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diagne2.jpgL’acte lâche perpétré il y a une dizaine de jours a provoqué consternation, indignation et a été unanimement condamné : l’attaque le 29 septembre dernier par un groupe de rebelles d’un camp de la Mission de l’Union Africaine au Darfour qui a fait dix morts parmi lesquels notre compatriote le Lieutenant-colonel Ibrahima Diagne, un officier du Génie militaire.

Notre compatriote dont le corps a été rapatrié lundi, a été inhumé hier. La nation a rendu hommage au cours d’une cérémonie empreinte d’émotion. L’officier a été conduit à sa dernière demeure au cimetière de Hamdallaye par une foule de parents, d’amis, de proches et d’officiels.

Auparavant, les obsèques s’étaient déroulées sur la place d’armes du 34è Bataillon du Génie militaire en présence des plus hautes autorités du pays et des chefs militaires. Il était précisément 10 heures lorsque le président de la République, Amadou Toumani Touré, a été accueilli sur la place par le premier ministre Modibo Sidibé, accompagné du maire de Bamako, Adama Sangaré, et de celui de la Commune III, Abdel Kader Sidibé.

Le chef de l’état s’est incliné devant la dépouille du défunt avant de signer le livre de condoléances. « Dors en paix » a sobrement écrit le président Touré.

Les camarades de promotion du lieutenant-colonel Ibrahima Diagne, ont transporté son corps au son de la marche funèbre jusqu’à l’aire de cérémonie. Là, il sera décoré de la médaille du Chevalier de l’Ordre national à titre posthume par le chef de l’état.

Une autre distinction, la médaille du mérite de la Mission de l’Union Africaine au Soudan, a été remise par Moussa Hamani représentant l’envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de l’UA dans ce pays.

Après le cérémonial, le défunt a été conduit à sa dernière demeure au cimetière de Hamdallaye.

Depuis le 21 octobre 2006, le lieutenant-colonel Ibrahima Diagne était observateur au sein de la Mission de l’Union Africaine au Darfour. C’est le directeur du Génie militaire, le colonel Dessouran Koné qui a prononcé son oraison funèbre.

Il est revenu sur le parcours de cet officier né le 1er mai 1955 à Kayes. Il fut incorporé dans l’armée comme engagé volontaire le 14 août 1979 par la commission mobile de recrutement de Bamako.

Fait soldat de 2è classe le même jour, la nouvelle recrue est envoyée à Kati pour suivre sa formation commune de base. Ainsi, débute une riche et longue carrière militaire. Après le Centre d’instruction, il est affecté à la compagnie de commandement et de service du bataillon des unités spéciales de Kati le 1er mai 1980.

Le soldat de 2è classe gravit rapidement les échelons de la hiérarchie et se voit à nouveau versé à la compagnie de commandement et de service technique du 34è Bataillon du Génie militaire en septembre 1980.

Ayant fait bonne impression, il est désigné pour le CAT-1 spécial. Admis à l’examen de sortie avec une mention « excellent », Ibrahima Diagne devient caporal en 1981. La soif d’apprendre le conduit à suivre les cours de CAT-2 Génie, l’année suivante.

Promu sergent, il est désigné en 1983 pour suivre un stage de topographie en Algérie. Nommé au grade de sergent-chef en 1988, il est admis au concours d’entrée à l’Ecole militaire Interarmes en septembre 1989.

Après une brillante formation à l’EMIA, Ibrahima Diagne sort sous-lieutenant en 1991. Commence alors une brillante carrière d’officier. Le jeune sous-lieutenant gravit les échelons entre 1993 et 2007 pour se hisser au grade de lieutenant-colonel le 22 septembre dernier. Grade qu’il ne pourra malheureusement savourer en raison d’une mort brutale survenue à la fin septembre du même mois.

Diagne a effectué plusieurs stages de perfectionnement en France et en Allemagne. Il assumera les fonctions de commandant de compagnie de la 342ème CTG et de chef de la division gestion et conservation du Domaine militaire depuis 2000, fonction qu’il occupait jusqu’à nos jours.

Officier de terrain, il participe à nombre de chantiers du Génie : la piste rurale latéritique de Simidji (Ouéléssébougou), la route Kangaba-Naréna, un terminal conteneur au profit de l’ancienne Régie des chemins de fer à Korofina Sud, une aire de stockage pour la CMDT à Koumantou, la route Gao-Labbezanga, une plaine agricole à Watagouna.

Le lieutenant-colonel Ibrahima Diagne a participé à de nombreuses opérations militaires aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. En 1992, il fut envoyé en renfort à Gao lors de la rébellion. Entre 2003 et 2004, il était en Sierra Leone au compte des Nations Unies.

Ibrahima Diagne laisse derrière lui 3 veuves et 18 orphelins inconsolables.

L’Essor

10 octobre 2007.