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Qu’en pense un Métropolitain fraîchement débarqué à Bamako ?

Au temps des colonies, un Métropolitain débarqué depuis peu à Bamako, après un séjour marocain, a exprimé son étonnement d’avoir trouvé que le travail des ouvriers africains était inférieur à celui des ouvriers européens. 0n lui avait bien dit que le Noir était paresseux mais il ne l’avait pas cru, mais il l’avait lui-même constaté.

Et croyez-moi, depuis cette idée est désormais bien ancrée en lui ainsi qu’en bien d’autres européens, d’africains voire même de maliens.

Est-ce un problème de rendement ou de traitement ?

Dans ces conditions, pourquoi les entreprises locales ne faisaient pas venir de la Métropole des ouvriers qualifiés, qui, payés plus cher auraient un rendement 5 ou 10 fois supérieur à celui des Africains.

Elles en tireraient encore un avantage très certain. Peut-on faire valoir comme le faisait un vieux contremaître, que l’intérêt de l’ouvrier est de faire durer le travail pour éviter le chômage qui pourrait naître de travaux expédiés trop rapidement?

Alors l’Africain est il réellement paresseux ?

Non nous devons de lutter contre cette assertion, cela par notre comportement. Vous souvenez vous de cette expression imagée qui faisait dire à beaucoup « ils travaillaient comme des nègres. ». Oui : Regardez le cultivateur débroussailler son lopin de terre du matin jusqu’au soir, sans souci de la chaleur et de la fatigue ; Regardez I’Africain reconstruire sa case endommagée par l’hivernage, après avoir entretenue un terreau tout le long de l’année ; Regardez le pêcheur et ou le chasseur prendre le large, dès la tombée de la nuit vers des destinations très souvent hostiles et inconnues.
Vous serez édifiés et convaincus, que le noir est capable de fournir une somme de travail considérable.

Et pour un qui travaille, combien se reposent ?

Il n’en est malheureusement pas toujours de même, lorsque son activité s’étend sur les chantiers d’entreprises. De nombreux exemples peuvent être trouvés à Bamako même. Aujourd’hui, effectivement, sur un chantier, on peut compter les ouvriers qui travaillent et ceux qui ne font rien.

Sans un souci d’exagérer on peut affirmer que trop souvent pour un qui travaille, quatre regardent. Sans vouloir généraliser, reconnaissons que ces exemples se renouvellent un peu trop.

Comment comprendre donc ?

Pourquoi cette différence de rendement selon que l’ouvrier africain travaille chez lui, dans le public ou dans une entreprise?

Ne serait-il pas nécessaire pour guérir le mal d’en rechercher les causes? Peut-on faire valoir, comme ce maçon interrogé, que l’ouvrier africain travaillant pour un autre le fait avec plus d’énergie et d’application et que le résultat est par la suite meilleur ? Et la conscience professionnelle ?

Un conseil confraternel

Suivre ces piètres raisonnements n’aurait qu’un résultat: donner du poids à l’idée trop répandue que le rendement de l’ouvrier africain est infime. Ouvriers africains, luttons contre cette assertion. Défendons-nous par le travail !

Evitons et arrêtons que, tout comme à Abidjan, à Dakar et à Bamako, ouvriers chinois ou autres européens ne viennent nous concurrencer et prendre nos marchés dans un domaine où ils ne le devraient pas. Car, nous sommes capables de rendre les services, que l’on est en droit d’attendre de nous.

Réflexion ?

Au Mali, pouvons et devons nous affirmer cette propension à l’inefficacité ?
De Grâce, Africains revalorisons notre travail, son prix ne manquera pas de l’être, lui aussi. Alors, à vos marques !!!

07/02/2005


Cheich Abd El Kader, architecte
abdelkader@afribone.net.ml
abdelkader@Koulikoro.net