Libye : l’armée poursuit son offensive à l’est
Au 28e jour de l’insurrection, la ville clé d’Ajdabiya se prépare à subir un assaut des forces de Mouammar Kadhafi qui avancent sur Benghazi, la «capitale» des rebelles. Les Occidentaux se concertent toujours pour trouver une issue.
La percée des forces pro-Kadhafi en territoire insurgé se poursuit lundi. Après les reconquêtes de Ras Lanouf et de Brega, à coups d’artillerie lourde et de raids aériens, la ligne de front se déplace davantage vers l’est, signe de la détermination du colonel Kadhafi à venir à bout de l’insurrection. Désormais en première ligne, Ajdabiya s’apprête à être visée.
Les rebelles, repliés à bord de véhicules transportant des batteries anti-aériennes, se préparent à défendre cette «ville vitale», selon le commandant des insurgés, le général Abdel Fattah Younis. Dans la matinée, quatre obus sont tombés à la sortie ouest de la ville, véritable carrefour routier entre plusieurs villes de l’est situé à 160 km seulement de Benghazi, le fief de l’insurrection.
Ce premier coup de semonce n’a pas fait de victime mais, déjà, de nombreux civils fuient la ville à bord de camionnettes chargées de valises, de sacs et de matelas, alors qu’une tempête de sable souffle sur la région. Direction Benghazi, deuxième ville du pays à un millier de kilomètres à l’est de Tripoli.
Dans la «capitale» des rebelles, l’euphorie des premières semaines de la révolte a fait place à l’inquiétude. Toutes les lignes de téléphones portables sont coupées.
L’aide humanitaire arrive au compte-gouttes : le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé dimanche avoir envoyé depuis la Jordanie sept camions chargés de nourriture et de médicaments vers Benghazi. Dix camions supplémentaires sont doivent partir mercredi et vendredi.
Bras de fer au conseil de sécurité de l’ONU
A l’ouest, les rebelles contrôlent toujours Misrata, à 150 km à l’est de Tripoli, mais des tirs d’armes automatiques résonnaient lundi matin aux abords de la ville, selon un habitant. A Tripoli, les forces gouvernementales répriment toute opposition «avec brutalité, à coups d’arrestations arbitraires, de disparitions forcées, voire de tortures, selon l’organisation Human Rights Watch.
Dans le camp des insurgés, tous les regards sont tournés vers l’étranger, même si des réunions de l’Otan et l’Union européenne n’ont abouti à aucune décision concrète. La Libye sera au cœur de concertations lundi entre Occidentaux et Russes lors d’une réunion des chefs de la diplomatie du G8, à Paris.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, qui entame une tournée en Europe, en Tunisie et en Egypte, prévoit d’avoir un contact avec l’un de ses représentants, Mahmoud Jibril, chargé des affaires internationales par le Conseil national de transition (CNT), qui représente l’opposition. De son côté, Londres a demandé lundi aux puissances occidentales d’envisager d’armer les rebelles libyens et d’agir vite pour contrer les forces loyales à Kadhafi.
Samedi, la Ligue arabe a apporté son soutien à une zone d’exclusion aérienne, réclamée avec force par l’opposition libyenne, appelant le Conseil de sécurité de l’ONU à l’autoriser pour empêcher les bombardements et protéger les civils. La Chine et la Russie, toutes deux membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, ont fait part de leur scepticisme à ce sujet, alors que l’Inde, membre non permanent, a fait part de son opposition.
Reconnaissant, le colonel Kadhafi a invité lundi des firmes de ces trois pays à venir exploiter du pétrole en Libye, après le départ de la majorité des compagnies étrangères. La Compagnie pétrolière nationale libyenne avait appelé à la reprise du travail affirmant que les ports pétroliers étaient désormais «sûrs» et «opérationnels».
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Libye : Armer les rebelles libyens, une option selon Londres
Les puissances internationales devraient envisager d’armer les rebelles libyens et d’agir vite pour empêcher les forces loyales à Mouammar Kadhafi d’écraser l’insurrection, a estimé lundi le secrétaire au Foreign Office, William Hague.
Le maintien au pouvoir de Kadhafi serait un « long cauchemar » pour le peuple libyen, a déclaré le chef de la diplomatie britannique, ajoutant qu’une décision était sur le point d’être prise pour une intervention internationale significative.
« Si Kadhafi parvenait à dominer la majeure partie du pays, ce serait un long cauchemar pour le peuple libyen et (la Libye) serait un Etat paria pendant une longue période », a déclaré William Hague sur les ondes de la BBC.
Malcolm Rifkind, un ancien secrétaire aux Affaires étrangères et à la Défense du parti conservateur, estime dans une tribune publiée lundi dans The Times qu’il est temps pour les pays occidentaux d’armer la rébellion.
Si Hague a déclaré que l’embargo décrété sur les armes vers la Libye constituait un handicap pour armer les insurgés, il a ajouté que Rifkind soulevait un point intéressant.
« C’est le genre de sujet qui doit être abordé avec nos partenaires internationaux et ces discussions sont en cours », a-t-il dit.
William Hague participera lundi à Paris à une réunion des ministres des Affaires étrangères du G8.
Les forces libyennes reprennent une à une ces derniers jours des villes tenues par les insurgés dans l’ouest et l’est du pays.
La Grande-Bretagne et la France poussent en faveur de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne sous mandat international pour neutraliser la capacité militaire aérienne du régime de Tripoli, mais d’autres pays se montrent réticents.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a jugé lundi qu’une intervention militaire de l’Otan serait inutile et risquée.
« Nous avons vu d’autres exemples d’interventions étrangères, en particulier des interventions militaires, qui n’ont fait qu’aggraver le problème », a-t-il dit lors d’une conférence à Istanbul.
« Nous considérons donc une intervention militaire de l’Otan dans un autre pays comme extrêmement préjudiciable et estimons en outre qu’elle pourrait avoir de dangereux résultats », a-t-il ajouté. La Turquie est le seul pays musulman membre de l’Otan.
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Abidjan De Christophe KOFFI (AFP)
ABIDJAN — Des tirs à l’arme lourde ont retenti lundi matin à Abidjan près de la résidence privée du général Philippe Mangou, chef d’état-major des forces armées fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, ont rapporté plusieurs témoins.
C’est la première fois que des tirs d’armes lourdes sont rapportés dans ce fief de M. Gbagbo depuis le début de la crise née de la présidentielle de novembre 2010, qui a déjà fait près de 400 morts selon l’ONU, et menace de faire basculer le premier exportateur mondial de cacao dans la guerre civile.
Ces tirs dans le quartier de Yopougon (dans l’ouest d’Abidjan), bastion de M. Gbagbo, interviennent au lendemain d’une avancée de ses adversaires dans l’Ouest et alors que l’Union africaine a confirmé la victoire de l’opposant Alassane Ouattara, déjà reconnue par une grande partie de la communauté internationale mais rejetée par le camp Gbagbo.
Les tirs à l’arme lourde ont été entendus peu avant l’aube, vers 05H00 (locales et GMT) à proximité de la résidence du chef des Forces de défense et de sécurité (FDS), dans la zone d’Andokoua, dans le nord (bien: nord) de Yopougon, près de la forêt du Banco. Ils ont cessé environ deux heures plus tard, selon des témoins.
« On a été réveillés par des tirs à l’arme lourde, suivis de tirs de kalachnikov », a raconté une habitante de la zone. « On est couché, on ne peut même pas sortir », a-t-elle ajouté. Un autre habitant a évoqué « des tirs d’obus, de kalach ».
Depuis mi-février, le quartier d’Abobo, dans le nord d’Abidjan, pro-Ouattara celui-ci, est le théâtre de combats entre FDS et insurgés pro-Ouattara. La forêt du Banco, dont de larges zones échappent au contrôle des forces de sécurité, sépare Abobo des zones nord de Yopougon, notamment Andokoua.
Samedi, les forces pro-Gbago ont lancé une offensive pour déloger les insurgés d’Abobo, faisant au moins une dizaine de morts. Mais cette opération n’a guère changé la situation sur le terrain, les insurgés gardant le contrôle d’une grande partie d’Abobo.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU examinait lundi un rapport sur la situation en Côte d’Ivoire, qui appelle notamment à la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits de l’homme dans ce pays.
Le rapport de la haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, conclut « à une détérioration drastique de la situation » depuis novembre 2010.
« Les membres des Forces de défense et de sécurité loyales à Laurent Gbagbo ont fait un usage excessif et mortel de la force pour réprimer les opposants politiques, entraînant le pays dans la tourmente et créant un climat de suspicion, de peur et de répression », selon le rapport.
Sur le front de l’ouest, les éléments des Forces nouvelles (FN), ex-rébelion alliée à M. Ouattara, ont pris dimanche la ville de Doké, entre Toulépleu et Bloléquin.
Depuis mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont ainsi pris quatre localités de cette région frontalière du Liberia, leur prise majeure ayant été la ville de Toulépleu, tombée le 6 mars après des combats contre les FDS et les miliciens qui les appuient.
L’objectif des forces pro-Ouattara est de prendre la ville de Bloléquin, à une dizaine de kilomètres à l’est de Doké, qui leur ouvrirait un accès au centre-ouest et au port de San Pedro (sud-ouest), le plus grand port d’exportation de cacao au monde.
Une centaine de soldats FDS ont déserté et trouvé refuge au Liberia après les combats à Toulépleu, ont indiqué des réfugiés ivoiriens dans ce pays. Quelque 75.000 Ivoiriens ont fui au Liberia les violences depuis le début de la crise, dont la moitié depuis un mois.
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Côte d’Ivoire: une centaine de soldats pro-Gbagbo déserteurs réfugiés au Libéria (AFP)
MONROVIA — Une centaine soldats de l’armée loyale au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo ont déserté et trouvé refuge au Liberia voisin de la Côte d’Ivoire, ont indiqué lundi à l’AFP des réfugiés ivoiriens au Liberia.
Ces soldats des Forces de défense et de sécurité (FDS), qui étaient basés dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, ont fui les combats ayant opposé les FDS à l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) à Toulépleu, à l’issue desquels la ville a été reprise le 6 mars par les FN.
« Beaucoup d’entre eux sont déjà passés au Liberia. Ils sont dans la ville de Toetown et les villages environnants, ils sont plus d’une centaine, mélangés aux réfugiés » civils, a déclaré un réfugié ivoirien à Toetown.
Toetown est située dans l’est du Liberia, près de la frontière avec la Côte d’Ivoire, à une trentaine de km de la ville de Toulépleu.
Avant de passer au Liberia, ces soldats ont laissé leurs armes de l’autre côté de la frontière, ont affirmé les réfugiés interrogés par l’AFP.
Un élu local a confirmé ces informations, précisant que les déserteurs ont pris toutes les précautions pour ne pas se faire repérer par la mission des Nations unies au Liberia (Minul).
« Ils ont peur d’être arrêtés par les forces de la Minul. Ils ont masqué leur identité et tout ce qui pourrait facilement les identifier », a affirmé cet élu.
Quelque 75.000 Ivoiriens ont fui au Liberia, la moitié d’entre eux ayant quitté le pays depuis fin février, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés.
La récente flambée de violences entre le camp Gbagbo et celui de son rival Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale et soutenu par les FN, fait craindre une guerre civile en Côte d’Ivoire. Les agences humanitaires s’inquiètent de la rapide augmentation des réfugiés et déplacés.
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Somalie: le Burundi envoie un millier de soldats en renfort à l’Amisom (AFP)
BUJUMBURA — Le Burundi a récemment envoyé 1.000 soldats supplémentaires en Somalie pour y renforcer les effectifs de la force de l’Union africaine (Amisom), a annoncé lundi à l’AFP le chef d’état-major de l’armée burundaise.
« Le Burundi a envoyé de nouvelles troupes en Somalie il y a une semaine, 1.000 soldats supplémentaires », a indiqué le général Godefroid Niyombare.
Ceci « pour répondre à une demande formulée en 2010 de porter 8.000 à 12.000 hommes les effectifs de l’Amisom », a expliqué le général Niyombare.
Déployée à Mogadiscio en soutien au gouvernement de transition somalien (TFG), l’Amisom compte désormais près de 9.000 militaires burundais et ougandais, dont 4.500 Burundais, selon un décompte de l’AFP.
L’Union africaine avait souhaité à plusieurs reprises que les effectifs de l’Amisom soient portés de 8.000 à 12.000 hommes.
« Le Burundi et l’Ouganda, les deux pays contributeurs de troupes jusqu’ici, s’étaient engagés à envoyer chacun 1.000 hommes sur les 4.000 soldats supplémentaires à déployer, (…), le Burundi vient de tenir sa promesse », a souligné le chef d’état-major burundais.
L’envoi des renforts burundais s’est déroulé dans le plus grand secret « grâce à des vols de nuit entre Bujumbura et Mogadiscio », avec l’aide des Etats-Unis, a précisé l’officier.
Ces nouvelles troupes ont été déployées après le lancement fin février d’une offensive majeure des forces pro-gouvernementales contre les insurgés islamistes shebab, qui contrôlent le centre-sud du pays et une grande partie de la capitale.
Plus d’une cinquantaine de militaires de l’Amisom ont été tués depuis, dont 43 Burundais, selon différentes sources.
Le TFG et l’Amisom se sont emparés de plusieurs positions clé des shebab dans la partie sud-ouest de la capitale à la faveur de cette offensive, dont l’ex-ministère de la Défense et une ancienne usine laitière.
« Le moral de nos troupes en Somalie est très très bon, malgré les pertes que nous avons subies récemment », a assuré le chef d’état-major de l’armée burundaise.
« Non seulement les opérations lancées dernièrement ont été couronnées de succès, mais l’arrivé de leurs frères d’armes va leur permettre de consolider définitivement leurs nouvelles positions », a-t-il jugé.
Près d’une centaine de soldats burundais ont été tués en Somalie depuis le déploiement de l’Amisom en 2007, alors que les shebab ont menacé Bujumbura de représailles à plusieurs reprises.
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Soudan: le Sud suspend le dialogue avec Khartoum, 30 morts dans des combats De Simon MARTELLI (AFP)
KHARTOUM — Les dirigeants sudistes ont annoncé samedi avoir suspendu le dialogue avec le pouvoir nordiste du président Omar el-Béchir, l’accusant de comploter pour faire tomber leur gouvernement avant l’indépendance prévue en juillet.
Cette annonce intervient alors qu’au moins 30 personnes ont été tuées à Malakal, capitale de l’Etat du Haut Nil dans le Sud-Soudan, dans des combats entre armée sudiste et rebelles, ce qui porte à plus d’une centaine le nombre de morts dans les affrontements dans cette région depuis début mars.
« Nous avons des détails sur une conspiration, supervisée par le président Omar el-Béchir, visant à renverser le régime du Sud-Soudan », a déclaré lors d’une conférence de presse à Khartoum Pagan Amum, secrétaire général du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), ex-rebelles sudistes.
« Le projet, qui cherche à créer une grave instabilité dans le Sud, doit être mis en place par les services secrets de l’armée et des conseillers du président affectés à la sécurité », a-t-il dit, soulignant que son mouvement avait demandé à l’ONU d’enquêter sur « les crimes contre l’humanité » à Jonglei et Malakal au Sud-Soudan.
« Pour toutes ces raisons, le SPLM suspend le dialogue avec le Parti du Congrès national (de M. Béchir) jusqu’à ce qu’il cesse ces activités, ou jusqu’à ce que le Conseil de sécurité enquête » sur cette question, a poursuivi M. Amum.
Mais un porte-parole du Parti du Congrès national a rejeté ces accusations. « Nous serons les premiers à reconnaître le gouvernement indépendant du Sud. Je ne sais pas à partir de quoi il lance ces accusations », a dit Rabih Abdel Ati.
« Le Nord dirigeait tout le Sud avant, mais nous avons accepté les résultats du référendum. Nous n’avons aucun lien avec les milices rebelles du Sud. Nous pensons qu’un Sud stable est dans l’intérêt du Nord. Nous cherchons la stabilité du Sud », a-t-il assuré.
A l’issue du référendum de janvier sur l’avenir du Sud-Soudan, qui avait vu une écrasante majorité pour la sécession, des commissions mixtes ont été créées pour résoudre les nombreuses questions en suspens entre le Sud et le Nord avant l’indépendance prévue pour juillet.
Sur le terrain, des rebelles ont lancé avant l’aube une attaque sur Malakal qui a fait au moins 30 morts dans leurs rangs, selon le porte-parole de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), la branche militaire du SPLM aujourd’hui à la tête de l’armée sudiste, Philip Aguer.
Selon des témoins, les combats se poursuivaient en début de soirée.
Les 6 et 7 mars, des combats entre des rebelles et la SPLA avaient déjà fait 72 morts dans le Haut Nil et 21 morts dans l’Etat du Jonglei.
Durant la guerre civile dévastatrice qui a opposé le Nord et le Sud (1983-2005), Khartoum a armé des milices sudistes hostiles au SPLM, et ce dernier a accusé le Nord de continuer à le faire après l’accord de paix signé en 2005.
M. Amum a ajouté que la SPLA envisageait de couper l’approvisionnement en pétrole au Nord, en réponse au complot présumé. Environ 80% de la production de brut soudanais (475.000 barils par jour) est extraite du Sud et exportée via le Nord, mais les Sudistes envisagent de chercher d’autres routes.
Les négociations sur une formule de partage des revenus est l’un des dossiers que le Nord et le Sud doivent régler avant juillet. Les autres dossiers sensibles concernent le statut d’Abiyei, la citoyenneté et la dette.
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Afghanistan: 33 morts dans un attentat suicide contre l’armée dans le nord (AFP)
KUNDUZ — Au moins 33 personnes ont été tuées et 42 blessées lundi dans un attentat suicide contre un centre de recrutement militaire à Kunduz, l’un des principales villes du nord du pays, ont annoncé à l’AFP les autorités locales.
« Il y a eu un attentat suicide dans le centre de recrutement militaire de la ville de Kunduz. Les premières informations font état de 33 morts et 42 blessés », a indiqué à l’AFP Mehboubullah Sayedi, porte-parole des autorités de la province de Kunduz.
« La plupart de ceux qui ont été tués étaient des candidats désireux de s’enrôler dans l’armée », a-t-il ajouté.
L’Afghanistan est régulièrement frappé par des attentats suicide souvent revendiqué par les rebelles talibans, qui visent notamment l’armée et la police locales, censées prendre d’ici quatre ans le relais des forces internationales de l’Otan et assurer la sécurité du pays.
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Pakistan: trois insurgés islamistes tués par un drone américain
MIRANSHAH (Pakistan) – Au moins trois insurgés islamistes ont été tués lundi par les missiles d’un drone américain dans le nord-ouest du Pakistan, où ces avions sans pilote de la CIA prennent pour cible régulièrement Al-Qaïda et les talibans, ont annoncé les forces de sécurité.
Il s’agissait de la cinquième attaque de ce type en six jours.
Le drone a tiré deux missiles sur un véhicule dans la zone de Tappi, dans le district tribal du Waziristan du Nord, l’un des bastions des talibans pakistanais et d’Al-Qaïda, a indiqué par téléphone à l’AFP un officier des forces de sécurité qui a requis l’anonymat.
« Les trois occupants, des insurgés islamistes, ont été tués », a-t-il ajouté.
L’attaque et le bilan ont été confirmés à l’AFP par un autre responsable militaire.
Les zones tribales, frontalières avec l’Afghanistan, sont le bastion des talibans pakistanais, le principal sanctuaire dans le monde d’Al-Qaïda et la base arrière des talibans afghans.
Les talibans pakistanais, qui ont fait allégeance à Al-Qaïda, sont les principaux responsables de la vague de quelque 450 attentats, attentats-suicides pour la plupart, qui ont fait plus de 4.100 morts dans tout le pays en trois ans et demi.
Leurs camps d’entraînement dans les zones tribales –notamment pour les kamikazes– sont également utilisés par Al-Qaïda, qui y a préparé des attentats et des tentatives d’attaques perpétrés ces dernières années aux Etats-Unis et en Europe.
A l’unisson d’Oussama Ben Laden en personne, ils avaient décrété à l’été 2007 le jihad, la « guerre sainte », contre Islamabad pour son soutien à la « guerre contre le terrorisme » de Washington depuis fin 2001.
Entamée en 2004, la campagne de tirs de missiles par les drones américains s’est nettement intensifiée depuis l’été 2008 et les salves sont devenues ces derniers mois très fréquentes, voire quotidiennes à certains moments.
En 2010, une centaine de tirs ont fait plus de 670 morts, selon un comptage de l’AFP reposant sur les déclarations de responsables militaires. Il s’agit, pour la plupart, de combattants islamistes, d’Al-Qaïda ou des talibans pakistanais ou afghans, mais les civils ne sont pas épargnés, selon ces sources.
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Irak: neuf militaires tués dans un attentat suicide au nord-est de Bagdad
KANAAN (Irak) – Au moins neuf militaires irakiens ont péri et 14 autres ont été blessés lundi matin dans un attentat suicide au camion piégé contre une base militaire de Kanaan, à 70 km au nord-est de Bagdad, a annoncé un responsable du commandement des opérations de la province de Diyala.
Un kamikaze a précipité son camion rempli d’explosifs vers 06H00 (03H00 GMT) contre le bâtiment principal de cette base après avoir passé en force le point de contrôle à l’entrée du complexe, a-t-il indiqué sous couvert de l’anonymat.
« Au moins neuf soldats ont péri et 14 ont été blessés », a-t-il déclaré. « Nous craignons que le bilan ne s’alourdisse car les sauveteurs recherchent toujours des victimes coincées dans les décombres du bâtiment qui s’est totalement effondré », a-t-il ajouté.
C’est dans ce bâtiment que se trouvent les dortoirs des militaires.
De nombreuses ambulances étaient toujours sur les lieux de l’attentat vers 10H00 (07H00 GMT) alors que des engins de chantier déblayaient les décombres, a observé un journaliste de l’AFP sur place.
Plusieurs maisons du voisinage ont été endommagées par l’explosion et de nombreuses voitures garées à proximité ont eu leur pare-brise soufflé par la déflagration.
Un nombre important de policiers et de militaires étaient déployés dans le secteur de l’attentat.
Par ailleurs, au moins huit personnes ont été blessées lundi matin dans l’explosion de trois bombes artisanales à Bagdad, a indiqué un responsable du ministère de l’Intérieur sous couvert de l’anonymat.
Une des bombes visait une patrouille de police dans le quartier d’al-Amine, dans l’est de la capitale, et a blessé trois policiers et deux civils.
Kanaan se trouve à une dizaine de kilomètres à l’est de Baqouba, capitale de la province de Diyala.
Ancien bastion d’Al-Qaïda, Diyala demeure l’une des plus violentes provinces d’Irak, du fait d’importantes tensions ethniques et confessionnelles.
La province se trouve sur une bande de territoire de 650 km de long, qui va de la Syrie à l’Iran et que se disputent le gouvernement central de Bagdad et les autorités du Kurdistan (nord).
Le 20 janvier, un attentat avait visé à Kanaan un groupe de pèlerins en route pour la ville sainte chiite de Kerbala, à 110 km au sud de la capitale, pour y célébrer l’Arbaïn, qui marque la fin des 40 jours de deuil commémorant le martyre en 680 de Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et fils de l’imam Ali. Un pèlerin avait péri et trois autres avaient été blessés.
Le niveau de violences en Irak est sans commune mesure avec le pic observé au plus fort des affrontements confessionnels en 2006 et 2007, mais les attentats y demeurent quotidiens.
Un total de 197 Irakiens ont perdu la vie en février dans les violences dans leur pays.
14 mars 2011