Grand commis de l’État du fait de sa connaissance des dossiers de l’administration, l’actuel ministre de la Justice incarnait l’espoir à sa nomination. Les justiciables rêvaient de voir avec lui le 3e pouvoir débarrassé de beaucoup de ses tares. Plus de deux ans après, il faut se rendre à l’évidence : le résultat ne comble pas l’attente.
On croyait que les juges peu scrupuleux allaient mettre un bémol à leur prédation. Manque de pot ! Le temps de l’illusion est désormais loin. Ils continuent de faire la pluie et le beau temps dans les cours et tribunaux. A ces niveaux, plus personne ne prend son pair, fut-il un juge suprême, au sérieux. Il n’y a que le commandant Argent pour motiver les décisions. La concurrence déloyale faite aux avocats saute aux yeux.
Quid de la mission d’éducation à la citoyenneté ? A la poubelle, car les corrupteurs, alors qu’ils devaient se retrouver derrière les barreaux, en imposent, voire intimident des porteurs de toge. Dans les milieux carcéraux, c’est la course à l’enrichissement par tous les moyens.
Voilà pourquoi les conflits sociaux, en particulier ceux qui sont liés au foncier n’en finissent plus. Les moins nantis sont spoliés, les propriétaires légitimes sont devenus des SDF, les paysans sont chassés de leurs terres… Les victimes n’ont que leurs yeux pour pleurer, des ressentiments. Parfois, en les voyant, l’on craint que ce ne soit la veillée d’armes avant la grande confrontation.
Les auxiliaires de justice font-ils correctement leur travail ? Cette question ne sera pas répondue parce que c’est une affaire entre particuliers, assénera-t-on. Et pourtant, ce ne sont pas les plaintes qui les visent qui manquent. Mais enfin, pourquoi sont-ils regroupés en ordres ? N’est-ce pas pour moraliser et, donc, sanctionner les fautifs ? Passe !
Il faut « banquer » pour avoir une décision d’exécution provisoire. Ceux qui n’ont pas les moyens de cette « générosité » factice vis-à-vis du personnel subalterne attendent belle lurette avant d’avoir leurs copies. Cela aussi est connu. Avez-vous également remarqué la décrépitude des locaux malgré un Programme décennal de développement de la justice (Prodej) ? Pouah !
Toujours est-il que la bourde commise par les organisateurs de l’Espace d’interpellation démocratique (EID) et qui a nécessité que le chef de l’État monte au créneau pour présenter des excuses à une ethnie accusée, est révélatrice d’un dysfonctionnement prononcé de l’appareil judiciaire.
Au total, la justice, au lieu d’être équitable, une administration au service de l’État de droit, reste encore une machine à broyer le citoyen humble. Et pour avoir omis de nettoyer cette écurie d’Augias à grande eau et par conséquent d’installer notre pays sur un volcan social, le ministre de la Justice justifie sa note zéro.
Bayer
19 Avril 2010.