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Le célèbre écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija, arrêté pour « propos offensants » contre la famille du président Museveni, a comparu vendredi devant un tribunal lors d’une audience en visioconférence, en marge de laquelle son avocat a affirmé que son client a été torturé.

C’était la première apparition publique de Kakwenza Rukirabashaija, 33 ans, depuis son arrestation le 28 décembre après avoir publié sur les réseaux sociaux des commentaires critiques sur le président Yoweri Museveni et son fils Muhoozi Kainerugaba.

Son avocat Eron Kiiza a affirmé vendredi aux journalistes devant le tribunal d’instance de Kampala que son client avait été torturé.

Selon lui, les cicatrices constatées sur son client lors d’un examen médical à la prison sont « des marques évidentes de torture ».

Selon ce rapport, M. Rukirabashaija – qui a remporté l’année dernière un prix international pour les écrivains persécutés – présentait « des marques en cours de cicatrisation de blessures subies avant d’être envoyé en prison ».

« Il présentait également des cicatrices en cours de cicatrisation sur le dos, les fesses, les cuisses et les mains », ajoute le rapport, qui conclut que le détenu était en « bonne santé ».

Lors de l’audience à laquelle ont notamment assisté des représentants de l’UE et des États-Unis, Kakwenza Rukirabashaija ne s’est exprimé qu’une seule fois, pour confirmer qu’il entendait bien le magistrat.

Il s’est tenu debout, apparemment sans difficulté, pendant la majeure partie de l’audience.

Il n’était pas possible de voir les blessures évoquées car il était vêtu d’un haut à capuche, d’un pantalon large, d’un masque jaune ainsi que de ses lunettes à monture noire caractéristiques.

La défense a demandé vendredi sa libération sous caution. Une décision sera rendue le 25 janvier.

Eron Kiiza affirme que son client a été illégalement détenu par des officiers du renseignement militaire et des soldats des forces spéciales, des unités militaires régulièrement accusées de mauvais traitements par les organisations de droits de l’homme.

Kakwenza Rukirabashaija a été inculpé le 11 janvier de « communication offensante », infraction passible d’un an de prison.

Il avait notamment publié des messages sur Twitter critiquant le fils du président Museveni, Kainerugaba Muhoozi. Il y qualifiait ce général, que beaucoup voient comme le successeur de son père âgé de 77 ans, d' »obèse » et de « rouspéteur ».

Les États-Unis, l’Union européenne et des organisations de la société civile ont appelés à sa libération.

Pourfendeur affiché du pouvoir ougandais, Kakwenza Rukirabashaija a publié en 2020 le roman satirique « The Greedy Barbarian » (non traduit en français), décrivant un pays imaginaire gangréné par la corruption, salué en 2020 par la critique.

Arrêté à plusieurs reprises depuis, M. Rukirabashaija a affirmé avoir été torturé lors d’interrogatoires au sujet de son ouvrage.

Vu comme un réformiste lors de sa prise du pouvoir en 1986, M. Museveni a depuis sévèrement réprimé toute dissidence et a modifié la Constitution pour lui permettre de se faire réélire sans discontinuer.

Source: AFP