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« Il n’y a pas eu de fuite, nous avons seulement changé les sujets ». Cette phrase, qui reste un défi à l’analyse logique, est l’alibi tout trouvé par la ministre de l’Education pour se justifier. Elle se défend d’être la cause des mésaventures du baccalauréat de la session de juin 2014.

La tournure de la ministre a besoin d’être décortiquée par les grammairiens pour en connaître le sens. Pour ma part, j’ai perdu mon latin, étant incapable de comprendre le message parce que, à mon entendement, s’il n’y avait pas de fuite, il n’était pas nécessaire de changer les sujets avec tout le chamboulement que l’on a vu. Sauf si c’était pour s’acharner sans raison sur les candidats.

Ce qui est sûr, c’est qu’en 54 ans d’indépendance, c’est la première fois que le bachot se déroulait en ne tenant pas compte de certaines normes. Les épreuves débutaient avec la discipline de base des séries pour une durée de 4 h, cette année, certaines salles n’ont commencé à composer qu’à 13 h pour un démarrage prévu à 8 h. Où le sérieux ?

Je ne mets nullement en doute la moralité de la patronne de l’Education, mais j’aurais tendance à lui demander encore où est le sérieux quand des enfants, éprouvés par le stress de la longue attente du début de l’examen, étaient obligés d’enchaîner avec la deuxième épreuve… au bout de la nuit dans des salles obscures ?

Les pauvres ! Ils ont usé de tant d’artifices pour avoir ne serait-ce qu’un filet de lumière : lampes-tempêtes, éclairages des téléphones portables, rais de bougies… J’en passe et des meilleurs. Par endroits, on pouvait se croire au temps de la découverte du feu au Mali.

Si je devais faire abstraction de ma galanterie toute exquise à l’égard de la gent féminine, j’interrogerais aussi Mme la ministre sur la non-confidentialité de sujets. Autrement dit, ils n’étaient pas dans des enveloppes scellées conformément à la loi.

Mme la ministre saviez-vous que des Maliens soutenaient dernièrement que les directeurs de Centre d’aptitude pédagogique (D-Cap) que vous avez nommés en pleine année scolaire sont à la base de ce bac mélodramatique parce que incapables de résister à la mafia scolaire de but en blanc ?

Il semble qu’au ministère de l’Education aussi on n’ait pas compris qu’il fallait dépolitiser l’école si l’objectif recherché était le rehaussement du niveau des scolaires et universitaires maliens qui sont généralement à la traîne de leurs homologues de la sous-région. La proximité politique, au-delà de la vraie aptitude, est en train de creuser davantage le tombeau de l’école.

Pour n’avoir pas compris que même non-coupable, elle est responsable de la déroute du bac de la session de juin 2014 ; pour n’avoir pas honoré la jurisprudence de fraîche date du précédent ministre de la Défense et des Anciens combattants, Mme le ministre ne fait rien pour ne pas mériter un zéro pointé. Sincèrement, elle doit repasser son bac.

Bayer

16 Juin 2014