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Aujourd’hui, les pays frappés par la crise alimentaire ou le problème de l’exploitation de leurs produits agricoles sont les anciennes colonies. “Elèves” dans l’économie de traite pendant la domination étrangère, on leur a défini un rôle précis : fournir les industries des métropoles en matières premières surtout agricoles.

Qu’ils soient émergeants, comme le Brésil qui a passé par plusieurs cycles d’exploitations depuis 1500, début de la colonisation portugaise, ou l’Inde fleuron des colonies britanniques, qu’ils soient sous-développés comme l’Afrique subsaharienne (Afrique du Sud exceptée), leurs économies rurales étaient soumises à la traite annuelle des productions.

Après les indépendances, en l’absence de toute initiative créatrice des différents dirigeants, nos pays sont restés arrimés à ce “système-monde”. Résultat cinquante ans après notre souveraineté retrouvée, nous n’arrivons pas à satisfaire nos besoins alimentaires. Plus dramatique, les produits de traite qu’on nous a imposés sont bloqués à l’entrée des marchés mondiaux par les subventions déloyales de nos anciens maîtres devenus nos patrons au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Eux, ont compris la morale de leur plus grand penseur la Fontaine : “la raison du plus fort est toujours la meilleure”. Donc cherchons nous aussi à être les plus forts. Et nous ne manquons pas d’arguments.

Nous représentons plus de la moitié de l’OMC. Et notre poids démographique et nos possibilités économiques ne demandent qu’à être mieux structurés en décrétant la priorité alimentaire. L’échec à Genève le 28 juillet 2008 des négociations entre “riches” et “pauvres” pour le renouvellement du cycle de Doha est un début de réponse !

Le cas de notre pays est encore plus grave!

Le Soudan devenu République du Mali en 1960 étant jadis le “grenier à céréales” de l’AOF, nos vivres ont même ravitaillé les “tirailleurs Sénégalais” (les soldats africains noirs que la France enrôlait) lors des guerres.

Aujourd’hui, le coton et l’arachide qui étaient nos principales ressources d’exploitation sont bloqués par ceux-là mêmes qui nous ont imposé leur production. Que faire? Après un demi-siècle d’indépendance, il est temps pour nous d’élaborer de véritables politiques de développement basées sur la recherche de l’autosuffisance alimentaire, fondement de tout équilibre national.

Les Maliens ont faim au bord du fleuve Niger avec le plus grand casier rizicole de l’Afrique Noire : L’Office du Niger. Au début de cette année, le premier des Maliens, le président Amadou Toumani Touré a promis l’autosuffisance et même un surplus alimentaire pour la récolte 2008.

Mais pourquoi avoir attendu un deuxième mandat pour retrousser les manches? Pourquoi avoir attendu le “Toc-toc” de la famine à notre porte pour prendre la daba ? Pourtant le grand champ qu’il veut labourer existe depuis 1929.

Alors, Maliens, ATT en tête, allons au champ ! Même les marabouts du Mandé doivent prendre la houe en proférant des bénédictions Amen !
M. Dialla SISSOKO, Professeur d’histoire-géographie:
– au lycée “La Lanterne” consultant pédagogique,
– au lycée Oumar BAH de Kalaban Coura Bko


28 Août 2008