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«Nous n’avons rien bloqué et n’avons pas de contrat avec l’ambassade de France sur ce numéro»

Le Réseau malien des consommateurs de la téléphonie mobile (REMACOTEM) a accusé Orange Mali d’empêcher un utilisateur de téléphone Sotelma-Malitel d’avoir accès au 802 27 27, ligne attribuée par l’opérateur au Consulat de France au Mali pour les prises de rendez-vous de visa. Le procès, qui devait s’ouvrir lundi 1er septembre, a été reporté au 8 septembre. En attendant, réagissant à notre article intitulé «Discrimination et concurrence déloyale : Orange Mali attaquée en justice par REMACOTEM» (L’Indépendant n°2035 du 2 septembre 2008), le service de Communication et des relations extérieures de Orange Mali nous a approchés pour donner sa version des faits. «Orange Mali n’a rien bloqué, elle n’a pas de contrat avec l’Ambassade de France sur ce numéro», soutiennent, mordicus, les responsables de ce service.

« Le REMACOTEM nous accuse à tort. Nous n’avons rien à nous reprocher dans cette affaire. Loin de nous l’idée d’une discrimination ou d’une concurrence déloyale. C’est l’Ambassade de France, à travers la Société Call Me, un prestataire privé, qui a créé le numéro spécial 802 27 27 au Consulat de France au Mali pour les prises de rendez-vous. L’opérateur Orange Mali a été choisi pour cette ligne.

Pour ce qui est de sa gestion, elle ne relève pas de notre compétence. C’est la société Call Me qui s’en occupe. Elle a signé un contrat avec l’Ambassade de France et, évidemment, avec Orange Mali. Les parties concernées perçoivent un pourcentage bien défini sur les prestations. Il se trouve que la Sotelma-Malitel n’a pas de contrat avec le prestataire.

Par conséquent, elle ne fait pas techniquement ce qu’il faut pour basculer l’appel de ses clients sur le 802 27 27. Quant à Orange Mali, elle n’a pas de contrat avec l’Ambassade de France sur ce numéro. Nous n’avons bloqué l’appel de personne» ont déclaré les responsables du service de la Communication et des Relations extérieures de Orange Mali que nous avons rencontrés, hier, au siège de la société à Hamdallaye ACI 2000.

Afin de recouper ces informations, nous nous sommes transportés au siège de la société Call Me. Toutefois, la direction de cette structure n’a pas jugé opportun de nous recevoir pour des raisons que nous ignorons.
Nous avons, ensuite, contacté la Direction générale de la Sotelma-Malitel. Ici, on nous apprend qu’effectivement la société Call Me avait contacté les responsables de l’opérateur historique de téléphonie du Mali.

Les négociations, qui portaient essentiellement sur la définition des modalités d’utilisation du numéro spécial, se sont soldées par un fiasco.

La Sotelma-Malitel n’a pas accepté le principe de la surtaxation estimée à environ 200 FCFA sur chaque appel. L’opérateur historique du Mali aurait fait part de sa décision d’adhérer au projet à la condition que le tarif de la communication reste inchangé. Autrement dit la tarification normale qui est égale à 85 F CFA.

A en croire la Direction de la Sotelma-Malitel, c’est la seule explication au fait que les utilisateurs et les consommateurs de téléphone Sotelma-Matiel n’arrivent pas à avoir accès au numéro 802 27 27.

Pour boucler notre enquête, nous nous sommes rendus au Comité de régulation des télécommunications (CRT). Là, un cadre en charge des questions techniques nous a précisé que dans le plan national de numérotation existent des numéraux simples et spéciaux.

L’Etat peut intervenir dans la fixation des tarifs concernant les premiers. Quant aux seconds, la gestion se situe à d’autres niveaux. Les numéros verts sont gratuits. Les numéros azur, indigo sont gérés en fonction du consensus en vigueur entre les parties en business.

S’agissant du numéro spécial du Consulat de France, notre interlocuteur a soutenu que l’Ambassade de France est dans son droit d’attribuer au prestataire qu’elle veut la gestion de son numéro spécial.

«Les affaires sont les affaires» a-t-il déclaré. Notre interlocuteur a, cependant, regretté la mésentente entre les opérateurs de téléphonie au Mali. Selon lui, les deux sociétés, depuis 2005, n’arrivent pas à s’entendre sur les questions relatives à l’interconnexion des réseaux.

Pour terminer, notre source a souligné que le CRT a décidé d’intervenir entre les deux opérateurs, à partir du 15 septembre, s’ils sont toujours à couteaux tirés.


Abdoul Karim KONE

03 Septembre 2008