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Inauguré dans la ferveur du cinquantenaire du Mali sous le label du prince Aga Khan, le nouveau Parc national présente un visage certes attrayant, mais hélas, avec un relent xénophobe et en parfaite contradiction avec le principe de l’intégration sous-régionale. Des faits malheureusement cautionnés par les pouvoirs publics maliens.

L’accès de ce lieu désormais majestueux est conditionné au paiement de la somme de 250 F CFA pour les visiteurs de nationalité malienne et, tenez-vous bien, de 1500 F CFA pour les étrangers, valables aussi bien pour les touristes européens, américains et autres, ainsi que pour les membres des différentes communautés africaines. Les usagers sont identifiés à partir de leur carte d’identité ou passeport.

En somme, selon que vous soyez Blanc, Ivoirien, Sénégalais Malien, Hutu, Bamiléké par exemple, vous payez plus ou moins. Ainsi, l’a décidé le Prince. L’administration du Parc s’est inspirée du Musée national qui fait aussi la part belle aux nationaux.

La situation est loin d’être normale. C’est la manière la plus sûre de rappeler que les étrangers ne sont pas chez eux au Mali, une insulte officielle au fameux « jatigiya » (hospitalité en langue bambara) dont on se prévaut aujourd’hui dans ce pays. Aussi, pour un pays qui se dit pionnier de l’intégration, prêt à renoncer à tout ou partie de sa souveraineté nationale au profit de l’unité africaine, il ne s’agit, ni plus ni moins que d’une violation manifeste des droits des étrangers, voire des minorités.

L’un des combats de nos compatriotes vivant à l’étranger est la quête de l’égalité des droits et des chances. Peut-on imaginer en France, en l’occurrence, un espace ouvert au public mais à des conditions relatives à la nationalité et à l’origine des visiteurs ? Si oui, l’affaire des Roms et son corollaire de vive protestation de l’Union européenne viennent rappeler qu’il s’agit d’une flagrante violation des droits d’une communauté et des principes de l’Union.

Le cas malien est exacerbé par le fait que le pays a inscrit l’intégration sous-régionale, voire africaine dans sa Loi fondamentale et dans son hymne national. Alors ?

B. S. Diarra

03 Novembre 2010.