Partager

Au cours des négociations, il arrive un moment, où les protagonistes se regardent en chiens de faïence et se demandent ce qu’ils font ici : les membres des délégations gouvernementales, les journalistes, les syndicalistes, les experts des questions de développement, les ONG…

Tout ce beau monde a une petite idée, mais ils ont tous été prévenus d’avance : l’objectif de la conférence n’est pas de conclure un accord à fort contenu. L’impression qui malheureusement reflète la triste vérité est la poursuite des négociations bien après Hong Kong.

En fait, cette baisse des ambitions par l’OMC, cache un malaise profond qui est palpable parmi les présents à Hong Kong, car en réalité aucun accord n’est voulu possible…

D’abord, parce que les Etats les plus développés, à savoir les Etats-Unis et les pays de l’Union Européenne, n’ont pas la volonté de faire quelque chose. De faire de la concession… Chacun jette à l’autre la responsabilité.

L’autre raison tient du fonctionnement même de la structure (OMC). L’OMC n’est pas un organe de décision, mais un organe de négociation. C’est la raison pour laquelle il ne fonctionne pas sur la base de votes à la majorité où chaque nation aurait une voix, mais sur la base du consensus.

Et le plus souvent, les négociations portent sur le commerce international, c’est à dire sur l’échange. Comme dans une cour de recréation, on ne peut échanger que si chacun accepte de donner à l’autre une part de ses billes.

Pour beaucoup d’experts et observateurs, le cycle de développement de Doha, remettait en cause le fondement même de l’OMC, car il admettait que la libéralisation des échanges n’entraîne pas mécaniquement le développement. Pour qu’elle favorise le développement, il faut des mesures spécifiques.

Constat d’échec

Depuis, l’accroissement des inégalités entre pays riches et pays pauvres ainsi qu’au sein des pays, y compris les plus riches, est un fait incontestable.

La conclusion du Rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation (mise en place à place à l’initiative de l’Organisation Internationale du Travail) est claire : la mondialisation s’est accompagnée de l’accroissement du chômage, de la précarité, du secteur dit « informel » et au final de la pauvreté.

A Hong Kong, les producteurs de coton africains sont venus avec l’espoir de trouver une solution aux problèmes des subventions cotonnières inéquitables versées aux producteurs américains et européens.

« Nous espérions que les pays développés mettraient tout pour trouver une solution à ce dossier« , ont-ils souligné dans une déclaration.

Ces pays ont fait des concessions sur la question des subventions aux exportations.
« Nous notons aussi que les Pays Développés membres de l’OMC se sont accordés pour ouvrir leurs marchés sans quota, ni droits de douane aux pays producteurs de coton.
Malheureusement, pour l’heure la question essentielle : celle des soutiens internes ne fait l’objet d’aucune proposition concrète
« , ont par ailleurs déploré les producteurs.

Or, ces soutiens internes représentent près de 90 % de l’ensemble des subventions américaines au coton, tandis qu’ils constituent la quasi-totalité des soutiens européens.
Ces soutiens ont aussi été condamnés par l’OMC et devaient être éliminés en 2005.

Si les membres ne s’accordent pas sur ce calendrier, ni sur aucun autre calendrier, on peut se demander comment fonctionne cette institution, s’indigne le très bouillant Président de l’Association des producteurs africains de coton (APROCA), François Traoré.

Les Etats membres n’ont pas su apporter une réponse cohérente avec les engagements de Doha ; les producteurs africains en prennent note, mais ne cesseront pas de lutter pour la suppression des soutiens internes au coton des pays développés, a conclu le communiqué.

Pourtant, au début, et les producteurs et les ministres africains, espéraient sur une lueur d’espoir, tant le discours des occidentaux tranchaient en leur faveur, ou presque.
Beaucoup, ont condamné…ces subventions.

Au finish, nous sommes toujours à la case de départ.
La suppression des subventions a été reportée aux calendes grecques.
Et c’est ça le trompe-l’oeil.

Almahady Moustapha Cissé
Envoyé spécial, à Hong Kong

19 décembre 2005.