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La libération des 22 otages a délié la langue du président ATT. Lors de l’accueil des otages à Gao, il a tenu à expliquer le déroulement des attaques, les médiations entreprises et surtout la persévérance des autorités qui a conduit la bande à Bahanga – qu’on ne saurait désormais assimiler à un simple renégat – à accepter de libérer les otages. ATT revient sur certaines conditions posées par le pouvoir mais d’énormes zones d’ombre subsistent concernant les conditions exigées par les ravisseurs.

Le président ATT qui s’était rendu lundi dernier à Gao pour y accueillir les otages a finalement donné sa version des faits. “Je pense et persiste, a-t-il dit, que les résultats que nous avons obtenus aujourd’hui sont certes la conjugaison des efforts des pays frères et amis, des Maliens eux-mêmes et de la persévérance de ses dirigeants. Nous avions préparé toutes les options : des options militaires systématiques mais j’avoue en tant que soldat que j’étais convaincu que ce n’était pas la solution. Nous avons pris la solution la plus difficile, c’était de patienter, persévérer, de nouer le dialogue par personnes interposées, de mettre ensemble tous les facteurs qui pouvaient nous aider pour que les garçons retournent à la maison, ce qui, aujourd’hui, est une chose réalisée”.

Le Chef de l’Etat a tenu à rappeler que c’est depuis le mois d’août que des attaques répétées se sont d’abord produites dans le Tamesna où des militaires et des civils ont été enlevés, ensuite à Tinzaouatène. Face à ces attaques, il a précisé qu’il fallait assurer la sécurité sur toute l’étendue du pays, lancer des appels à la retenue et renforcer les moyens militaires. Ce qui, selon lui, a été fait. Concernant les médiations, ATT a indiqué : “grâce à de bonnes volontés, notamment les notables de Kidal, nous avons fini par accepter une trêve.

Pendant cette trêve, nous avons souligné deux préoccupations essentielles qui, pour nous, étaient des conditions incontournables. La première était de libérer l’ensemble des otages, une trentaine d’ailleurs et des civils qui étaient détenus parmi eux. La seconde condition était de retourner à l’Accord d’Alger qui était la somme et pouvait donner réponse aux différentes questions qu’ils nous ont posées. Ce qui fut accepté, donc, pour nous, il y’avait aucune raison de ne pas engager des concertations. C’est ainsi que des facilitateurs ont commencé les démarches. Les premiers ont été les notables de Kidal”.

Le Chef de l’Etat a, aussi, signalé l’intervention de personnes ressources et des anonymes qu’il a félicités ainsi que l’ensemble des Maliens qui se sont impliqués dans la crise. Il a estimé que c’est grâce à ces efforts, que, dans un premier temps, 7 à 8 otages ont été libérés.

Par la suite, a dit ATT, il a demandé au président algérien Abdel Aziz Boutéflika d’intervenir dans le cadre d’une solution pacifique. Car selon lui, était la meilleure. Il a ajouté que les efforts du président algérien ont été déterminants car 10 otages ont été libérés et rendus à l’armée. Le président ATT a soutenu : “il restait 22, j’ai rencontré le guide de la Jamahiriya libyenne, Mouammar Kadhafi à qui j’ai demandé son implication.

A partir du moment où la trêve était respectée, je pense que chaque partie avait besoin d’une facilitation. Il m’a dit : je vais m’impliquer personnellement. Je considère ce pays, le vôtre, comme ma seconde patrie et je ferai tout pour qu’on trouve une solution heureuse. Après 4 mois d’efforts, nous sommes parvenus à obtenir la libération totale des 22 otages. 7 ont rejoint Gao, accompagnés encore une fois par les notables de Kidal et de son gouverneur. Les 15 otages ont été ramenés de Libye par un avion libyen avec le concours du fils du guide de la révolution libyenne, Saïd El Islam qui est le président de la fondation Kadhafi.

Cette fondation qui axe ses efforts sur l’humanitaire s’est impliquée aussi pour que nos militaires puissent être libérés et puissent rejoindre leurs foyers”.

ATT a tenu à rassurer les populations sur le point délicat de la rançon : le gouvernement de la République du Mali, a-t-il martelé, n’a rien payé. L’on ne saurait dire, par cette déclaration, qu’un autre gouvernement ou une autre entité n’ait rien donné.

C’est certain que le dernier round des négociations s’est déroulé en terre libyenne puisque les 15 derniers otages libérés ont été ramenés de Libye par un avion libyen. Notamment avec le concours du fils du grand guide de la révolution libyenne. Toutes choses qui indiquent que les conditions qui ont poussé la bande à Bahanga à libérer les 22 otages restent encore obscures.

Baba Dembélé

12 Mars 2008.