“A bas le manipulateur du peuple !”, scandaient, ce dimanche 14 Février, les banderoles et autres pancartes des manifestants. “L’opinion est témoin de l’échec du dialogue inter-nigérien, par la seule faute de Mamadou Tandia et de son gouvernement”, clamait Abdou Labo, un dirigeant de la Coordination des Forces Démocratiques pour la République (CFDR). “Qu’il (Mamadou Tandia) prenne acte que le dialogue a échoué !”, renchérissait Mohamed Bagoum, un autre membre du CFDR.
Toutes ces manifestations hostiles peuvent se résumer dans cette conclusion d’un autre opposant : “Le camp présidentiel a ourdi toutes sortes de manœuvres dilatoires pour parsemer d’embûches la voie menant à la solution de la crise politique”.
C’est dire que les dénonciations de cette coalition de partis politiques, de syndicats et d’organisations de défense des droits de l’homme (la CFDR) sont assez révélatrices d’un divorce désormais consommé entre le régime de Tandia et la plus grande partie de la société nigérienne. “L’hallali” aurait-il donc sonné pour le pouvoir nigérien ?
En tout cas, on a tendance à le penser, surtout après le fiasco de la tentative de la CEDEAO à travers son médiateur, l’ancien Président nigérian, Abdusalami Abubacar, en faveur d’une conciliation des différentes positions adoptées par les parties belligérantes.
Pire, non seulement les “retouches” opérées dans certains passages de la Constitution nigérienne (le Référendum obligeant) n’ont pas réussi à calmer les esprits (loin s’en faut d’ailleurs), mais ce récent Référendum en faveur d’un prolongement du pouvoir de Tandia paraît aujourd’hui étaler tout le “revers de sa médaille”.
En effet, malgré les incessants appels à l’entente lancés par des personnes, structures et instances affiliées à la cause du pouvoir, ce Référendum s’est finalement révélé, non pas seulement une bombe à retardement, mais surtout, un acte qui a “mis le feu aux poudres”. Et l’explosion n’a guère tardé, avec cette soudaine montée au créneau des forces vives et de l’opposition.
Et le combe pour Tandia, c’est que cette fois-ci, les acteurs de la CFDR ont non seulement décidé de “mordre”, mais elles sont d’emblée résolues à ne plus en démordre. A quel subterfuge social ou politique le régime en place fera t-il alors appel ? Aussi doute-t-on fort (même si on l’espère), que le fameux “Projet d’accord” concocté par le médiateur de la CEDEAO puisse obtenir gain de cause.
D’ailleurs, ce Projet avait été rejeté par l’opposition depuis le jeudi dernier (12 Février) : ce qui avait bloqué net les négociations entre pouvoir et opposition. Pourtant, tout ce que proposait ce “Projet d’accord” ne joue pas réellement en défaveur de la CFDR et de l’opposition : sauf l’aspect relatif… au “maintien on fonction du Président Tandia durant une période transitoire”.
En effet, les autres aspects dudit projet sont : “la nomination d’un Premier Ministre issu de l’opposition, l’élaboration d’une nouvelle Constitution et l’organisation de nouvelles élections générales”.
Des aspects qui semblent cependant “trop beaux ” pour paraître vrais ou réalisables, surtout quand on pense à la détermination de Mamadou Tandia de rester au pouvoir nigérien.
C’est qu’il semble que la CFDR et l’opposition ont attendu l’approche de la réunion des pays membres de la CEDEAO pour monter au créneau. Aussi est-on tenté d’imaginer que même si de la crise nigérienne ne sera pas évoquée au cours des débats de cette rencontre, certains homologues de Tandia pourraient quand même en profiter pour lui faire entendre la voix de la raison…, en coulisses, bien sûr.
Néanmoins, on en doute, surtout quand on sait que nos Chefs d’Etat n’ont pas pour habitude de “s’ingérer dans leurs affaires intérieures” respectives. Hélas !…
Dans ce cas, et puisque la CEDEAO semble aujourd’hui avoir “donné sa langue au chat” concernant la résolution de cette crise politique nigérienne, les parties nigériennes en conflit parviendront-elles à accorder leurs violons ? Le cas… échouant, faudrait-il alors s’attendre à une autre recrudescence de ce cri ?
Oumar DIAWARA
17 Février 2010.