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Nous sommes en passe de devenir le seul pays au monde où les «bandits» s’affichent, sans risque pour eux et pour les siens.

Ibrahim Ag Bahanga est de ceux-là. Sans que personne, surtout pas l’Etat, ne puisse simplement envisager de le mettre définitivement hors d’état de nuire. Un Bahanga libre de tous ses mouvements mais qui dénie à l’autre le droit de circuler en paix. Nous n’avons pas connaissance d’homme armé qui revendique publiquement la mort d’hommes, la pose mines antipersonnelles, la prise d’otages et qui se livre à des trafics en tout genre mais qui n’est ni poursuivi ni même inquiété. B

ahanga s’est imposé à nous comme le porte flambeau d’un combat vieux de plusieurs décennies au Mali. A des revendications de territoire qui lui appartiendrait, il a ajoute des différenciations de races et de couleurs. Toutes choses contraires à la Constitution malienne. Dans un pays comme le Mali où le brassage ethnique est loin d’être une vaine réalité, il y aurait encore donc un homme pour faire de nos différences le motif d’une guerre fratricide.

Il n’entend pas se satisfaire d’une reconnaissance mainte fois affirmée de la spécificité des régions nord du Mali. Ni même du fait qu’aujourd’hui il existe 703 communes dotées de la personnalité morale et de l’autonomie de s’administrer librement. Une disposition inscrite en bonne place dans la constitution malienne que Bahanga est libre de lire mais pas de comprendre autrement. Lui-même étant un élu local. Il ne se préoccupe guerre d’expliquer au commun des Maliens, en toute démocratie et sans violence, les raisons de son combat. Pourtant, Dieu seul sait que les Maliens ont enfin envie de savoir pourquoi il a décidé de prendre les armes. Il a beau avoir signé des accords et pris des engagements, décrété des cessez-le feu et autre moratoire, c’est le seul fait renoncer à la lutte armée qui pourra le réconcilier avec les Maliens qui, comme nous, ne le haïssent guerre. Bien au contraire !

L’Observateur du 05 mai 2008