La Libye a été citée dans un premier temps avant d’être écartée. Puis, il a été question de l’ancien ministre, Mohamed Ag Erlaf qui aurait rencontré les bandits armés, selon le site www.kidal.infos dont le principal animateur est l’ex-Coordinateur des Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad, Zéïdane Ag Sidalamine.
Enfin, une médiation algérienne a été évoquée qui a eu un début de confirmation avec la réunion qui a groupé, hier, autour du président de la République Amadou Toumani Touré, le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, le Général Kafougouna Koné et l’Ambassadeur de l’Algérie au Mali.
Toutefois, le gouvernement ne semble pas pressé de s’engager dans une quelconque négociation, surtout si elle est parraînée par une puissance étrangère, quelle qu’elle soit.
Pour éviter une internationalisation qui pourrait porter atteinte à la souverainété nationale.
La troisième rébellion au Mali, déclenchée le 23 mai par le trio Iyad Ag Ghali, Hassane Fagaga et Ibrahim Bahanga, n’a pas accueilli l’adhésion des populations du Nord. Les condamnations fusent de partout.
L’allié stratégique qu’est Kadhafi s’est dérobé alors que tous les observateurs s’accordent à dire que Hassane Fagaga, l’officier déserteur de la Garde nationale a été encouragé par la Libye.
En effet, à la faveur du Maouloud 2006 à Tombouctou, le Frère Guide, Mouhamar Kadhafi a envoyé un avion spécial à Kidal à bord duquel se trouvait Iyag Ag Ghali pour chercher le Colonel déserteur de l’Armée nationale. Le tête-à-tête entre les deux hommes s’est passé à l’insu des autorités du pays.
Depuis, la pression a été fortement mise sur Bamako par Fagaga, plus tard soutenu par certains chefs de fractions et tribus. D’où la revendication portée à la connaissance du Général Kafougouna Koné, le 20 avril dernier : « large autonomie de la région de Kidal« . Auparavant, la création du Consulat libyen à Kidal avait attisé les rivalités entre différentes fractions puisque les Libyens privilégiaient certaines au détriment des autres.
C’est ainsi que lors de la rencontre de la communauté Arabe à Gossi, le Vice-Consul de la Libye, Abdel Kader Chérif, a annoncé, le 7 mai dernier, que son pays mettra à la disposition du Mali 50 millions de dollars US, soit environ 25 milliards de FCFA.
Et deux semaines après, les hommes de Iyad Ag Ghali ont sorti les armes pour attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur leur révolte. Une manière certainement de se positionner pour capter ce pactole.
Les regards se sont vite tournés vers Kadhafi pour la simple et bonne raison que les péripéties de son voyage à Tombouctou ont suscité des inquiétudes avec la rencontre secrète qu’il a organisée avec les populations blanches du Mali, notamment celles de Kidal. Curieusement, Kadhafi lâche ses frères Touaregs et déclare qu’ils « font honte à leur race ».
Officiellement, les rebelles maliens n’ont reçu aucun soutien. Pourtant, ils sont bien armés et ont même atteint leur objectif premier, à savoir la reconnaissance de leur existence. Depuis, ils n’ont cessé de multiplier les appels à la médiation (deuxième objectif). Sans succès. Le gouvernement malien semble faire la sourde oreille pour des raisons, semble t-il, stratégiques.
La Libye avait été annoncée et subitement écartée. Le nom de l’ancien ministre, Mohamed Ag Erlaf a également été cité par le site W.W.W. Kidal. Info comme médiateur. Il a même rencontré, selon ce site, les rebelles et a recensé leurs doléances qu’il devrait remettre aux autorités de Bamako.
Actuellement, il semble que c’est l’Algérie qui est constamment citée comme possible médiateur. En tout cas, il nous est revenu que le président de la République, Amadou Toumani Touré, a rencontré dans la matinée d’hier, lundi 5 juin l’Ambassadeur du Mali en Algérie et le ministre en charge de l’Administration Territoriale, le Général Kafougouna Koné pour discuter d’une éventuelle médiation algérienne.
Cependant, nombreux sont les Maliens qui ne souhaitent pas une médiation étrangère, à l’instar de cette haute personnalité de l’ADEMA, député à l’Assemblée nationale qui a requis l’anonymat. Selon lui, le Mali a d’énormes potentialités et une expertise dans le domaine pour ramener la paix à Kidal.
« La revendication des rebelles portent sur un statut particulier. Mais tout est particulier à Kidal. Cette région ne répond pas aux critères démographiques et économiques pour être érigée en région. Les circonscriptions électorales de la région n’ont pas le nombre requis pour avoir des députés, mais cela a été réglé de façon particulière« , nous a expliqué cet honorable député.
Ce qui est sûr, c’est que les rebelles cherchent désespérément un médiateur. Et l’Etat ne semble point pressé.
Chahana TAKIOU
06 juin 2006.