Il est interdit de tomber malade ces jours-ci ou alors il faut avoir des moyens suffisants pour se soigner ; les professionnels de la santé, choqués par l’arrestation de deux des leurs, ayant décidé de laisser en rade malades hospitalisés, patients partis en consultation et blessés. Même les défunts n’ont plus « droit » au séjour momentané à la glace de la morgue avant le froid du repos éternel. Allah Akbar !
A l’origine de cette « grève » sauvage, une plainte de l’Ordre des avocats, qui veut en savoir plus suite au décès « suspect » d’un de ses membres. Les avocats sont fâchés, les médecins aussi. Mais, Ordre contre Ordre, ça fait bien désordre. Toutefois, c’est le citoyen lambda qui paye les « pots cassés » car la solution de rechange, c’est-à-dire la réquisition des médecins militaires, est loin de résorber la demande. Conséquence : les Maliens, qui ont déjà du mal à survivre, souffrent le martyre s’ils ne meurent pas comme des mouches.
Cette situation, comme une autre il n’y a pas longtemps, découle en réalité de notre propension à outrepasser les barrières placées par nous-mêmes pour nous maintenir sur les rails. Si les médecins sont réellement un ordre avec un règlement intérieur, ne fallait-il pas traduire les praticiens soupçonnés devant leur conseil de discipline qui, certainement, a des paliers de sanctions et à la suite de quoi la justice pouvait intervenir ? Hélas !
La condamnation récente d’un enseignant par la justice au mépris des règles qui régissent l’éducation nationale a sûrement inspiré la démarche des avocats. Mais il y a nécessité d’éviter la confusion si l’on veut vraiment progresser sinon, très rapidement, le Malien pourrait devenir un loup pour le Malien. Il faut que nous arrêtions de penser à nos seules personnes au profit de la communauté. Il faut que l’expression de l’esprit de corps ne soit pas en déphasage avec l’intérêt général…
Tout cela ne saurait pourtant dédouaner le comportement du corps médical, dont chacun des membres doit avoir constamment à l’esprit le serment d’Hippocrate, qui l’oblige précisément à se sacrifier pour soulager la souffrance des hommes en toutes circonstances de temps et de lieu, tout en respectant leur dignité et à garder secrètes les informations recueillies auprès d’eux.
Ayez donc pitié de ces enfants prématurés qui ont besoin de votre aide si précieuse ! Ayez pitié de ces vieilles personnes qui n’attendent que la mort mais qui ont aussi besoin que vous les accompagniez pour passer dignement l’épreuve fatidique ! Ayez pitié de ces malades qui doivent recevoir leurs doses d’ARV à des moments précis… ! Alors reprenez vite le travail afin que la blouse blanche ne soit pas aux yeux de la population la couleur du deuil.
A. M. T.
13 août 2007.