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La veille de l’attaque des deux camps militaires de Kidal et celui de Ménaka, le 23 mai dernier, un consultant du FIDA, le sénégalais Oussoubi Touré, séjournait à Kidal pour préparer un dossier dans le cadre du projet de développement intégré de la région de Kidal, estimé à 12 milliards de nos francs.
Les événements ont contraint M. Touré à retourner à Bamako, le 25 mai, par l’avion militaire, en laissant derrière lui son véhicule.

La Coopération Luxembourgeoise a également arrêté provisoirement ses activités à Kidal. Ses projets d’hydraulique, de santé et de capital social totalisent 4 milliards de nos francs. Tous les responsables de cette Coopération sont rentrés à Bamako. Cependant, Djibril Koné assure la permanence. Selon lui, le Luxembourg n’abandonne pas un pays ami en difficulté et attend que la paix et la sécurité reviennent pour reprendre ses activités. Il semble que l’enveloppe globale des projets en cours d’exécution ou de préparation en faveur de Kidal s’élèvent à 37 milliards de FCFA.

C’est dire que le développement amorcé de la région connaîtra un ralenti à cause du comportement des insurgés qui fait de Kidal une zone à haut risque. Or, il est connu de tout le monde que dans les régions de conflit, aucun investissement n’est possible, aucun progrès ne peut être enregistré a fortiori un développement durable.

Tout observateur qui a connu Kidal, il y a dix ans, sait bien que la ville du patriarche N’Tala vient de loin. On y rencontre actuellement rarement des maisons en banco. La grande majorité des concessions sont en béton ou en pierre taillée. L’érection de la capitale de l’Adrar des Ifoghas en région a permis la construction de beaucoup de bâtiments administratifs modernes : le trésor, le contrôle financier, la B.M.S, la police, la gendarmerie, le gouvernorat, la Sotelma, l’EDM…

L’urbanisation est bien en marche, l’électrification est bien assurée, l’adduction d’eau soulage les paisibles populations. Trois centres de santé de référence sont sortis des terres à Kidal, Tin-Essako et Abeibara.

Les difficiles conditions de vie des populations locales sont en train de s’améliorer lentement mais sûrement. Et voilà que l’officier déserteur de la Garde nationale, Hassane Fagaga et ses hommes viennent compromettre cet élan de développement à défaut de le briser pour de bon.

Conséquence : les habitants ont fui Kidal pour se réfugier dans la brousse où la vie est encore plus dure, les activités des projets de développement sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Kidal, à l’instar de Tombouctou et Gao est décrété « zone d’opération militaire » par le président de la République, Amadou Toumani Touré depuis le 7 juin.

Les BRDM continuent d’y être acheminés et l’Armée malienne se prépare à attaquer les assaillants. C’est dire que l’on est loin du dialogue tant réclamé par les rebelles et apparemment accepté par le pouvoir.

Ce qui fait de Kidal une zone davantage dangereuse qui pourrait se vider de ses quelques centaines d’habitants qui y sont encore.

Chahana TAKIOU

16 juin 2006.