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Boubacar Diallo, enseignant déplacés de Gao : «Il vaut mieux négocier avec le MUJAO qu’avec le MNLA»

Je ne comprends pas l’attitude des autorités de la transition. Tout le monde est unanime que c’est le MNLA qui est à la base de nos problèmes. Pourquoi donc négocier avec eux, surtout que militairement, il n’existe presque plus. A mon avis, il vaut mieux négocier avec le MUJAO qu’avec le MNLA. Ces gens ont tué, violé et commis des exactions pour occuper ces régions. Doit-on laisser tout ces crimes impunis au nom de la négociation. Sincèrement, je pense qu’il faut les combattre militairement pour qu’ils dégagent ces zones occupées. Si les autorités de la transition ont peur de a guerre, elles le disent. Sinon, je ne vois pas l’opportunité de ces négociations de Ouagadougou.

Tougouna Traoré, Journaliste à Nouvel Horizon : «Toutes les options sont bonnes pour trouver une solution pérenne à cette crise»

Tout d’abord, je m’incline devant la mémoire des victimes de cette guerre qui nous a été imposée. C’est vrai que les Maliens veulent laver l’affront subi, mais je crois que toutes les options sont bonnes pour trouver une solution pérenne à cette crise. Je crois que les négociations en cours dans la capitale burkinabé sont une très bonne chose. Il faut négocier, faire taire les armes redéployer l’armée et l’administration dans les régions Nord du pays afin de mettre fin aux souffrances des populations de ces zones vivant sous occupation. Il est temps que les pays africains s’assument pour pouvoir gérer, à leur niveau, leurs problèmes. Cela vaut mieux que de laisser les autres gérer nos problèmes. Pour preuve, la crise malienne a fait le tour du monde sans qu’on puisse la trouver une solution concrète.

Moussa Touré, étudiant : «Je suis contre les négociations maintenant»

Je remercie la Rédaction de 22 Septembre pour m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur ce sujet. Je pense que dans cette crise le Mali devait engager d’abord les hostilités, se sentir en position de force pour ensuite entamer d’éventuelle négociations. Le Premier ministre, en son temps, a dit que notre pays ne négociera pas le couteau à la gorge. Hé bien ! C’est le cas maintenant. Je crois qu’il ne fallait pas engager de négociations pendant les 2/3 du territoire sont occupés. Je suis contre les négociations maintenant. Malheureusement, on a l’impression que nos autorités ont peur de se lancer dans cette guerre nécessaire pour l’honneur et la dignité de notre pays. Ces bandits vont, à mon avis revenir une fois le butin de la négociation terminer.

Abdoul Coulibaly, chauffeur : «Si Dioncounda et Cheick Modibo ne peuvent pas faire la guerre qu’ils se mettent à l’écart»

Si je suis bien les choses, je crois que le MNLA n’est présent dans aucune des grandes villes du Nord. Alors pourquoi négocier avec eux ? Pour moi c’est inadmissible. C’est le MNLA qui a amené dans ses bagages les autres groupes qui ont fini par le trahir et le chasser des régions du Nord. Donc, si négociations il y avait, ça doit être avec les groupes qui sont en position de force et non avec les traitres du MNLA. C’est une erreur qu’on ne doit jamais commettre. Si Dioncounda et Cheick Modibo ne peuvent pas faire la guerre qu’ils se mettent à l’écart. Le Mali est plein d’hommes valables.

Kouyaté Souleymane, gérant de cyber : «C’est une manœuvre pour retarder l’intervention militaire»

Ce que je comprends dans cette rencontre entre le gouvernement et les bandits armés, c’est que c’est une exigence de la communauté internationale. La négociation étant un préalable, il fallait nécessairement que le gouvernement rencontre les bandits armés. Pour ce qui me concerne, la négociation prime sur l’usage de la force. D’ailleurs, si le Mali boudait la rencontre de Ouaga, la communauté allait tout de suite penser que le Mali n’était pas prêt à résoudre sa crise. Et pourtant, de mon humble avis, le dialogue n’aboutira à aucune solution. Présentement, on a déjà dépassé le stade de la négociation. Après avoir commis des crimes et autres atrocités, les bandits armés pensent à une supposée négociation. C’est tout simplement une manœuvre pour retarder l’usage de la force. La déclaration de Banki Moon, qui réconforte la manœuvre des bandits armés, est une grande déception pour le peuple malien tout entier. Où est l’Otan qui s’est précipité en Libye pour protéger les populations ? Pourquoi pas au Mali, où il y a eu des crimes à Adiel Hoc et des exactions de tout genre? Un pays où l’on coupe les mains et les pieds des citoyens en toute impunité ? On ne pouvait pas imaginer que la communauté internationale, qui a détruit la Libye, hésiterait, un seul instant, à intervenir au Mali.

Lansana Camara, transitaire : «Il faut que le gouvernement parle d’une même voix»

Je suis contrarié par cette rencontre. Cela fait combien de temps que cette situation perdure ? C’est au moment où l’UA se lève que les bandits armés demandent la négociation. Pour moi, trop c’est trop. On a marre de ces bandits armés. Il faut que notre armée se lève pour les bouter hors du Mali. Il faut que le gouvernement parle de la même voix avec les populations et que tout les Maliens soutiennent notre armée.

Diabaté Moussa, Commerçant : «Je suis pour le dialogue, mais…»

Je suis pour le dialogue, mais si çà ne va pas, les armes vont parler. Je suis d’accord avec le ministre des Affaires Etrangères, Tiéman Coulibaly. L’intégrité du territoire national et la laïcité du Mali ne son pas à discuter. Je ne suis pas, non plus, pour la médiation de Blaise Campaoré, il n’est pas clair.

Youssouf Diabaté, Enseignant : «Je ne vois pas pourquoi le gouvernement doit rencontrer le MNLA»

Si c’est pour dialoguer avec MNLA, je désapprouve, car le MNLA n’existe plus sur le territoire malien, il ne détient rien, ils ont été chassés du Mali par le Mujao. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement doit aller rencontrer le MNLA qui n’existe plus que de nom au Mali. Quand à Ançar Dine on peut bien négocier tout, sauf la laïcité de notre pays.

Mohamed Traoré,Technicien des travaux publics : «Ce sont les bandits armés qui se plaignent»

A mon avis, si la négociation est une issue de sortie de crise, je suis d’accord que le gouvernement prenne langue avec les bandits armés. Car la guerre est toujours imprévisible. On sait quand ça commence mais on ne sait pas quand ça finit. Et personne ne peut évaluer d’avance le coût en pertes humaines et matérielles. Ce sont les bandits armés qui se plaignent. Maintenant qu’ils ont déjà accepté que le Mali est un et indivisible, on peut maintenant les écouter.

Dr Traoré, Médecin à Douentza : «La voie de la négociation est la plus sure»

Depuis le début, d’après ce que j’ai constaté sur le terrain, la voie des négociations est la plus sure. En quittant Sevaré pour aller un peu plus au nord, on ne sait pas qui est avec les jihadistes. Vu la densité ethnique des forces d’occupation, une guerre ne pourra jamais régler cette crise. Après le départ du MNLA, toutes les tribus ont acheté des armes. Aussi, y a-t-il un risque grave de règlements de compte.

Propos recueillis par Pierre Fo’o MEDJO et Yaya Samaké

22 Septembre du 6 Décembre 2012