Des cas de tortures, la surpopulation excessive des prisons, l’insécurité grandissante dans le pays, l’accès timide de la population aux soins de santé, la paupérisation de la population, avec son corollaire de corruption généralisée, l’association malienne des droits de l’homme (AMDH) a produit un rapport alarmant sur les droits de l’homme au Mali.
«La corruption de l’appareil judiciaire et le laxisme porte atteinte aux droits des citoyens au Mali.» C’est le jugement qu’a porté le président de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), Me Bréhima Koné. Il a fait remarquer que 90 % de la population malienne vivent avec moins de deux dollars par jour, un tiers de la population ne mange pas à sa faim, etc.
La structure vient de produire un nouveau rapport sur la question. Les responsables de l’association ont porté ce rapport à la connaissance des medias, à travers une conférence de presse qui a été animée par Me Bréhima Koné, le 3 avril 2010 à son siège sis à l’ACI 2000. Le président était entouré des membres du bureau de l’AMDH.
L’association a déploré de nombreux cas de violences et crimes consécutifs aux élections communales d’avril 2009 notamment à Dougou Wolowila, condamné l’assassinat de Mme Maïga Salimata Dembélé, maire de la commune rurale de Yognogo dans le cercle de Koutiala.
L’organisation de défense des droits de l’homme a observé que les forums sur l’éducation, la corruption et le foncier ont été d’un impact peu visible sur la marche de ces domaines. Pour le président de l’organisation, malgré les efforts, l’emploi n’a pu connaître de progrès, l’incivisme s’est accentué, l’insécurité et la mendicité vont grandissant.
Et le plus inquiétant, ajoute-t-il, est que le Nord du pays échappe au contrôle de l’État où le mouvement Al Quaeda a élu domicile. «Il est urgent de restaurer l’autorité de l’État», a-t-il insisté. Aux yeux de l’AMDH, les droits des femmes et des enfants sont constamment violés et l’harmonisation des instruments nationaux avec les conventions internationales ratifiées par le gouvernement reste timide.
«Les entorses aux droits de l’homme, qui ont lieu au cours des enquêtes préliminaires, ont pour but de satisfaire des intérêts purement personnels. Nous assistons à des cas de tortures dans les commissariats de police», a indiqué Me Koné.
Il retient que la construction d’une nouvelle prison s’impose pour dépeupler les prisons notamment celle de Bamako qui accueille 1669 détenus contre sa capacité normale de 400 à 500 personnes. Pour le président de l’AMDH, le recul véritable des droits de l’homme au Mali est au niveau de la justice, l’administration connaît des gangrènes, la corruption continue à faire des dégâts où les mécanismes de combat sont inefficaces.
«S’il y a eu des avancés, c’est seulement au plan institutionnel, des textes, mais les habitudes n’ont pas changé» a conclu le président. Une grande avancée que le président a saluée est l’absence de détenus d’opinion dans le pays.
Seydou Coulibaly
06 Avril 2010.