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La rencontre de Hong Kong devrait permettre de boucler les deux tiers du cycle de négociations lancé à Doha, capitale du Qatar, en novembre 2 001.

Ce cycle qui aurait dû être bouclé à la fin de l’année dernière à Cancun au Mexique, s’est terminé par un échec. Et il n’est guère mieux parti pour Hong-Kong où deux courants continueront de s’affronter.

D’un côté, les tenants du libéralisme “pur et dur” dont les chefs de file sont le Fmi, la Banque mondiale, les Etats Unis, les pays de l’Union européenne (Ue) et, de l’autre, les pays en voie de développement.

Ceux-ci défendent leurs exportations victimes du protectionnisme des pays Occidentaux (subventions, barrières douanières….) qui mettent à mal les efforts des petits producteurs, réduisent leurs revenus, accroissent la pauvreté des ruraux.

Rien que pour la culture de coton, le déficit cumulé est d’environ 200 millions de dollars dont 70 % sont dus au protectionnisme et aux subventions des pays riches à leurs agriculteurs.

Au-delà, c’est toute la doctrine du libre-échange qui est aujourd’hui décriée par beaucoup de pays en voie de développement. A ceux-ci, il est proposé la recette de l’ouverture des marchés pour sortir de leur situation. Mais le remède ne semble pas guérir tous ces pays.

En particulier les pays d’Afrique où les coûts de production restent élevés et se situent en moyenne au-dessus des coûts de substitution. Le coût du capital technique, la faiblesse du capital humain en sont fondamentalement la cause.

Dans ce cas, les pays africains ne peuvent pas être compétitifs sur le marché international.
D’autre part, contrairement aux pays riches, l’Afrique ne possède pas suffisamment d’externalités positives pour que les entreprises réalisent des gains de productivité.

En plus de l’insuffisance d’infrastructures de base, elle manque cruellement des économies externes technologiques et pécuniaires. Les pays pauvres ne seront pas compétitifs tant que leur productivité sera faible même s’ils exportent à taux zéro en ce qui concerne les taxes douanières.

Cette année, les pays en voie de développement, ont répété clairement lors de leur dernier forum la semaine dernière que rien ne bougerait tant qu’il n’y aurait pas de concessions sur le dossier agricole.

Car, ils sont eux aussi divisés sur la question industrielle, à l’image du Brésil, grand pays exportateur partisan du libre échange qui s’oppose à l’Inde, plus protectionniste, sur l’ampleur des concessions à accorder.

Pour l’instant donc, les négociations sont figées entre grands blocs et à l’intérieur de chaque bloc.
Les négociateurs de l’OMC assurent que les positions se sont déjà beaucoup rapprochées depuis deux mois.

Mais ils misent désormais sur le premier trimestre de l’an prochain et non plus sur Hong Kong pour décrocher un accord.
L’OMC veut absolument boucler ce cycle de négociations avant la fin de 2006. Reste à savoir qui fera le prochain pas.

Au regard de ce constat, la lancinante question se pose : à quoi va servir la conférence de Hong Kong qui se tiendra du 13 au 18 décembre prochain ?

La question est légitime car plus personne ne croit aujourd’hui qu’un accord est encore possible entre les 149 Etats de l’Organisation Mondiale du Commerce.

Son tout nouveau directeur général, doit envoyer ce vendredi soir le document de travail qui servira de base aux discussions sur la libéralisation du commerce mondial, sorte de synthèse des positions sur les trois grands volets des négociations : l’agriculture, les produits industriels et les services.

Pascal Lamy, qui espérait pouvoir boucler l’essentiel de la négociation à Hong Kong, veut croire à de nouvelles avancées à Hong Kong.

Mais il a renoncé à forcer un consensus qui n’existe pas entre les cinq grands acteurs de la négociation, les Etats-Unis, l’Union européenne, le Japon, le Brésil et l’Inde. Si bien que la situation est aujourd’hui bloquée.

Nous y reviendrons dans nos prochaines parutions.

Almahady Cissé

09 décembre 2005.