizon, l’URD en sortira indemne.
Aly Kéita
29 Septembre 2008