Partager

A Kidal, la France protège le mouvement national de libération de l’Azawad (mnla). C’est en tout cas la vision répandue au sein de l’opinion publique malienne depuis des mois et relayée la semaine dernière sur des médias français par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. En réaction à cette déclaration, le chef de l’Etat français, François Hollande, a enfoncé le clou en admettant que le groupe rebelle touareg a été un «auxiliaire» des forces françaises pour la reconquête du nord du Mali. Le bénéfice sera donc une récompense politique !

«Lorsque nous avons fait l’opération au Nord Mali, et notamment à Kidal, le mnla (…) a été un auxiliaire pour la reconquête». C’est en ces termes que le président français s’est prononcé sur les rapports de son gouvernement avec le groupe rebelle qui réclame l’indépendance du nord du Mali. A Kidal, il ne fait point de doute : le mnla bénéficie d’une protection française. A quelle fin ? Officiellement, l’objectif est de combattre le terrorisme. Le nord du Mali étant un immense désert considéré comme peu connu, le mnla est choisi comme guide pour sa «connaissance du terrain».

Est-ce un critère objectif pour un pays ami ? Les combattants du mnla – qui de plus sont pour la plupart venus de la Libye – seraient-ils les seuls maliens à connaitre le nord de notre pays, y compris militairement ? Autant d’interrogations qui nourrissent les récriminations à l’égard de la politique française au Mali. Or, la bande armée n’est qu’un groupe de versatiles qui veulent profiter de toutes les situations. Elle est allée jusqu’à se déclarer indépendant le 6 avril 2012 à la faveur d’une alliance avec les jihadistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) et d’Ançar Eddine d’Iyad Ag Ghaly, autres groupes armés liés à Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Ladite alliance avait permis de défaire quelques jours plutôt l’armée malienne dans le septentrion.

Projet de partition ?

Tous ces groupes, y compris le mnla, sont connus pour des activités mafieuses liées au trafic illicite des armes et de la drogue et des prises d’otages. Ces entreprises criminelles ont commis tout au long de l’année 2012 de graves crimes contre l’humanité : viols, saccages de biens publics et privés, exécutions sommaires de soldats désarmés à Aguel Hok. Aujourd’hui, le besoin affiché des français de connaitre le nord du Mali s’opère avec eux. C’est à ce titre qu’on veut nous faire accepter l’existence politique du mouvement à travers des négociations.

Le groupe a été mis en scelle à la faveur de la libération des régions de Gao et de Tombouctou afin d’occuper des positions à Kidal. On doute fortement que cette option s’inscrivait dans la dynamique des intérêts du Mali. Ses revendications indépendantistes sont nuancées par des propositions de «fédéralisme» ou «d’autonomie» émanant de nombreux chercheurs occidentaux. Quand bien même que les résolutions des nations unies prônent l’intégrité du territoire malien.

Reste l’énigme des accords politiques en perspective. Le chef de l’Etat malien dit subir des pressions afin de «négocier» avec le groupe armé qui empêche l’exercice de la souveraineté de l’Etat sur Kidal. François Hollande qui a donné samedi une interview sur France24, TV5 monde et Radio France internationale persiste que ces négociations doivent «se faire sans armes». Face à ce bouclier diplomatique, la classe politique malienne reste muette. Ce qui donne un blanc-seing à la perspective d’un projet de partition de notre pays, même si la volonté populaire le désapprouve.

Seydou Coulibaly

© AFRIBONE

Le 11 Décembre 2013