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La Commission a bien fait de prendre en compte ces deux aspects pertinents. Et, au fur et à mesure que l’on s’approche de la date du Sommet, les actions se multiplient, la ville s’embellit davantage. Au même moment, nous apprenons que la mairie de la Commune II a déjà pris une mesure de déguerpissement.

En effet, dans le District de Bamako les problèmes d’assainissement et d’occupation anarchique de l’espace public se posent avec une très grande acuité. Les autorités communales et du District qui se sont succédées ont, à plusieurs reprises, tenté d’y trouver des solutions idoines, mais peine perdue, les habitants de Bamako vivent toujours ces calvaires, malgré pourtant la multiplication des initiatives. On ne peut néanmoins affirmer qu’aucun résultat n’a été obtenu jusque là. Pourquoi ce statut quo ?

On avance plusieurs raisons, mais d’ores et déjà, il semble que c’est l’avidité de certains élus communaux qui occupe une place prépondérante dans la persistance de la situation.

En effet, les élus communaux ont intérêt à ce que le plus grand nombre de contribuables s’établisse, afin de bénéficier du maximum de taxes pour renflouer leur caisse. Cela se révèle surtout nécessaire pour eux à un moment où ils se plaignent de la mesure de suspension de l’attribution des parcelles qui, auparavant, avait un apport considérable dans la constitution de leurs recettes.

QUELLE ALTERNATIVE POUR LES MAIRIES?

Ainsi, pour compenser ce manque à gagner, certains usent de toutes les astuces pour élargir le niveau de leur recouvrement, d’où les occupations anarchiques tous azimuts.

En plus de cela, il faut considérer la multiplication du nombre de vendeurs dans un environnement où, à la faveur du chômage, le petit commerce représente une alternative pour beaucoup de Maliens.

La situation suscite toujours des réactions de la part des autorités qui se succèdent au District et dans les communes. Il faut souligner qu’il existe à ce niveau un paradoxe entre la détermination à renflouer les caisses et celle d’assainir la ville.

D’ores et déjà, il y a lieu de faire un choix, puisqu’il n’est pas possible d’obtenir le beurre et le prix du beurre en même temps.

Il s’agit, en fait, d’une attitude représentant un handicap sérieux à la mise en oeuvre de nombreux programmes et elle fait penser à l’impérieuse nécessité pour les plus hautes autorités du pays d’accélérer les procédures de transfert des compétences aux collectivités locales décentralisées, conformément à l’engagement solennel du président de la République mais aussi et surtout du ministre de l’Administration Territoriale de transférer les compétences aux collectivités. C’était l’année dernière, lors de la cérémonie de clôture de la journée des communes à Sanankoroba.

LES DEGUERPISSEMENTS ET LEURS CONSEQUENCES

En l’absence d’une telle disposition, à chaque niveau, les élus communaux se débrouillent chacun, comme il le peut, pour gérer. Il va de soi que cela ne va pas sans difficultés.

Ainsi, constamment, des mesures sont adoptées soit pour assurer plus de fluidité de la circulation soit pour assainir ou, en tout cas, tenter de donner une meilleure image de la ville à l’occasion de certaines grandes rencontres.

Ce fut le cas lors de l’organisation de la reunion de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CENSAD) à Bamako et de la visite du président Chirac.

A ces occasions, faut-il le rappeler, les occupants anarchiques, disons les occupants tout court des artères principales du District ont été, à tous les coups, déguerpis.

Certains auront la chance d’occuper à nouveau leurs places, d’autres, sans doute les ont perdues pour de bon, comme pour dire que des autorités communales avaient ainsi profité de l’occasion pour prendre une mesure.

Cependant, à bien analyser la situation, on se rend compte qu’il reste encore d’énormes efforts à déployer pour donner réellement au District une image digne d’une ville de notre époque.

Nous sommes, à présent à la veille de la tenue à Bamako du Sommet Afrique- France, une grande rencontre qui regroupera les ressortissants de plusieurs pays africains.

En ces circonstances, autorités politiques et administratives mettent tout en oeuvre pour réserver un accueil chaleureux aux hôtes, chose qui ne va pas sans songer à soigner au préalable l’image de la ville, d’où la prise de mesures ponctuelles pour parer la ville, l’assainir.

A cet effet, en Commune II du District de Bamako, les autorités ont adressé une lettre aux occupants de certains trottoirs pour les informer qu’ils doivent déguerpir les abords de la route allant du monument “CONTRON NI SANÈ” jusqu’à l’Hôtel de l’Amitié et ses alentours et ce au plus tard le 15 Novembre 2005.

A cet effet, ordre a été donné aux services techniques comme la BUPE, le service recouvrement, la voirie, le service assainissement, la police du 3èm Arrondissement, conformément à l’ordre de déguerpissement N° 14/ M.CII-D.B. en date du 10/10/2005.

Cette mesure, il faut le souligner, n’est pas la bienvenue pour les occupants, mais, au regard de ce qu’ils apportent à la mairie en terme de taxes, la mairie elle même semble être contrainte d’appliquer la mesure dans le cadre du strict respect de l’intérêt collectif, puisque de toutes les façons, il va entraîner un manque à gagner pour la mairie de la Commune II.

Moussa SOW

9 novembre 2005.