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Peu à peu les cinéastes se sont mis à la fiction. D’abord en court métrage. Un des premiers « Nielé » d’Adama Drabo retrace la difficile et besogneuse journée d’une paysanne. Niélé se lève à l’aube, la première et se couche la dernière tard dans la nuit. Les années 70 marquent le début d’un cinéma malien de longs métrages en 1979 « Baara » de Souleymane Cissé dépeint l’exploitation et l’injustice d’une pseudo classe ouvrière malmenée par l’industrie naissante. Ce film est le premier du Mali à remporter l’étalon du Yennenga, le prestigieux 1er prix du Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (FESPACO).

Puis vont suivre en 1979 quelques films qui font parler d’eux : « A bana » (c’est fini) de Kalifa Dienta et « An be no do » (nous sommes tous fautifs) de Falaba Issa Traoré. Ces films peignent tous les problèmes du moments : La délinquance juvénile, le problème des filles-mères et la responsabilité collective de la société, de l’école et des autorités politiques et militaires.

En 1983 Souleymane Cissé triomphe à nouveau à Ouagadougou avec, cette fois-ci « Finyè » (le vent). Ce vent qui menace de détruire la société selon le cinéaste est le double conflit entre générations et entre jeunes et pouvoir. Les transformations sociales sont dépeintes dans ce qu’elles entraînent comme conflit et désordre. Tradition et modernité s’affrontent et déchirent ensemble la société. Cette société sera le sujet de prédilection des cinéastes de la deuxième génération comme elle l’a été pour la première.

En 1987 Cheick O. Sissoko sort un long métrage « Nyamanton » ou la leçon des ordures. Peinture tragico-dramatique d’une société où la misère et l’inégalité vouent les uns à la débrouillardise et à la fouille des ordures ou encore à la déchéance et les autres étalent leur abondance et leurs menus désires de riches qui ne veulent ni vieillir ni mourir.

Plus critique, le deuxième long métrage de Sissoko « Guimba« , paru en 1997, attaque les pouvoirs tyranniques qui minent et hypothèquent les sociétés africaines.

Cinéma social, le cinéma malien est aussi politique et historique. Ils sont nombreux less films où ce triptyque est le prétexte : « Yeleen » de Souleymane Cissé où s’affrontent pouvoir magics-religieux et pouvoir du savoir, de l’amour et des idées nouvelles, « Tadonna » de Adama Drabo (1991) stigmatise à son tour le désordre administratif, social et culturel.

Enfin, en 1997, « Faraw » (la mère des sables) décrit la lutte solitaire d’une mère prête à tout pour protéger et sauver ses trois enfants de la misère et de la délinquance. Cet espoir que montre le combat de cette femme, de cette mère est un appel à la société à prendre en compte les femmes dans le combat pour le mieux – être. Ce propos est encore le même dans « Tafé Fanga » (le pouvoir des pagnes) en 1998 où Drabo imagine le pouvoir entre les mains des femmes contre les combines et la peur des hommes en face.

Le dernier-né (1999) « La genèse » de Cheick O. Sissoko essaye une sortie des sentiers battus. Comme son titre l’indique, ce film philosophico-mystique sonde les choses dès la genèse et cherche les solutions dans le tout début de toute chose.