Partager


Ibrahim Ag Bahanga, le chef rebelle de l’ATNMC

Alors que l’Etat malien et les porteurs de la médiation dans la crise du nord Mali affichent une confiance dans le processus de paix, le chef rebelle de l’ATNMC, qui s’était retiré en Libye, affirme son désaccord. Du fait que les autorités maliennes n’aient pas répondu favorablement à son invite à venir renégocier en Libye, Ibrahim Ag Bahanga, qui détient en otage quatre officiers, menace de reprendre le maquis.

jpg_Sans_titre-1-26.jpg
Au ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, ainsi que du côté du Médiateur algérien, on ne se fait l’écho d’aucune menace venant du chef de l’Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement (ATNMC), Ibrahim Ag Bahanga.

S’étant rallié à l’Alliance du 23 mai pour le Changement (ADC), pendant un court moment, sous la médiation algérienne, qui a voulu que tous les groupes rebelles reconnaissent l’Accord d’Alger comme document de référence, Bahanga avait fait volte-face pour se retrouver en Libye, où il était resté.

Dans son édition n° 1410 du 27 novembre 2008, le bihebdomadaire « Aurore » écrivait : « … l’armée malienne se trouve sur le qui-vive et se tient prête à répliquer à une éventuelle attaque depuis les grottes de Tegharghar où Ag Bahanga vient à nouveau d’élire domicile. »

Avant ce confrère malien, la presse internationale, notamment l’AFP avait écrit dans son édition du 15 novembre : « Ibrahim Ag Bahanga s’était installé il y a quelques mois en Libye avec sa famille mais il aurait regagné jeudi le nord du Mali dans ce qu’il appelle sa “base militaire”. Il détient toujours comme otages quatre officiers de l’armée malienne. »

Depuis le retrait du chef rebelle malien en Libye, où il a été bien accueilli par le Guide de la Grande Jamahiriya, il y a deux mois, il n’a pas caché son intention d’adjoindre une deuxième aile de négociation à celle initiée par le Médiateur algérien. Les autorités libyennes ont accordé une attention particulière à cette proposition du rebelle malien, et ont accepté qu’on leur prête le mérite de la libération des otages militaires qu’il détenait.

Depuis la Libye, Bahanga avait invité les autorités maliennes à venir négocier, sous la médiation libyenne, le sort de quatre officiers de l’armée qu’il garde jusqu’à ce jour. Cette prise de position du chef de l’ATNMC est, à ne pas en douter, appuyée par la diplomatie libyenne. Celle-ci voulant se faire une place de choix dans le dossier du nord Mali, au moment où la médiation algérienne faisait parler d’elle.

« Si dans les jours qui viennent les autorités maliennes ne répondent pas à notre invitation de dialogue, elles assumeront ce rejet de dialogue qui pourrait avoir des répercussions graves sur le terrain ». Le rebelle a refusé toute représentativité à l’ADC dont il se démarque. « Nous informons que les personnes résidant à Bamako entre autres le député, ancien porte parole de l’Alliance Démocratique ne peuvent nullement parler ou négocier en notre nom », déclarait-il. Il ne s’agit ni plus ni moins que du porte parole Hamada Ag Bibi. Dans ce même communiqué, il précisait qu’il se trouve en Libye « sur initiative des autorités libyennes pour relancer, pour aider à une sortie de crise entre nous et les autorités maliennes ».

Bahanga précisait également, la forte présence de son mouvement sur « l’ensemble des régions du Nord Mali ». Il avait menacé « de saisir et de prendre à témoin une fois de plus la communauté internationale et les partenaires du Mali de cette politique des dupes qui consiste à remettre au lendemain tout espoir de réconciliation et de développement ». L’allusion à l’usage des armes pour plonger à nouveau le nord du pays dans une situation de conflit fratricide ne souffre d’aucune ambig??ité.

Si le retour de Bahanga à Tegharghar se confirme, il faut craindre qu’il ne veuille mettre sa menace en exécution en rompant le cessez-le-feu par une reprise des hostilités au nord Mali. Certaines sources font état du refus de l’ATNMC de désarmer, conditionnant cette opération au retrait de l’armée de Kidal. Dans la région, on peut parler d’un regain de crispation quand on sait que l’éventualité d’attaques rebelles n’est pas à exclure. En conséquence, certaines sources militaires excluent l’éventualité d’un retrait de l’armée au moment où l’aile dure de la rébellion profère des menaces.

On se rappelle le dernier communiqué de l’ATNM en date du 18 novembre qui déclarait la « rupture des concertations entre l’Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement et les autorités maliennes ».

C’était suite à une rencontre à Kidal, le samedi 15 novembre, entre représentants de plusieurs groupes de rebelles touareg du Mali, réunis dans l’Alliance pour la démocratie et le changement (ADC) et une délégation gouvernementale comprenant deux ministres (les généraux Kafougouna Koné et Sadio Gassama) pour relancer le processus de paix.

La réunion a vu la participation de l’ADC des membres du comité de suivi de l’accord d’Alger comprenant des rebelles touareg, des représentants du gouvernement malien et de la médiation algérienne.

A cette occasion, les représentants de l’ADC ont souhaité la “création de mesures d’apaisement” avant le cantonnement et le désarmement des rebelles touareg, qui sont plusieurs centaines de combattants, actuellement retranchés dans des collines de la région.

En produisant un démenti de leur participation à cette rencontre de Kidal, l’ATNMC a précisé qu’il s’agissait d’une rencontre entre « les autorités locales de Kidal et les émissaires venus de Bamako. Aucun responsable politique ni militaire de l’ATNMC n’a participé à cette rencontre ni de près ni de loin », précisait la rébellion. « Depuis plusieurs mois, les autorités centrales maliennes rejettent toute tentative de dialogue constructif avec les responsables de l’Alliance Touareg, rejet qui n’est que synonyme d’une invitation à l’usage de la force », précise le communiqué de l’ATNMC.

Boukary. Daou

Le Républicain du 28 Novembre 2008