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 » Chassez le naturel, il revient au galop ». La sentence, décidément sied au directeur général des douanes. On pouvait penser que sa traversée du désert à la suite d’affaires pas très catholiques allait lui ouvrir les yeux et donc qu’il allait se tenir droit dans ses bottes de soldat de l’économie.

Malheureusement, le retour de l’homme aux affaires risque de n’être que l’une des multiples expérimentations hasardeuses qui sont devenues monnaies courantes dans la République de « bè bi babolo » (pour que nul n’en ignore, nous fêtons ce lundi le 2e anniversaire de la célèbre boutade du 8 mars 2008 !)

Le colonel en chef réhabilité des gabelous est devenu le bienfaiteur de la camarilla locale. Bienfaiteur ? C’est plutôt du donnant-donnant, c’est-à-dire un système qui permet à chacun des protagonistes de se sucrer sur le dos du peuple malien (l’assurance de la prospérité pour les uns et le maintien en poste pour l’autre).

Tantôt, il applique la réglementation douanière comme il se doit au nom de l’impératif de renflouement des caisses de l’État tant qu’il s’agit des usagers de ses services qui n’ont pas accès aux salons feutrés de la République. Tantôt, il fait mine de ne pas voir les pratiques de la mafia qui l’enferre aujourd’hui et l’enterrera sûrement demain.

Alors que des opérateurs économiques qui n’ont pas les bras longs, déboursent au minimum plus d’un million de F CFA de bakchich pour un container 40 pieds, leurs concurrents « haut placés », semble-t-il, fixent eux-mêmes les droits qu’ils doivent payer à l’État, mais qui ne reflètent aucunement la réalité.

Ainsi, le DG des douanes, qui devait être une sorte de garant de la concurrence loyale manque son engagement à assainir l’économie nationale. Il a été nommé pour lutter aussi contre la contrebande, mais l’introduction frauduleuse de marchandises se porte mieux aujourd’hui plus qu’hier ; les marchés sont inondés de toutes sortes de produits au détriment de la santé publique.

Repu du sang des innocents, sucés jusqu’à la moelle des os, il instruit à ses agents de donner une partie de leur liquide vital au CNTS. Une bonté calculée ? Aux douanes, on essaye chaque fois tant que faire se peut de se donner bonne conscience quand le menu fretin est arrêté en possession d’armes ou de drogues et exhibé.

Mais quel sort réserve-t-on au juste aux marchandises prohibées ? C’est la loi du silence.
On voulait un Zorro, redresseur des torts, voilà le « z-héros ».

Bayer

08 Mars 2010.