Moins touchée par la crise financière mondiale, la Chine est déterminée à favoriser l’avènement d’un nouvel ordre international. Elle ne cesse de plaider la cause des pays pauvres, notamment ceux de l’Afrique, exclus des rencon tres internationales comme le G-20 qui s’est tenu le week-end dernier aux Etats-Unis.
Pour pallier le ralentissement de la croissance du pays, les dirigeants chinois ont décidé de soutenir la demande intérieure sur les deux prochaines années avant d’investir dans de nouvelles infrastructures, dans le système de protection sociale, dans l’environnement, l’immobilier ou l’innovation technologique.
Selon l’agence officielle Chine Nouvelle du 9 novembre 2008, un plan de relance chiffré à 461 milliards d’euros (4000 milliards de yuans, 586 milliards de dollars) va être consacré au relèvement de l’économie du pays. L’objectif visé est la relance de la demande intérieure du pays sur les deux prochaines années. La somme libérée sera par la suite consacrée à des investissements dans de nouvelles infrastructures (transports, construction, structures rurales), dans le système de protection sociale, dans l’environnement…
L’Etat prévoit aussi de favoriser le prêt aux petites et moyennes entreprises et d’instaurer une réforme sur le calcul de la TVA chinoise. Grâce à cela, les entreprises devraient pouvoir économiser collectivement 120 milliards de yuans par an. En dehors de ces solutions programmées au niveau national, le principal enseignement que l’Empire du Milieu tire de cette crise est la nécessité de l’avènement d’un nouvel ordre financier mondial.
C’est la position récemment défendue par le Premier ministre chinois, Wen Jibao, lors d’une visite en Russie. Pour lui, il est urgent d’instaurer un nouvel ordre financier international fondé sur un système monétaire international composé de plusieurs monnaies. Le Premier ministre chinois a par ailleurs confirmé que la sortie de crise doit passer par un renforcement de la coopération internationale, tout en indiquant que les pays développés doivent assumer leur responsabilité.
« La confiance et la coopération sont plus précieuses que l’or ou toute monnaie devant cette crise » , a-t-il a indiqué dans son discours prononcé à l’ouverture du 3e Forum économique sino-russe. Il a appelé les pays développés à assumer leur responsabilité et leur obligation et à adopter des politiques plus efficaces pouvant stabiliser leur propre marché financier ainsi que celui du monde.
Le Premier ministre chinois a surtout insisté sur le fait que la communauté internationale doit coopérer dans les efforts pour stimuler le développement de l’économie mondiale et réduire les pertes que la crise actuelle peut causer aux pays en voie de développement, notamment les pays les moins avancés.
« Le système des institutions financières internationales doit être amélioré pour qu’elles puissent fonctionner efficacement dans la sauvegarde de la stabilité financière régionale et globale » , a-t-il dit.
Il a aussi touché du doigt la nécessité de « renforcer le droit des pays émergents et en développement de savoir et de parler dans ces institutions ». Une rupture d’autant nécessaires que les pays pauvres ont toujours subit le diktat du système financier sans jamais avoir leurs mots à dit. L’Afrique paye aujourd’hui le prix fort, sur le plan social et économique, des mauvaises politiques de développement imposées par le FMI et la Banque mondiale.
Des dirigeants frileux
Le Mali, depuis plus d’une décennie, se cherche un système éducatif fiable et efficace depuis que les institutions financières de Bretton Woods l’ont contraint un moment à se retirer de la construction des écoles, de la formation des maîtres et à pousser les enseignants les plus expérimentés à prendre leur retraite anticipée pour s’investir dans le privé. Cela a totalement déstructuré l’école malienne qui, depuis, est à la recherche d’un second souffle.
La Chine se bat aujourd’hui pour que cela ne se reproduit plus, pour que les Etats pauvres aient au moins le droit d’opter pour le type de réformes qu’ils pensent nécessaires à l’atteinte de leurs objectifs de développement. Pour ce faire, il faut « des réformes efficaces et complètes » du système financier international.
Il est temps qu’il soit juste, équitable, ordonné et incluant tous les aspects et toutes les parties du monde financier afin de garantir efficacement un développement continu et la prospérité de l’économie mondiale. C’est en tout cas le principal enseignement que les économistes avisés ont tiré de l’actuelle crise financière.
C’est pourquoi, le 6 novembre 2008, la Chine a souhaité une représentation accrue des pays en développement au sein du FMI et de la Banque mondiale à la faveur des réformes de ces institutions financières internationales. Une représentation rendue nécessaire par la crise. La Chine, avec ses colossales réserves de change de plus de 1900 milliards de dollars, arrive en tête des pays cités pour augmenter les ressources du Fonds monétaire international (FMI).
Elle a donc son mot à dire dans les réformes envisagées. Et elle a besoin d’un fort soutien des pays pauvres pour ce faire. Malheureusement, les dirigeants africains ont toujours peur de se « mouiller » en affichant un soutien total à la Chine dans ce combat pour un nouvel ordre économique. Rares sont les présidents africains qui ont osé élever la voix parce que l’Afrique a été exclue du sommet du G-20 !
De toutes les manières, ils n’ont rien à perdre eux puisque ce sont les citoyens qui payent toujours les pots cassés de leur frilosité politique sur la scène internationale. Et pourtant, ils disposent aujourd’hui d’un allié de poids et de taille qui pèse lourd dans les relations entre le Nord et le Sud : la Chine.
Vieux Georges
18 Novembre 2008